NOUVEAU DRAME DE L’IMMIGRATION : L’Etat français accusé « de non-assistance » à un Malien suicidé

Un jeune Malien est décédé vendredi sans doute après s’être jeté du 8e étage du foyer qui l’hébergeait à Châlons-en-Champagne (Marne), a appris l’AFP lundi de source judiciaire, le drame pouvant être lié à sa situation irrégulière.
Le Réseau Education sans frontières (RESF) a associé la mort du jeune homme à sa peur d’être expulsé de France et a accusé »l’Etat et le Conseil départemental coupables de non-assistance à jeunesse en danger ».
« Le décès est dû à des contusions internes multiples suite à une défenestration et l’hypothèse privilégiée est celle du suicide », a déclaré à l’AFP Eric Virbel, procureur de la République de Châlons-en-Champagne.
Denko S., un Malien de 16 ans, a été retrouvé « inconscient » vendredi soir par un résident au pied du foyer d’hébergement où il résidait depuis le 22 novembre dernier, selon le parquet.
Il occupait l’une des 73 chambres pour mineurs isolés mises à disposition par cette structure gérée par une association.
« Il n’est pas passé par la +Jungle+ de Calais mais a traversé l’Italie avant de se présenter spontanément au commissariat de Reims le 3 novembre dernier », a ajouté M. Virbel.
Le jeune homme n’était pas encore connu des services préfectoraux, car il n’en était qu’aux prémices de ses démarches administratives, a indiqué la préfecture de la Marne.
Le parquet de Châlons-en-Champagne a précisé que le Conseil départemental, ayant « un doute sur sa minorité », procédait à des vérifications mais que l’adolescent n’était concerné par « aucune procédure administrative ou pénale ».
Pourtant, l’antenne châlonnaise du RESF a associé la mort du jeune homme à sa peur d’être expulsé de France.
« Il s’est jeté du 8e parce que (…) il n’aurait pas supporté l’idée humiliante qu’on vienne l’arrêter et le mettre en prison », selon un communiqué de RESF, qui estime que « l’Etat et le Conseil départemental sont coupables de non-assistance à jeunesse en danger ».
« Ces jeunes sont mal accueillis (…) Ils sont maintenus dans une situation de torture psychologique qui dure parfois des mois, en attendant de connaître leur sort », a aussi dénoncé Marie-Pierre Barrière, membre de RESF à Châlons-en-Champagne.
De son côté, le parquet a souligné qu’ »aucun élément n’a montré que des policiers seraient intervenus auprès de ce jeune » au moment du drame ou en amont.
Une marche silencieuse, à l’initiative de RESF, aura lieu aujourd’hui à 15 h à Châlons-en-Champagne.
M. D. avec AFP