Entre le Colonel Major Alhaji Gamou, qu’on avait entendu récemment sur les ondes de RFI déclarer s’être «rallié au MNLA» et celui qu’on a entendu «demander aux Maliens de se lever pour aller combattre les rebelles et les salafistes», on serait tenté de dire qu’il y a une différence de taille, sinon erreur sur la personne. Détrompez-vous. C’est bien le même Alhaji Ag Gamou qui s’exprime.
Le premier était un fin stratège, comme nous l’avions souligné dans un précédent article. Pour rappel, il faut savoir qu’une «Fatwa» (condamnation à mort dictée par l’émir d’AQMI, la plus haute autorité) avait été prononcée contre Gamou. Pendant ce temps, il avait, en plus des 200 combattants des Unités spéciales et ex-libyens, 204 éléments des forces armées et de sécurité qu’il devait protéger. Pour sortir de l’étau kidalois, il se devait de trouver une astuce de taille. Pour ceux qui ne le savent pas, malgré leur message de ralliement au MNLA, Gamou et sa suite ont été accrochés deux fois de suite (à Taghalot et à Amacine) avant de rejoindre la frontière nigérienne.
Le Colonel Major que nous avons tous entendu mardi dernier, est un combattant de tous les temps. D’Adiel Hoc, où il a enterré les victimes des assassinats d’AQMI, en passant par Tessalit où des Tetra de l’aviation on faillit l’envoyer à la boucherie, Imakadene et Kidal, Al Haji, comme le surnomment ses proches, a été de tous les rendez-vous. Ses 204 éléments, tous sudistes, qui sont désormais à Bamako, ont juré de «s’en prendre à tout militaire qui voudra salir le nom de cet officier». Certains commandos paras que nous avons rencontrés se souviennent surtout que «quand on est dans l’ETIA de Gamou, on a toujours à manger et à boire» et «qu’il n’abandonne jamais ses camarades d’armes, même sous le feu». Un autre officier supérieur, avec qui nous nous sommes entretenu, affirme «en matière de dispositif tactique, le Colonel Major n’a rien à envier à ceux qui ont fait l’Ecole de guerre de Paris».
Paul Mben
Le 22 Septembre 12/04/2012