Bien au contraire, les rebelles du MNLA continuent leur entreprise de déstabilisation, compromettant la cohésion et l’unité nationales pour ensuite, ces derniers jours, porter le démenti, à travers notamment Rfi, sur les conclusions du rapport d’enquêtes remis au Président Amadou Toumani Touré après l’attaque d’Aguel’hoc et ayant constaté l’assassinat d’une centaine de militaires maliens, criant à un montage grossier, usant du faux.
C’est dans un tel contexte, de prise de position, à tout le moins ambigüe, qu’ATT recevra Juppé. Car pour une part importante de l’opinion malienne, la France en accordant une oreille attentive et même une assistance sur son sol aux chefs dea la rébellion, semble avoir choisi son camp. Et n’y changera pas grand-chose l’affirmation de son attachement à la paix, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali. Le chef de la diplomatie française devra en prélude à toute action dissiper les malentendus et donner des gages de la sincérité de son pays à accompagner le Mali dans cette passe difficile. Un tel préalable est d’autant plus nécessaire qu’il permettra d’harmoniser, d’une part la lecture française de la crise d’avec celle des autorités maliennes, et, d’autre part, d’avec celle de son homologue de la Coopération Henri de Raincourt sur la question.
Les Maliens veulent bien croire aux bons offices français et, clairement définie, souhaitent même son intermédiation, dans les limites du respect de la souveraineté du Mali. Même s’ils ne sont pas dupes du jeu des influences et des positionnements géo- stratégiques exacerbés par la fragilisation en cours. Ils ne sont pas non plus ignorants des pressions qui, pour les mêmes raisons, ne manqueront pas de s’exercer, au nom de ses intérêts, à amener le Mali à signer l’accord bilatéral de réadmission, auquel, jusqu’ici, il s’est refusé, au nom des intérêts de sa diaspora dans l’hexagone.
Le nord a été transformé en un enjeu et la décision française de le classer dangereux avant l’heure a sans doute joué dans l’escalade d’aujourd’hui aggravée par les effets pervers du démantèlement du régime libyen dont les conséquences étaient prévisibles sur les pays sahéliens. Mais tout n’est pas sa faute, loin s’en faut. Il aurait été tout simplement souhaitable un accompagnement autre qui aurait atténué l’onde de choc.
Parce qu’ aujourd‘hui Aqmi a eu le temps d’essaimer, que le Sahara foisonne d’armes en tous genres, que le narco- trafic est devenu de jour en jour plus audacieux sans oublier cette pestilence odeur de pétrole, que l’implication sincère de la France à nos cotés ne doit souffrir d’aucune malice, d’aucun calcul, d’aucune condition. C’est cette France qui a contracté, avec nous plus qu’avec d’autres, une Dette de sang, qui doit nous assister. C’est sans doute ce que Juppé est venu assurer à Att. C’est sans doute ce qu’ATT exigera de lui et de son pays.
C’est dans ces conditions que se comprendra que la patrie des Droits de l’Homme veuille s’engager auprès de l’Union africaine, qui à travers son président Thomas Yayi Boni, avait annoncé « une grande conférence des Etats riverains du Sahel pour trouver une solution à la rébellion au Mali, et consolider l‘Etat malien dans son intégrité ».
La tournée africaine entamée par Alain Juppé, samedi 25 février l’a conduit au Bénin, au Burkina Faso et au Mali. Avec au programme des rencontres avec les Présidents béninois Thomas Boni Yayi, nouveau président en exercice de l’Union africaine, le Burkinabé Blaise Compaoré, et le malien Amadou Toumani Touré. Tous engagés dans la même dynamique de pays et auxquels Alain Juppé pourrait apporter un soutien de taille en ces temps ou d’autres fronts sont ouverts.
La France doit favoriser cette médiation algérienne, pour un cessez le feu, que tout le monde souhaite étant entendu que la guerre n’a jamais mis fin à la guerre!
B. Daou
S. El Moctar Kounta
Le Républicain Mali 27/02/2012