Cette interdiction de la ville de Kidal aux autorités maliennes montre que les dissensions entre le gouvernement et les groupes armés implantés dans la ville sont encore d’actualité. Pourtant, les responsables de ces groupes armés ont récemment multiplié les déclarations allant dans le sens du renforcement du processus de paix.
Sur le terrain, les affrontements intercommunautaires ayant récemment pris fin pourraient pâtir de cette situation qui éloigne le retour de l’administration et des services sociaux. Les écoles sont les premières victimes de l’absence de l’Etat dans la région de Kidal où des manifestants s’étaient opposés à l’arrivée d’un ministre annoncé pour diriger la cérémonie d’ouverture des classes au titre de la rentrée 2015-2016.
Si l’interdiction de Kidal aux membres du gouvernement perdurait, les écoles de la région resteraient fermées pour la cinquième année consécutive. Les enseignants de la localité, généralement issus d’autres parties du pays, refusent de regagner leurs postes à cause de l’insécurité que renforce l’absence de l’Etat.
Dans la foulée de l’annonce de la réouverture des classes dans la région de Kidal, le syndicat des enseignants avait évoqué ces problèmes sécuritaires lors d’une conférence de presse la semaine dernière.
Le maintien d’un climat hostile à la présence des ministres maliens dans la capitale des Ifoghas, accentue le retard du fief des ex-rebelles en matière de santé. A l’instar d’autres régions du nord, Kidal est exposé à la menace d’une épidémie de paludisme qui a fait déjà de nombreuses victimes parmi la population locale. Cette dernière n’a malheureusement pas accès aux centres de santé fermés en raison de l’insécurité.
L’OMS a attiré l’attention sur la possibilité d’expansion de la maladie de la vallée du rift qui est déjà présente en Mauritanie voisine. Ces menaces sanitaires rendent nécessaire l’accélération du redéploiement des forces de défense et de sécurité qui accompagnent en principe les services sociaux de base.
Les symboles de l’Etat malien sont loin d’être présents dans la région de Kidal où le drapeau national est toujours introuvable. Des cibles stratégiques comme la radio et la télévision nationale sont occupées par les ex-rebelles qui sont aussi présents dans les locaux du gouvernorat. Le gouverneur, retranché à Gao, n’a plus aucun pouvoir sur la localité.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain-Mali 25/10/2015