Par ailleurs, le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari a rencontré les dirigeants du G7 à Elmau, en Allemagne, réaffirmant son engagement à combattre les insurgés ralliés au groupe Etat islamique (EI) et appelant à renforcer la coopération régionale et internationale.
Le transfert du centre de commandement est l’une des premières décisions annoncées par M. Buhari: lors de son discours d’investiture le 29 mai, il avait affirmé que les insurgés ne seraient pas vaincus tant que le commandement des opérations anti-islamistes ne serait pas déplacé dans la capitale de l’Etat de Borno, au coeur des violences.
Une équipe de reconnaissance en vue de l’établissement du Centre de commandement et de contrôle (MCCC) pour l’opération +Zaman Lafiya+ afin de combattre le terrorisme et l’insurrection armée s’est rendue à Maiduguri, a annoncé l’armée dans un communiqué.
Zaman Lafiya signifie paix en haoussa, langue très répandue dans le nord du Nigeria.
Le porte-parole de l’armée Sani Usman a précisé que l’équipe actuellement en mission travaillait pour installer un poste de commandement avancé totalement opérationnel chargé de coordonner l’offensive contre les combattants islamistes, dont l’insurrection et sa répression ont fait plus de 15.000 morts depuis 2009.
A partir de maintenant, la lutte contre le terrorisme et l’insurrection va être supervisée, coordonnée et dirigée depuis ce centre, a-t-il ajouté.
Boko Haram a été créé à Maiduguri il y a plus de dix ans et le groupe a perpétré d’innombrables attaques, attentats et enlèvements dans le nord-est du pays.
A peine entré en fonction, le président Buhari avait annoncé le transfert du centre de commandement à Maiduguri, promettant qu’il y resterait installé jusqu’à ce que Boko Haram soit totalement étouffé.
Le porte-parole de l’armée a ajouté qu’un autre centre d’opérations était en cours de transfert à Yola, capitale de l’Etat voisin d’Adamawa, où deux attentats-suicides sur un marché la semaine dernière ont fait 31 morts.
Yola avait pourtant été relativement épargnée par la violence islamiste ces dernières années.
Au moins 93 personnes ont péri dans des attaques attribuées à Boko Haram depuis l’entrée en fonction de M. Buhari.
Ces violences ont rappelé que le groupe reste une grave menace, malgré les victoires remportées depuis février par les armées du Nigeria et de trois pays voisins, Tchad, Niger et Cameroun.
L’offensive a permis de libérer de vastes régions de l’emprise de Boko Haram mais certains signes indiquent que les insurgés se regroupent dans plusieurs secteurs, particulièrement dans des zones frontalières difficiles d’accès.
Lors de discussions bilatérales pendant le G7, M. Buhari a dit au président français François Hollande qu’il souhaitait que davantage d’informations soient fournies au Nigeria par les services de renseignements sur les liens de Boko Haram avec l’EI, qui contrôle de vastes territoires en Irak et en Syrie, selon un communiqué de son cabinet.
L’étendue des liens entre les deux groupes reste méconnue, mais Boko Haram a élaboré une stratégie média bien plus sophistiquée ces derniers mois, que certains analystes disent inspirée par l’EI.
M. Buhari a également demandé à M. Hollande plus de renseignements sur les mouvements, les entraînements et les sources d’approvisionnement en armes et munitions de Boko Haram, alors qu’il travaille actuellement sur sa stratégie anti-insurrectionnelle, ajoute le communiqué.
La France joue un rôle-clé dans les relations entre le Nigeria anglophone et ses voisins du nord-est, qui sont tous d’anciennes colonies françaises.
Le président nigérian a affirmé qu’il avait déjà pris des mesures concrètes pour mettre en place une coalition plus efficace et plus vigoureuse et a demandé le soutien français pour consolider cette alliance.
(©AFP / 08 juin 2015 19h51)