C’est dire que les autorités maliennes ont fait preuve de légèreté voire d’irresponsabilité. Et avec tout cela, ça parle de souveraineté ! L’homme qui disait, à peine arrivé à la tête du pays, que son « honneur n’est pas à jeter aux chiens, » a désormais sa réputation de « Kankélétigui », bien ternie. Il a humilié son peuple à la face du monde en lui faisant perdre son précieux droit légitime de vote à l’ONU.
La République du Mali a perdu son droit de vote à l’Organisation des Nations unies (ONU) pour n’avoir pas payé ses cotisations de pays membre de l’institution mondiale depuis au moins deux ans maintenant, soit en gros un montant de 200 millions de F CFA.
L’information a créé l’étonnement, la colère, l’indignation voire le scandale chez plus d’un Malien et même au-delà du Mali. Les autorités maliennes ont tenté de justifier cet état de fait en prétextant une négligence de leur part. En plus de constituer un « coup de massue sur l’honneur et la dignité nationale », ce non-paiement des cotisations du Mali à l’ONU n’en reflète pas moins l’état de la gouvernance actuelle du pays, selon l’opposition. Certes, les autorités reconnaissent leur tort et disent être en phase de normaliser la situation, mais la révélation de cette incongruité aux yeux du monde, est une mauvaise publicité dont Bamako aurait pu se passer.
Car, le Mali est l’un des pays qui bénéficient le plus de l’aide des partenaires depuis le début de la crise dans son septentrion. Quelque temps après son arrivée au pouvoir, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) n’a pas hésité à acquérir à coût de milliards de F CFA, un nouvel aéronef digne du Mali des empereurs. Perdre le droit de vote à l’ONU au motif que le Mali ne s’est pas acquitté de ses cotisations, peut être ressenti comme une vive douleur, une honte pour… la fierté nationale, pour cette terre qui a enfoui dans ses entrailles de grands rois conquérants.
Comment le Mali a-t-il pu être incapable de verser ses cotisations ? On tombe des nues ! Si l’acte était volontaire, on crierait davantage au scandale car ce serait faire montre d’ingratitude, étant donné que c’est grâce aux soutiens des partenaires étrangers, aux forces onusiennes présentes aux côtés des forces maliennes, que l’irrédentisme touareg a tourné court et que le nord du pays a été débarrassé des djihadistes qui ont failli même marcher sur Bamako. L’opposition malienne n’a sans doute pas tort quand elle fait le lien avec l’état de la gouvernance dans ce pays. L’on n’oubliera pas en effet de sitôt cette affaire de tenues militaires et cet autre scandale de 1000 charrues qui a mis à nu la grande corruption au centre de la gouvernance d’IBK.
Les autorités maliennes ont fait preuve de légèreté
Des pays comme la Sierra Léone et la Somalie, très défavorisés par leur passé douloureux, ont pu verser leurs cotisations à l’ONU. On ne peut pas dire que Bamako soit moins nantie que Freetown ou Mogadiscio. Allez-y comprendre !
Quant au Burundi et à la Libye, on peut leur trouver des circonstances atténuantes. En effet, la Libye post-Kadhafi est un non-Etat qui vit dans un chaos que même les
Occidentaux n’arrivent pas à stabiliser. Un tel pays grabataire a l’excuse de se montrer incapable d’honorer ses engagements vis-à-vis de l’ONU. Le Burundi n’a pas payé ses cotisations à l’organisation, peut-être par défiance, étant donné que les autorités de ce pays sont dans le collimateur de la maison de verre à cause de la crise qui y fait chaque jour des morts. C’est dire que les autorités maliennes ont fait preuve de légèreté voire d’irresponsabilité.
Et avec tout cela, ça parle de souveraineté ! L’homme qui disait, à peine arrivé à la tête du pays, que son « honneur n’est pas à jeter aux chiens, » a désormais sa réputation de « Kankélétigui », bien ternie. Il a humilié son peuple à la face du monde en lui faisant perdre son précieux droit légitime de vote à l’ONU.
Lonsani SANOGO
Le Pays