L’appel se préoccupe surtout du prosélytisme dont les Salafistes font de plus en plus montre. «Aujourd’hui avec le recrutement de plusieurs milliers de Maliens toutes ethnies confondues, nous ne comprenons pas la politique des yeux fermés de l’Etat malien qui prend le risque de voir l’Histoire de l’Algérie du FIS et du GIA s’écrire en lettres de sang sur notre territoire », redoutent les pétitionnaires.
Prosélytisme
Invitant incessamment le président Touré à réagir à cette nouvelle situation, l’appel demande « la création d’une zone de «containement» des mouvements de Aqmi à 300 km au delà de toute zone d’habitation afin que les populations puissent vivre sans crainte de gens qui commencent à dicter à ces dernières les lois de nouvelles pratiques religieuses contraires à nos pratiques et à nos rites malékites ». Ce n’est pas tout.
La pétition anonyme propose que l’Etat crée « des commandements militaires mixtes sur le modèle qui a permis de stopper la dernière rébellion avec les moyens et les hommes précieusement sélectionnés pour mettre en place cette stratégie ». L’appel estime que le manque de moyens généralement excipé est un prétexte. Il recommande vivement « une tournée générale de tous les gouverneurs des 3 régions accompagnés des préfets, chefs des services techniques, maires et chefs religieux sur toute l’étendue du territoire afin de discuter avec les populations pour les rassurer et prendre note de leurs préoccupations et de leurs conditions de vie ». Enfin un avertissement : « si l’Etat malien ne fait rien, nous nous déchargeons de toute responsabilité et nous nous verrons dans l’obligation d’adhérer massivement à Aqmi et de profiter » de ses largesses.
Salafisme et guerre de gang
Un article Afp du 20 mai dernier depuis Tombouctou rapporte la visibilité de plus en plus grande d’Aqmi en ces termes « signalée récemment par des témoins dans le nord-ouest du Mali et dans une zone de ce pays près de la Mauritanie, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) semble s’ancrer au Sahara, même si certains prédisent son affaiblissement après la mort d’Oussama Ben Laden ».
L’article poursuit : « ces derniers jours, des hommes se présentant comme membres d’Aqmi ont débarqué, un jour de marché, à Tichist, localité située à 100 km au nord de Tombouctou (nord du Mali) ». Même scène le 17 mai au marché de Zouéra, autre localité désertique de la région de Tombouctou, où ils sont venus dans une vingtaine de véhicules contenant des armes lourdes ». Pour le reporter de l’Afp, les Salafistes se trouveraient également « vers la forêt du Wagadou (ouest du Mali) proche de Nara.
La semaine dernière, six véhicules d’islamistes seraient venus grossir les rangs des éléments d’Aqmi déjà sur place, selon des sources de services de sécurité régionaux, qui évoquent l’existence d’un dépôt clandestin de carburant alimenté à partir de la Mauritanie ». Ce qui a inspiré à un animateur du Forum Nord-Mali toujours sur Kidal Infos ce commentaire cinglant : « pendant que le chef de la diplomatie malienne parcourt le monde et multiplie des annonces médiatiques, les barbus adoptent une nouvelle stratégie comme pour dire «on n’en a rien à faire!».
Pour exemple, ces dernières semaines les recrutements de populations à visage découvert dans la zone de Nampala-Dogoferi (cercle de Niono) n’ont évoqué aucune réaction des autorités maliennes ».
Quelques jours plus tard, une dépêche Afp informait d’un clash entre deux groupes de narcotrafiquants, toujours au Nord du Mali. C’est la troisième guerre de gangs relatée par les médias depuis l’enlèvement en 2009 du maire d’Anefis. Mais de sources concordantes, c’est souvent que les gangs en arrivent à découdre par les armes à feu.
Adam Thiam
Le Républicain 30/05/2011