Sans doute, le rapport ne sera pas rendu public en tant que tel, mais de sources proches du dossier, l’enquête confirme la main salafiste derrière les événements du 24 janvier où une centaine de militaires de l’armée nationale ont été exécutés au cours d’affrontements que le Mnla revendiquera, dans la foulée, comme un haut fait militaire. Il est vrai qu’au moment où l’attaque d’Aguel Hoc était revendiquée, aucune information n’avait circulé encore sur les atrocités qui reçurent un concert de condamnations, y compris des Occidentaux, notamment de la France. Ce n’est qu’après l’émotion créée par les monstruosités que le Mnla niera en bloc rejetant la responsabilité du carnage sur l’aviation malienne. Les photos publiées depuis sur Facebook mettaient déjà Zakak en difficulté car il faut qu’une précision chirurgicale pour loger, d’un avion, une balle dans une centaine de têtes.
Gamou, un enjeu
Le rapport des enquêteurs resserrera davantage l’étau autour du mouvement jihadiste qui, personne n’en doute plus, a prêté main, forte à Iyad Ag Ali à qui sont attribuées les attaques du 18 janvier où curieusement, les « boucliers humains » ont été traités de manière civilisée par les salafistes qui les gardaient et les affrontements du 24 janvier sanctionnés par une horreur absolue. Depuis hier donc, Bamako détient sa bombe contre le Mnla dont le principal fonds de commerce réside dans le marketing anti-aqmi. Nul doute que les tribunes internationales et les organisations des droits de l’homme seront édifiées. Entretemps, les nouvelles du front continuent à alimenter les causeries. Alors que Tessalit encerclé par le Mnla depuis des semaines était donné pour tombé entre les mains de l’armée malienne, les résidents de Gao étaient surpris de voir Gamou, lundi dans la capitale des Askia ainsi qu’Ould Meydou qui était parti lui prêter main forte le weekend.
Un revers cuisant de l’armée ? Une prémisse de cessez-le feu confortée par le consensus franco-algérien sur cette sale guerre du Sahel ? Des sources autoritaires simplifient : « Gamou était parti pour ravitailler Tessalit. Cet objectif est atteint et il s’es replié avec ses hommes ». Pourquoi donc Ould Meydou dut partir à sa rescousse ? Pour les mêmes sources, « c’était pour protéger le repli qui est en soi un combat parce qu’on peut être attaqué par l’ennemi ». Quoiqu’il en soit, la tête de Gamou aurait fait plaisir à pas de mal de monde. Dès que sa présence à Tessalit fut connue, les grosses pointures de la rébellion s’y étaient, semble t-il, donné rendez-vous : Najim, Iyad, Bamoussa et même Assalat qu’on disait pourtant mort.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 22/02/2012