Il est des victoires qui ont plus de saveurs que d’autres. Et des parcours tortueux qui débouchent au bout du compte sur des voies royales. Nobel Boungou-Colo connaît bien le sujet et il ne boudait pas son plaisir, tard jeudi soir, en dégustant une goulée de champagne avant d’allumer un gros cigare dans le vestiaire du CSP Limoges, sacré champion de France de ProA après sa courte victoire sur Strasbourg 73-70 dans le troisième match des finales du championnat de France.
Comme souvent cette saison, et en particulier durant ces play-offs 2014, l’ailier de 2,02 m né à Brazzaville il y a 26 ans a pris une large part dans ce succès avec 13 pts, 6 rebonds et 4 passes décisives lors du match décisif, permettant ainsi au CSP de renouer avec sa gloire passée (10 titres nationaux à présent ajoutés à quatre trophées continentaux dont le mémorable succès au Final Four de 1993). Limoges, c’était un peu un pari quand même pour ce joueur ambitieux qui a rejoint en 2011 le club limougeaud alors en ProB, après des passage à Orléans, son club formateur, puis Hyères-Toulon de 2009 à 2011. Mais un pari réussi puisque le CSP retrouvait l’élite l’année suivante.
Progression fulgurante
En réalité, ce fils d’un diplomate congolais aura réussi une progression assez sensationnelle pour un quelqu’un qui se destinait d’abord au football et ne vînt au basket que sur le tard, l’année de ses 15 ans. Arrivé en France à 12 ans avec ses parents, il passe des tests à Blois, modeste équipe de 4e division avant d’être repéré par Orléans. L’apprentissage se fait dans la difficulté mais « NBC » a du caractère et s’accroche dans un club de premier rang. Vice-champion de France avec les Orléanais en 2009, il met le cap au Sud pour Hyères-Toulon où il va parfaire sa formation sous la férule l’Alain Weisz.
Après deux ans dans le Var, le voilà donc à Limoges où il va connaître une progression fulgurante, au point de classer individuellement troisième pour le titre de MVP de la saison 2013-2014, seulement coiffé par le meneur de Strasbourg Antoine Diot et l’arrière de Villeurbanne Edwin Jackson. Régulier durant les play-offs à 14,6 pts de moyenne, Nobel a signé l’une des plus grosses performances de ces dernières années sur un match, en signant un 11/14 aux tirs pour 36 pts en 33 mn contre Antibes, le 19 avril.
Un moment approché par l’équipe nationale du Congo pour disputer la CAN, l’ailier limougeaud – qui possède la double nationalité – a finalement opté pour la France. Cela n’a pas échappé à Pascal Donnadieu qui l’a sélectionné en équipe de France A’, laquelle sera réunie en stage à Vichy dès la semaine prochaine avant des matchs en Italie. Peut-être une étape pour un basketteur désormais complet qui pourrait viser encore plus haut : l’équipe de France A où il y a des places à prendre pour la Coupe du monde qui se jouera en Espagne à partir du 30 août.
RFI 2014-06-07