Partira, partira pas. La question brûle aujourd’hui toutes les lèvres. Le sommet du groupe de contacts de la Cédéao, réuni début juillet à Ouagadougou, autour de la crise malienne a donné à l’actuel Premier ministre jusqu’au 31 juillet pour former « un gouvernement d’union nationale ». Et dans quelques jours, précisément le mardi prochain, ce délai arrive à expiration.
Si Cheick Modibo n’est pas opposé à l’idée, il n’est pas sur la même longueur d’onde que le regroupement anti-putsch du 22 mars dernier, qui veut mordicus un départ en bloque de toute l’équipe. Car, justifie le FDR, « le gouvernement a montré son incompétence, et son processus de mise en place viole l’article 6, alinéa B de l’accord-cadre du 6 avril dernier » signé entre l’ex junte militaire et le médiateur de la Cédéao.
Cheick Modibo défend son bilan
Faux rétorque le gouvernement Cheick Modibo Diarra, qui sera aujourd’hui sur le plateau de débat à la Primature devant la chaine de télévision publique, ORTM, pour défendre son bilan. Son porte-parole, Hamadoun Touré, a déjà donné le ton sur les antennes de certaines radios expliquant que ses détracteurs assument l’entière responsabilité du jugement qu’ils portent sur l’action du gouvernement.
Le ministre Touré ne manque pas d’arguments pour défendre donc le bilan des 100 jours du Premier ministre, marqués selon lui, par « la bonne tenue des examens de fin d’année, l’exonération du riz pour assoupir la souffrance des populations, le paiement des intrants et redevance aux producteurs agricoles, la mobilisation des partenaires du Mali dans la recherche de solutions au Nord, l’envoi de convois humanitaire pour nos compatriotes des villes du Nord, etc. »
Mais ce n’est pas suffisant pour le FDR qui déplore qu’aucune action n’est entreprise pour la reconquête du Nord, et que la sécurité des institutions de la transition reste fragile. En témoigne, dit-il, l’agression du président Dioncounda Traoré dans son bureau à Koulouba le 21 mai dernier par un groupe de manifestants.
En clair, pour le front favorable au régime déchu, il faut une intervention étrangère pour « sauver le Mali ». Ce que refuse le regroupement pro putsch, la Coordination des organisations patriotiques (Copam) qui boycotter la rencontre le dernier sommet de Ouagadougou. Aussi, l’organisation refuse toute idée de changement de gouvernement.
Un gouvernement dans la tension
Aujourd’hui, front anti-putsch et gouvernement se livrent à une attaque qui ne profite pas au nord tombé sous occupation des groupes armés depuis quatre mois.
C’est donc dans ce contexte d’extrême tension que Cheick Modibo Diarra est appelé, par la Cédéao, à former un nouveau gouvernement. Pour le Premier ministre, dont l’équipe continue les nominations, il s’agit d’élargir le gouvernement. De ce fait, il faut s’attendre à plus de 24 ministères. Curieux et inopportun, selon certains observateurs qui arguent que pour un gouvernement de transition 24 département révèlent déjà du folklore.
« Un pays en guerre, doit réduire ses dépenses afin de pouvoir supporter l’effort de guerre. Or, si on doit augmenter encore le nombre de portefeuilles ministériels, le train de vie de l’Etat sera davantage couteux pour le contribuable », analyse ce professeur d’enseignement supérieur. Qui recommande la réduction du nombre de ministères en accordant la priorité aux deux défis du moment : la reconquête du territoire et l’organisation d’élections.
Le président de la transition, qui est fortement attendu dans les prochains jours à Bamako, aura sans doute du pain sur planche. Partagé entre son appartement à l’ancienne mouvance présidentielle et son rôle actuel d’harmoniser les positions par le dialogue et l’apaisement, Dioncounda Traoré aura un arbitrage difficile. Pourtant, expliquent les analystes, c’est lui qui a les cartes en pain.
Bref, les prochaines heures seront décisives pour le Mali. Et la formation d’un nouveau gouvernement sera-t-elle à l’origine d’une nouvelle tension politico-sécuritaire ?
Issa Fakaba Sissoko
L’Indicateur du Renouvea
27 Juillet 2012