Le point suivant précise : « prendre les contacts nécessaires en vue de
l’instauration d’un cessez-le-feu » et le point 13 dit ceci: « prendre attache avec les
gouvernements susceptibles d’apporter leur concours à l’ouverture d’un dialogue
avec les groupes rebelles ».Comme vous le voyez, la classe politique a été bien
inspirée, de penser aux pays voisins, car ne nous trompons pas, le Mali à lui seul ne
pourra pas gérer cette crise ni de façon diplomatique ni de façon militaire, sans le
soutien bien veillant du Niger, du Burkina Faso, de la Mauritanie et de l’Algérie.
Le pays d’Abdoul Aziz Boutéflika a la réputation de soutenir bon an, mal an, les
rebellions Touareg au nord Mali. C’est en bien en Algérie que les forces militaires du
MNLA s’approvisionnent en vivres et en carburant. Souvent même, l’Algérie sert de
base arrière pour ces bandits armés.
La Mauritanie, dirigée de mains de fer par le président Mohamed Ould Abdel Aziz,
est incontournable dans la résolution de cette crise puisqu’elle accueille à la fois des
milliers de réfugiés et certains responsables du MNLA. La Mauritanie suit de près
l’évolution de la situation sécuritaire au nord Mali pour la simple et bonne raison
qu’elle est menacée par les terroristes d’AQMI, qui combattent auprès des rebelles
maliens. Ce qui explique les nombreuses sorties par presse interposée du président
mauritanien, lequel ne comprend pas l’attitude du Mali à laisser ces barbus d’une
autre époque, vivre impunément sur le territoire malien. Bamako a longtemps, il
faut le reconnaître, joué au laxisme vis-à-vis des tueurs et des preneurs d’otages
d’AQMI. Une situation qui irrite et révolte Nouakchott, qui est dans la sous région,
l’une des grandes victimes d’AQMI. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, face
à l’immobilisme du Mali, s’est même permis de poursuivre jusque sur le territoire
malien, dans la région de Tombouctou, les terroristes d’AQMI.
Le Niger accueille également un nombre important de réfugiés. Le pays de
Mahamadou Issoufou partage une frontière poreuse avec le Mali, qui sert souvent de
porte d’entrée de matériels militaires. Le Niger a même eu à intervenir en détruisant
d’importants armements de guerre des revenants de la Libye, en tuant au passage
plusieurs personnes. Niamey est aussi inquiète parce qu’une rébellion au nord Mali
a toujours des conséquences directes et indirectes sur ce voisin. C’est pourquoi, le
ministre des Affaires Etrangères du Niger est venu à Koulouba pour manifester son
soutien aux autorités de Bamako et son inquiétude vis—à-vis de son pays, lequel
est habitué à des rebellions touarègues une année, après que les hostilités se soient
déclarées au Mali. Le Niger est donc sur ses gardes.
Quant au Burkina Faso, le pays des hommes intègres, il subit toutes les luttes
armées au nord Mali avec son cortège de réfugiés dans la zone du Liptako Gourma.
Le pays de Blaise Compaoré accueille à la fois, des cadres et militaires touaregs
ainsi que plusieurs familles qui ont fui d’éventuelles représailles de l’armée malienne.
Sans bien sûr oublier les 40 000 réfugiés selon la Croix Rouge, qui vivent dans des
conditions infrahumaines, au Burkina Faso. C’est la même chose partout ailleurs.
Koulouba doit donc écouter et mettre en œuvre les propositions de la classe politique
ou du moins les plus pertinentes pour une issue favorable à cette crise. Le temps
n’est plus aux accusations inutiles, aux piques contre des pays voisins. Aujourd’hui,
Bamako a besoin de tous ses voisins. Elle doit donc faire table rase du passé pour
se consacrer à l’essentiel. Il s’agit, encore une fois de plus, d’impliquer davantage
l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso pour trouver les voies et moyens
idoines permettant de discuter avec les rebelles (ce qui n’exclut pas les opérations
militaires en cours) et d’envisager le retour prochain de nos compatriotes vivant dans
ces pays voisins. En clair, il s’agit de trouver une solution définitive à cette crise qui
n’a que trop duré.
Chahana Takiou
22 Septembre 20/02/2012