Elle a émis, pour ce faire, l’idée d’instituer le 6 Mars comme «journée dédiée à la communion au sein des couples». Partant du constat de la dégradation du climat social dans les couples, de la perte de nos valeurs qui constituent une source de préoccupations dans notre société, la présidente de Muso Kunda a invité d’éminentes personnalités et citoyens à réfléchir sur la problématique des couples actuels.
En prélude à la journée du 8 mars, journée de la femme, Mme Adame Ba Konaré entrevoit à travers la célébration du 6 mars, une journée festive où les couples enterrent toute « hache de guerre » et communient dans la paix et l’amour, se feront des vœux réciproque comme lors des fêtes religieuses. «J’avais même annoncé, sous le sourire sceptique de l’assistance, que ce jour-là, j’entrerai en cuisine, mijoterai de bons plats pour mon époux, lequel époux se montrera particulièrement attentionné et augmenterai son prix de condiments pour l’occasion », a-t-elle déclaré et assuré s’être levée aux aurores pour tenir sa promesse ce 6 mars.
Pour Adame Ba Konaré, par ailleurs présidente de la Fondation partage, le couple est l’association d’un homme et d’une femme, unis pour fonder un foyer. La paix, la concorde et l’harmonie sont indispensables à la solidité d’un couple. Aux dires de l’historienne, la réussite d’un couple tient sa quintessence des valeurs telles que la tolérance, l’humilité, la sagesse, le sens de l’hospitalité, l’entraide, la fidélité, l’endurance, la solidarité et le partage. Dans son discours, Mme Konaré a suggéré un retour aux valeurs traditionnelles qui prend en compte les enjeux actuels de la société. En instituant le 6 mars, journée de communion du couple, Mme Konaré n’entend pas mettre de côté le combat féminin pour leurs droits. Mieux la communion des couples renvoie à une manifestation militante, car le couple renvoie à la famille et à la société.
La conférence a été animée par Balla Guimba Diakité, Drissa Konaté, Badjigui Kouyaté et Badian Bakayoko, tous grands chasseurs venus du Mandé. Ils ont débattu de la relation homme/ femme selon le concept de la confrérie Donso (chasseurs). Rappelons que la culture malienne a beaucoup puisé dans la confrérie des chasseurs. Aux dires des maîtres chasseurs, les règles régissant la confrérie délèguent une grande place à la femme. Ils ont mis l’accent sur le rôle de la femme au sein du foyer, de la famille ainsi que dans l’éducation et l’avenir des enfants. Pour bien illustrer la place de la femme dans la confrérie, les maîtres chasseurs ont expliqué le concept du Kontron Sanè, la femme et l’homme.
Pour les conférenciers les chasseurs et les Soma accordent une grande place à la femme, qu’ils respectent énormément. «L’homme et la femme sont complémentaires» ont-ils indiqué. Tous ont reconnu le rôle stratégique de la femme dans les décisions de son mari, au sein du foyer, même si elle n’occupe pas le devant de la scène. Une autre philosophie de la confrérie des chasseurs relève que la femme et l’homme ont un même droit, ceci est expliqué par Mme Niuma Wélé Diallo, femme Donso-Soma. Selon les révélations des Donso et soma, l’harmonie, la communion au sein du couple sont très importantes, car le sort du Donso et du soma est lié à l’entente avec sa femme. Celle-ci est garante de ses secrets et de son héritage. Tous ont été unanimes sur la déperdition actuelle de notre société. Des intervenants ont estimé que cette déperdition est la résultante de l’effritement des valeurs éducatives dans la société moderne.
L’ancien président de la République du Mali, Alpha Oumar Konaré, époux de la présidente du Muso Kunda, a pris part à cette journée de communion en guise de soutien à cette noble initiative.
Khadydiatou Sanogo
Le Républicain 08/03/2011