«Le Sahel aujourd’hui: état des lieux». Un constat général s’est dégagé avec les discussions sur ce premier sous-thème. Il s’agit de l’absence de l’autorité de l’Etat, et de la mal gouvernance, avec leurs corollaires d’impunité, de corruption, de népotisme et de laisser-aller. Pour l’Honorable Nock Ag Athia, député élu à Diré, «ce n’est pas dans cette salle de l’Hôtel de l’Amitié que la question du Nord trouvera sa solution. Cette dernière est entre les mains des Nordistes. Ils sont à l’origine du problème et c’est bien eux qui pourront y mettre un terme. Ne nous trompons pas, nous, les Nordistes, sommes responsables de l’insécurité qui sévit actuellement dans le Septentrion malien. Nous connaissons tous les voleurs et les auteurs d’enlèvement de véhicules. Nous connaissons également les assassins, ceux qui ont tué les touristes. Alors, qu’est-ce qu’on attend pour les arrêter, les mettre hors d’état de nuire?».
Et cet autre député de Gao, Abdou Abdoulaye Sidibé, d’enfoncer le clou en ces termes: «il n’y a pas d’Etat, il y a une peur, une psychose et l’insécurité est bien réelle. Il existe une mauvaise gouvernance, appuyée par une corruption endémique. Lorsque l’on arrête des bandits, il suffit de donner de l’argent aux gendarmes ou aux juges pour qu’ils soient élargis. L’autre inquiétude, c’est le communautarisme, développé de plus en plus au Nord. Les gens travaillent et agissent par communauté. Cela ne me parait pas être une bonne chose. Car le communautarisme est pour moi un danger mortel… A cette insécurité physique s’ajoute l’insécurité alimentaire, que l’Etat doit rapidement résorber pour éviter la catastrophe».
Face à ces accusations contre l’Etat, Tiébilé Dramé a interpellé l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, présent dans la salle. Il dira qu’il y a eu beaucoup de fora, de décisions, mais que le problème demeure entier. «Ceux qui accusent l’Etat sont dans leur droit, car l’insécurité est là. Les populations ont la peur au ventre. Il y a également l’insécurité alimentaire. Malgré tout, l’Etat joue son rôle. C’est peut-être insuffisant, l’Etat a des faiblesses, il a commis des fautes, des erreurs. Maintenant, il faut les corriger. C’est bien d’accuser, mais il faut trouver la solution pour permettre à l’Etat de rebondir, de se ressaisir et de s’affirmer».
Pour sa part, le Colonel Mahamadou Abou de la Haute autorité à la consolidation de la paix (structure rattachée à la Présidence du Niger) a expliqué que, depuis 1960, le Niger a une tradition qui consiste à avoir un ministère chargé des Affaires Sahariennes et Nomades. «La situation des revenants de la Lybie et les rébellions ne doivent pas nous faire oublier les narcotrafiquants et AQMI. L’urgence consiste à lutter contre ces deux derniers, parce qu’avec les autres, on finira toujours par discuter et se comprendre… ».
Quant au Président de l’Union des Forces de Progrès de la Mauritanie, M. Bâh, il dira que, dans son pays, la gestion de la question sécuritaire est actuellement effectuée de façon solitaire par le Général – Président et qu’il est convaincu que le Printemps arabe passera par la Mauritanie et touchera nécessairement le Mali. Il a donc invité les Maliens à se préparer à affronter cette révolution en marche.
Enfin, l’ancien ministre de l’Administration Territoriale du Président Konaré, Ousmane Sy, estime qu’il y existe aujourd’hui ce qu’il appellera une «inadaptation de l’Etat… Le Mali doit accepter la diversité dans l’unité nationale, responsabiliser les collectivités, leur donner les moyens qu’il faut pour assurer la sécurité. Lorsque j’étais ministre de l’Administration territoriale, dès qu’on enlevait une voiture, je disais au ministre en charge de la Sécurité de me laisser gérer la situation. J’appelais un maire et, dans les deux voire trois jours, on retrouvait le véhicule. Nous sommes une nation et nous cherchons à créer un Etat. C’est pourquoi je pense que le communautarisme est une bonne chose. Souvenez-vous des différentes crises que nous avons eues. Ce sont les leaders communautaires qui nous ont aidés à trouver les solutions. Ils sont importants et il faut accepter cette diversité humaine, territoriale et culturelle du Mali… ».
Le PARENA a joué sa partition, en tant que parti politique, en ouvrant publiquement le débat sur la sécurité, qui, on le sait au Mali, est généralement du domaine réservé de Koulouba. Aux autres formations politiques et acteurs de la société civile de se faire entendre, afin que le Mali à l’unisson puisse parler d’une même voix de la stratégie ou de la solution idoine pour résoudre, temporairement ou définitivement, la crise actuelle au Nord Mali. A suivre.
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 12/12/2011