La Coalition pour le Mali avait envoyé une mission de bons offices au Nord de notre pays, sous occupation des moudjahidines d’Ançar Eddine, Mujao, Aqmi. La mission qui a sillonné les régions de Tombouctou, Kidal, Gao et le cercle de Douentza, est revenue avec l’espoir que tout est possible avec les armes du dialogue.
Aussi, les responsables de la Coalition ont invité le gouvernement à profiter de la brèche ouverte pour entamer des négociations avec les occupants dont ils disent qu’ils sont dans les meilleures dispositions de dialogue. Il faut surtout remercier les membres de cette Coalition pour le sens du patriotisme qui les a amenés à montrer le chemin au gouvernement.
Sauf que les interrogations sur ce qui peut être négocié avec les occupants sont loin d’être dissipées. Ces groupes armés d’obédience musulmane ont été très clairs sur leurs intentions. Les moudjahidines, comme ils se font appeler, ont eu le temps de renforcer leur emprise sur le territoire occupé et disent ne rien entendre que l’application pure et dure de la charia (la loi islamique).
Pour eux, la charia n’est pas négociable et que s’ils n’ont pas pour ambition de mettre en cause la souveraineté territoriale du Mali, ils entendent appliquer cette loi islamique dans l’ensemble du pays. Cette position, ils l’ont enseignée au médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, le président Burkinabè, Blaise Compaoré. Aux émissaires de la Coalition ce fut aussi le même refrain.
Dans ces conditions, on est bien curieux de savoir ce qui peut être négociable avec Ançar Edine, Mujao et Aqmi, à moins qu’il y ait deux charias comme le prêchent certains : la charia de Dieu et celle des bandes jihadistes. Selon certains idéologues, la charia appliquée au Nord-Mali est loin d’être celle du Tout Puissant et Miséricordieux. Vrai ou faux ? Difficile de donner pour l’instant une réponse.
Dans tous les cas, nos habitudes républicaines risquent de connaître un petit bouleversement si le Mali doit aller négocier une paix en position de faiblesse. La laïcité républicaine de l’Etat pourrait prendre un joli coup, n’en déplaise aux néo-islamophobes. Déjà le Premier ministre Cheick Modibo Diarra l’avait insinué dans une de ses interventions en expliquant que rien n’empêche le Mali de devenir une République islamique.
Devons-nous comprendre que le décor a été planté depuis ce jour ? En tout cas, le nouvel attelage gouvernemental de Cheick Modibo Diarra s’y prête déjà avec la création d’un ministère chargé des Affaires religieuses et du Culte. Un clin d’œil aux jihadistes que l’ancien Premier ministre, Soumana Sako a rudement critiqué sur les ondes d’une radio étrangère.
Abdoulaye Diakité
L’Indicateur du Renouveau
31 Août 2012