Dès l’accès de la salle d’exposition, l’on a impression de se trouver dans la caverne d’Aly Baba. Une quinzaine d’œuvres, minutieusement sélectionnées parmi les riches créations du peintre sénégalais, produit un effet exceptionnel sur les non connaisseurs, à plus forte raison sur les experts dans le domaine de la peinture. « Oh, ce travail est d’une rare finesse » ! Ce refrain revenait à plusieurs reprises. Les invités surpris ne pouvaient qu’exprimer leurs émotions devant les œuvres de celui qui est considéré comme l’un des chefs de file de l’art contemporain au Sénégal. Souleymane Keita, comme ses ancêtres, est originaire du grand Mandé et né sur l’ile de Gorée au Sénégal. La précision est importante.
Au-delà des couleurs, le travail artistique de ce maître africain de la peinture, dont les œuvres sont dans de nombreux musées et chez de nombreux collectionneurs à travers le monde, s’inspire de la secte des chasseurs, notamment l’habit du chasseur, fondateur de l’empire du Mandé. Le vernissage de l’exposition placé sous le haut parrainage de Hamane Niang, ministre de la culture et Cheick Oumar Sissoko, ancien ministre de la culture, a enregistré la participation de plusieurs personnalités, notamment le chef de la délégation de l’Union européenne au Mali. « J’ai choisi Bamako pour cette exposition intitulée Synthèse parce que le Mali est une source d’inspiration pour moi et j’en rêvais », a indiqué Souleymane Keita aux journalistes.
Selon lui, la « Synthèse » est le résultat d’un travail de recherche artistique qui a pris au moins 20 ans dans ses 40 ans de pratique de l’art. Avant d’utiliser des oxydes comme colorants sur des toiles de coton qu’ont trouve un peu partout sur les marchés en Afrique de l’Ouest, Souleymane Keita s’était déjà illustré dans l’aquarelle. Et, pour rappeler au public malien cette belle époque où il était l’un des maitres incontestés de l’aquarelle en Afrique et peut être dans le monde, Souleymane Keita est arrivé à Bamako avec quelques unes de ses œuvres sur papier au format 60cm sur 48 cm. Elles occupent avec beaucoup de fierté l’un des pans de la salle d’exposition. En plus du triptyque dénommé « synthèse-hommage pour Gorée », l’artiste expose au musée de Bamako une variété de ses œuvres intitulées « Chemise de chasseur ».
Assane Koné
Le Républicain 06/06/2011