Depuis lors, les Maliens se posaient des questions sur l’objet des échanges. Ils ont désormais la réponse. Les rebelles touaregs étaient allés chercher des armes contre leur pays, le Mali.
Il faut le dire, cette visite à Moscou du mouvement rebelle le plus criminel de l’histoire du Mali, dans sa forme, s’est passée dans l’ignorance totale de l’orthodoxie diplomatique en la matière par la partie russe.
En effet, contrairement au Maroc qui, auparavant avait reçu le même mouvement (lequel décidément court dans tous les sens), mais avec l’accord de Bamako bien sûr, la Russie a feint d’ignorer les bonnes pratiques diplomatiques en recevant une rébellion armée qui combat son pays, sans même daigner jeter un clin d’œil aux autorités maliennes. Les autorités maliennes n’ont été informées qu’après l’entretien. Ce qui ne paraît pas juste dans les relations entre les Etats surtout quand on sait ce qui unit Maliens et Russes.
Voilà pour la forme. Maintenant sur le fond, c’est-à-dire l’objet des échanges entre Russes et les rebelles touaregs, il y a lieu pour les Maliens de ne plus faire confiance aux apatrides du MNLA et peut-être de se préparer pour la guerre. Car, contrairement à ce qu’on pouvait croire (les voies et moyens pour un accord de paix avec Bamako), les rebelles touaregs étaient allés demander des armes et des instructeurs russes en échange d’un accès privilégié au sous-sol de la région, une fois l’autonomie ou l’indépendance obtenue.
Ces grosses révélations ne sont pas de n’importe quel Malien, elles sont du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, lequel a accordé le 3 mai dernier une interview à nos confrères de Jeune Afrique.
A la question de Jeune Afrique : « Vous avez récemment dénoncé ce que vous appelez la duplicité des chefs touaregs du MNLA. Pourriez-vous dans ces conditions parler avec ce mouvement ? », IBK a été clair : « Cette duplicité est réelle. Au moment où nous parlions réconciliation et décentralisation, voilà que Bilal Ag Achérif, le secrétaire général du MNLA, se rend à Moscou à la mi-mars pour y demander des armes et des instructeurs russes, en échanges d’un accès privilégié au sous-sol de la région une fois l’autonomie ou l’indépendance obtenue ».
Jeune Afrique d’insister : « En êtes-vous sûr ? ». IBK de persister : « Certain. Ces gens ont été reçus par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. J’ai eu le compte rendu des entretiens par la partie russe, qui a eu la courtoisie de m’en informer ».
Ça voudrait dire que pendant que nos autorités et la communauté internationale sont là en train de parler de négociation, dialogue, pourparlers inclusifs, tutti quanti… les rebelles eux, cherchent à s’armer et tiennent toujours à une hypothétique autonomie ou indépendance, ignorant superbement les différentes résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui garantissent l’intégrité territoriale du Mali.
Le Mali aussi est-il en train de s’armer pour être prêt le moment venu ? C’est tout le bien qu’on souhaite pour les autorités et le marché d’équipements militaires accordé à Gu-Star devrait aller dans ce sens.
Abdoulaye Diakité
(L’indicateur Renouveau 14/05/14)