Au meilleur des cas, ces refugiés ont pris la direction du Mali au gré du hasard, n’ayant pour seul but que de s’éloigner de l’instabilité chronique. Même là, on comprend mal que ces refugiés n’aient pu se limiter à l’Algérie voisine ou tout autre pays qui sépare le Mali des côtes méditerranéennes beaucoup plus paisibles.
Ce qu’il faut craindre, c’est que la crise des refugiés syriens ne soit le cheval de Troie des organisations terroristes qui ont du mal à accepter leur capitulation au nord du Mali à la suite de l’intervention française en 2013. Le risque d’être en face d’une telle stratégie est tellement plausible que les refugiés seraient accueillis par des groupes armés signataires de l’accord d’Alger de mai et juin dernier.
Interviewés par la chaîne de télévision Al Jazira, ceux qui ont accueilli les refugiés ont expliqué leur geste par un devoir de solidarité. C’est en tout cas un élan de cœur bien étrange, car des milliers de refugiés maliens en dehors du territoire national attendent encore que le nord retrouve la paix pour revenir chez eux.
On se demande pendant combien de temps certains groupes armés du nord pourront se jouer de lacommunauté internationale et des autorités maliennes. Les plus radicaux ont ainsi profité de la situation de Kidal pour trouver refuge, mais aussi pour revenir sur la scène politique en adhérant au processus de paix. Tout en ayant un pied dans le dialogue, ils n’ont pas rompu avec leur leader Iyad Ag Ali, qui vient de revendiquer le dernier attentat contre la mission onusienne à Kidal.
Les refugiés syriens pourraient être la couverture pouvant induire les autorités maliennes et la communauté internationale en erreur. En effet, plus de 24 000 refugiés syriens ont été accueillis en Algérie depuis l’éclatement de la guerre, mais cela ne doit pas justifier la présence des refugiés sans le consentement des dirigeants maliens.
Les autorités maliennes et les services de secours étant loin des localités reculées du nord du Mali, le recensement de ces refugiés syriens semble ne pas être une priorité. L’organisation Etat Islamique qui est déjà présente en Lybie pourrait mettre à profit la situation pour renforcer les groupes terroristes locaux qui leur sont affiliés.
Soumaila T. Diarra