L’acquisition de la carte d’identité nationale relève un parcours du combattant dans les ex-arrondissements de Nièna, Blendio et Finkolo Ganadougou. Les sous-préfets et les services de police judiciaire de ces localités conditionnent l’acquisition de ces documents administratifs au paiement d’un prix exorbitant. Le montant est compris entre 3000 et 10 000 F CFA. Enquête.
Bakary Togola est un paysan dans un village situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Nièna (Sanakoroni-Togola). Muni de ses quatre photos et les deux timbres, l’homme dit avoir entrepris des démarches pour une nouvelle carte depuis 3 ans. Sa dernière carte date du 9 mars 2004 a été livrée par la Brigade territoriale de Kalaban-coro (cercle de Kati). Elle est périmée depuis 10 ans. « La première fois quand je me suis présenté, le sous-préfet a fait savoir que nous sommes à la veille de la rentrée scolaire. Une période propice pour les élèves de se munir d’une pièce. Après je suis retourné, et cette fois-ci, le sous-préfet m’a informé de l’indisponibilité des cartes dans l’arrondissement de Nièna. Mais pour faciliter les procédures, il me demande de négocier avec ses services. Malheureusement je n’ai pas voulu m’aventurer sur cette démarche. Parce que la carte d’identité est là pour les citoyens. Dès lors, il n’a plus voulu discuter avec moi », explique Bakary Togola.
Il n’est pas le seul. Beaucoup de personnes ont préféré la carte Nina à cause de ce système imposé par l’administration et les services de police judiciaire des ex-arrondissements de Nièna, Blendio et Finkolo Ganadougou. La question suscite de vives réactions au sien des 11 communes du Ganadougou. L’amicale du conseil national des jeunes du Ganadougou s’est saisie du dossier. Selon son secrétaire général, Adama Diallo, plusieurs actions sont en cours pour tenter de faire revenir les sous-préfets à la raison. « Nous avons porté le débat au niveau des élus. Avec le conseil communal, un cadre de concertation des forces vives de Guanadougou a été initié pour le respect de la règlementation en vigueur dans le cadre de l’acquisition de la carte nationale selon le prix fixé par le gouvernement.
Les députés et autres personnes ressources ont tous intervenus. A la faveur de la rencontre des 11 communes, le maire de Nièna a demandé au sous-préfet de donner la carte d’identité aux populations à 1 000 F CFA comme indiqué par le gouvernement. En réponse au maire, le sous-préfet de Nièna a déclaré que ces localités souffrent d’une pénurie. Selon lui, il est impossible de donner la carte à 1000 F CFA selon le prix initial. Pourtant le sous-préfet de Blendio, qui était aussi dans la logique, est revenu à de bons sentiments. Chez nous, elle est tout simplement donnée entre 3 000 et 10 000 F CFA », a indiqué le secrétaire général de l’amicale du conseil national des jeunes du Ganadougou, Adama Diallo. Mais, a-t-il insisté, que cette remise ne concerne que les villages de l’arrondissement de Blendio.
Le président du conseil régional de la jeunesse de Sikasso, Bréhima Fadiala Coulibaly s’insurge contre l’attitude du sous-préfet. Selon lui, Ganadougou est un secteur important dans le cercle de Sikasso. « Les derniers recensement évalue sa population à 90 230 habitants. Il est impossible que l’accès des services sociaux de base de cette localité soit ignoré. La démocratie est basée sur des principes : le devoir et les droits. Si la population s’acquitte de ses devoirs, il n’y’a pas de raison qu’elle soit pénalisée par un administrateur », tranche-t-il, tout en ajoutant que pour comprendre le fond du problème, il s’est lancé dans une démarche participative avec toutes les sensibilités. « Notre objectif n’est pas d’inciter la population à la haine, mais de comprendre la situation.
Mais déjà, le gouverneur de la région de Sikasso est étonné dans l’application d’une telle mesure dans sa circonscription administrative. Il a reconnu que la carte d’identité nationale ne doit pas être attribuée à 3000 F CFA. Le prix initial est 1000 F CFA. C’est pourquoi le gouverneur a promis de prendre ses responsabilités pour le respect règlementaire en vigueur dans le cadre de l’acquisition des cartes. Nous attendons impérativement sa réaction… »
Malgré notre insistance à vouloir recouper l’information, le sous-préfet de Nièna, Nouhoum Konaté n’a pas voulu répondre à nos questions. Il s’est contenté seulement de dire qu’il ne se passe rien d’extraordinaire à Nièna. Pour le reste je n’ai pas de commentaire, assène-t-il.
Bréhima Sogoba, envoyé spécial