On sait peu de choses à propos des hommes qui ont kidnappé deux Occidentaux à Birnin Kebbi dans le nord-ouest du Nigeria, le 12 mai dernier. Les ravisseurs ont diffusé une vidéo des deux otages, un Britannique et un Italien travaillant pour une société italo-nigérianne, B Stabilini. Les images, reçues par l’Agence France Presse (AFP), montrent les deux hommes agenouillés les yeux bandés, entourés de trois hommes masqués et armés.
Les otages demandent à leurs gouvernements respectifs de répondre aux revendications des ravisseurs, selon l’AFP, sans que l’on sache exactement quelles sont ces revendications. Les ravisseurs sont présentés comme des membres d’al-Qaïda, sans que l’on sache si cette revendication est destinée à attirer l’attention d’Aqmi, la branche maghrebine d’al-Qaïda, ou si des liens ont déjà été noués entre les deux groupes.
L’organisation islamique Aqmi qui a revendiqué plusieurs enlèvements d’étrangers dans le Sahel, ne s’est encore jamais illustrée au Nigeria. On ignore d’ailleurs le nom du groupe qui a kidnappé les deux ingénieurs européens. On ne sait pas davantage si ces ravisseurs ont un lien avec la secte extrémiste Boko Haram, implantée dans le nord du Nigeria et qui ne pratique pas à ce jour le rapt d’étrangers.
Aqmi au Nigeria?
En revanche, on sait que le paysage dans le nord du Nigeria est en pleine évolution. L’an dernier les dirigeants de Boko Haram ont noué des contacts avec Abdelmalek Drougdal, le chef d’Aqmi.
Boko Haram aurait même signé son allégeance à Aqmi, selon certains spécialistes occidentaux comme Matthieu Guidère, auteur du livre Al-Qaïda à la conquête du Maghreb. Selon lui, « les deux organisations auraient échangé des armes et des hommes. Aqmi chercherait une collaboration de long terme avec les radicaux nigérians afin de créer un axe de pénétration vers le Sud ».
La perspective de voir Aqmi s’implanter au Nigeria n’est donc plus tout à fait une hypothèse. Mais si le Nord du Nigéria semble un terrain favorable à l’implantation de réseaux terroristes, il n’en reste pas moins que le salafisme d’Aqmi et de Boko Haram est encore loin de faire l’unanimité dans la région.
Les émirs locaux qui pratiquent un islam africain assez éloigné du salafisme d’Aqmi n’apprécient ni l’idéologie ni l’activisme de Boko Haram. Par ailleurs, après avoir combattu la secte, les autorités nigérianes ont proposé à ses dirigeants d’entamer des pourparlers. Un dialogue qui devrait déboucher d’ici une dizaine de jours, selon Abuja.
RFI 04/08/2011