A Gao, précisément, même les grandes ONG comme SEAD ou TASSAGH n’arrivent pas à tourner normalement et les projets qui sont déjà financés connaissent un problème récurrent de décaissement, nous a confirmé un responsable de la maison des ONG de Gao que nous avons rencontré à Bamako.
Certains responsables d’ONG du nord n’ont pas hésité à faire un lien entre la crise libyenne et cette situation de blocage sur le plan financier. L’on se souvient qu’au début de cette crise, des manifestations ça et là de certains acteurs de la société civile malienne ont déclenché dans la capitale pour soutenir le Guide libyen, même si de plus en plus de voix ont été réduites au silence à cause de leur impuissance face aux occidentaux, qui ont tout de suite approuvé et reconnu les insurgés comme interlocuteurs légaux de la Lybie mais aussi leur ont prêté mains fortes en bombardant régulièrement les positions de l’armée loyale au colonel Kadhafi. Les occidentaux, réunis au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), ont laissé entendre qu’ils continueront leurs raids jusqu’à la chute du régime du colonel Kadhafi. Ceux qui ont fait ce lien de cause à effet pensent que c’est le prix à payer pour le soutien de la société civile malienne au guide libyen.
La Lybie à certainement fait des investissements conséquents au Mali tels que la construction de la cité ministérielle, les investissements dans le domaine de l’hôtellerie, les aménagements agricoles de l’office du Niger, le secteur du pétrole avec Oilybia etc.… Mais il ne faut pas que l’arbre cache la forêt : la France demeure toujours le premier partenaire au développement du Mali. Parmi les responsables du Nord, il s’en trouve qui pensent que même si le reste du Mali soutient le colonel Kadhafi, les nordistes eux ne doivent pas le faire car c’est celui là-même qui a été longtemps entretenu différents conflits armés que le nord du MALI a connu de 1989 à nos jours. En tout cas, aujourd’hui, l’histoire semble être en marche et un vent a soufflé sur le monde arabe qui n’a pas laissé la Lybie en marge. Aujourd’hui, le colonel Kadhafi semble être de plus en plus isolé.
Il reçoit tous les jours des raids aériens de l’OTAN mais il doit aussi faire face à ces propres concitoyens érigés en rébellion Le colonel Kadhafi a aujourd’hui peu de marge de manœuvres et semble perdre de plus en plus sa légitimité. De surcroit, il vient de passer sous le coup d’un mandat d’arrêt international avec deux des ténors de son régime, en l’occurrence son fils Seif el Islam et le chef des renseignements libyens. Pendant ce temps, la vie suit son bonhomme de chemin au Nord du Mali et espérerons que ce lien, qui a été fait entre Kadhafi et la situation des ONG au Nord du Mali, ne soit pas un lien très fort.
M.Maiga
Aurore 30/06/2011