La répartition du fonds offerts par le président de la République aux femmes candidates crée polémique et confusion dans la classe politique.
Le président de la République a offert vendredi dernier un chèque de 300 millions aux femmes candidates aux municipales. Si le Mali était dans un contexte présidentiel, l’on aurait soupçonné le geste magnanime posé par le Président Ibrahim Boubacar Kéita.
Ce geste salutaire perçu comme un acte symbolique demeure une miette aux yeux de certaines personnes.
« Je pense que c’est une action très salutaire. Pour la première fois au Mali, un président de la République octroie aux femmes candidates une somme aussi colossale. C’est vraiment une bonne initiative même si les politiques vont considérer cette action visant à amadouer les femmes des partis politiques. Je pense que ce n’est pas le cas. Chaque parti politique doit aujourd’hui accompagner les femmes pour qu’elles soient plus compétitives aux élections », souligne Yah Bakayoko du parti Yéléma.
Pour Bacary Sy, candidat aux communales à Kassaro sous les couleurs de l’URD, « l’initiative est salutaire ». « En tant que candidat, nous pensons que cela peut être une source de motivation pour les femmes pour qu’elles s’intéressent davantage à la politique. A l’URD, nous avons beaucoup apprécié le geste. Cette initiative cadre parfaitement avec le programme de Soumaïla Cissé sur la question du genre. Nous sommes très honorés et cela nous motive quelque part dans notre démarche ».
Par contre pour A. M., membre de l’Adéma/PASJ, « cette somme loin d’être symbolique est une miette. Car partager entre les différentes candidates inscrite aux communales du Mali, elle est quasi insignifiante ».
Et pour Chacka Sanogo, entrepreneur, ce don est juste anormal. « Personnellement, je crois que ce n’est pas normal. Actuellement, je crois que le Mali a d’autres priorités. Nous ne sommes pas à un stade où nous pouvons financer la candidature féminine. Nous savons tous à quel niveau se situe la pauvreté du Mali. Je crois qu’il serait nécessaire de s’attaquer aux problèmes d’emploi de la jeunesse plutôt que de songer au financement des candidatures féminines ».
Confusion
Au-delà des appréciations positives ou négatives, la répartition du fonds fait grincer les dents dans les états-majors politiques. Les partis politiques et les femmes n’apprécient pas du tout un nouveau critère de répartition qui circule.
La répartition du fonds paraissait déjà super flou pour bon nombre de personnes. Leur crainte s’est révélée réelle. En effet, des sources rapportent que les personnes chargées de la répartition, prévoient de remettre les sous uniquement aux femmes qui figurent en tête de listes.
« Je crois que ce n’était pas vraiment une manière équilibrée de faire les choses. Il fallait procéder autrement, car, nous, à l’ASP-Maliba, ne savons pas comment cette somme sera redistribuée ni le montant que cela représentera. Nos femmes candidates n’ont rien vu… », déclare Cheick Oumar Diallo, membre de l’ADP/Maliba.
Mme Coulibaly Wassa Samaké, candidate en Commune VI sous la bannière de l’URD, indique que le geste nous a honorés. « Nous avons appris qu’il y a eu les décaissements ce lundi 7 novembre 2016. Selon nos sources, ils prévoient de répartir l’argent uniquement entre les femmes qui figurent têtes de listes en excluant les autres candidates parce qu’au nord il y aurait plusieurs femmes têtes de listes. Pourtant lorsque le président remettait le chèque il n’avait parlé d’aucun critère d’attribution. Ils doivent procéder à la répartition selon les normes même si toutes les femmes obtenaient 100 F CFA. Le président n’a jamais parlé de têtes de liste ».
De telles révélations démontrent à quel point la question sur la répartition des fonds restent floue.
Hawa Sy