Les terroristes continuent de semer la terreur au Mali. En ce début de campagne électorale pour les municipales et dans la seule journée du dimanche 6 novembre, ils ont perpétré trois attaques dans trois différentes parties du Mali : l’attaque du camp de Gourma Rharous à Tombouctou ; l’attaque du convoi de la Minusma à Douentza, région de Mopti, et l’attaque de la ville de Banamba dans la région de Koulikoro. L’équation terroriste reste encore entière au Mali 17 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Le dimanche matin, à Gourma Rharous, région de Tombouctou, le camp de la garde nationale a été attaqué par des terroristes qui ont enlevés 5 véhicules de l’armée. Le même jour à Mopti, l’attaque d’un convoi des casques bleus a fait trois morts (un casque bleu togolais et deux civils maliens) et sept blessés. Et un jour plutôt, le samedi, un soldat français succombait à des blessures suite à l’attaque d’un convoi logistique de la force Barkhane revendiqué par Ançar-Eddine qui défraie ces derniers moments à Bamako après la « découverte » d’une de ses correspondance adressée au Président du Haut Conseil Islamique pour un cessez-le-feu avec le gouvernement malien. A Banamba, dans la nuit du dimanche au lundi, des hommes armés venus à bord d’au moins 4 pickups ont attaqué le camp de la gendarmerie, de la garde nationale, une banque et la prison centrale. Divisés en trois groupes, les assaillants, ont simultanément attaqué la gendarmerie, la banque et la prison. Ils ont saccagé les endroits attaqués. La banque et le poste ont été pillés. Et ils ont emporté des armes et des véhicules. Après leur passage, un habitant décrit l’horreur et la psychose vécus par les populations. « Nous étions terrés chez nous. Les assaillants scandaient « Allah Akbar ». Les armes crépitaient de partout. Ici on n’en revient pas encore. Personne n’est donc plus à l’abri », indique notre source. Selon le ministère de la justice, 21 prisonniers se sont évadés et un gardien de prison est porté disparu.
Marquer d’une pierre blanche la campagne électorale. Au niveau du ministère territorial, de la décentralisation et des réformes on rassure que les élections qui ont été reportés à maintes reprises auront lieu sur l’ensemble du territoire national. Une réunion entre le gouvernement et les groupes armés a, d’ailleurs, eu lieu le samedi passé pour décider de la mise en place des autorités intérimaires et le Mécanisme Opérationnel de Coordination avant le 15 novembre. « Donc en principe l’administration sera présente au Nord pour les élections du 20 novembre », indique Mohamed Ag Erlaaf, le ministre de l’administration territoriale. Sur le terrain, la réalité est tout autre. Sur les 10 régions que comptent le pays, 5 seulement sont en mesure d’organiser correctement les élections. Le Nord et le Centre restant en proie à l’insécurité chronique, il sera très compliqué, voire impossible de tenir des élections satisfaisantes dans ces zones. « On s’achemine vers une bérézina électorale », croit savoir un observateur
Manque de résistance des Famas ? Tiéman Hubert Coulibaly, le ministre de la Défense qui a été débarqué en septembre passé suite à une détérioration brusque de la situation sécuritaire a ses explications sur la méforme des militaires sur le terrain : « l’insuffisance des financements, acquérir plus d’équipements ». L’ancien ministre met un accent particulier sur « le besoin de réarmement moral des hommes. » « Quelle que soit la quantité et la qualité des équipements qu’on mettra à leur disposition, le résultat ne sera pas satisfaisant sans réarmement moral», insiste l’ancien ministre. Selon les analyses sur l’état actuel des forces de défense, il y a de quoi être inquiet. « Depuis l’attaque de Nampala, nos militaires semblent démoralisés et ne se battent plus », analyse un observateur averti qui accuse les autorités du pays d’être à l’origine de cette démobilisation des hommes au front. « La vie de java que les gouvernants mènent à Bamako et leurs frasques ont entamé le moral des militaires qui sont, en plus, lassés d’être piétinés par la hiérarchie militaire. Les détournements de leurs primes et les moyens dérisoires mises à leur disposition renforcent leurs convictions de ne pas se battre pour une cause perdue ». Selon Fahad Ag Almahmoud, le secrétaire général du Gatia, un groupe armé de la Plateforme prenant part aux conflits intercommunautaires de Kidal et jugé proche du Mali, « le manque de résistance des Fama ne doit plus continuer à être un sujet tabou ». Le président malien est, aussi, accusé de manquer d’ « initiatives nécessaires », pour une stabilisation du Nord du pays. « Je répète régulièrement au président Ibrahim Boubacar Kéïta qu’il faut prendre les initiatives nécessaires pour assurer l’intégration des peuples du Nord dans la communauté malienne. Il importe que les Maliens prennent à bras le corps leur propre sécurité. Cela passe aussi par des initiatives politiques », a déclaré Jean Yves LeDrian, le ministre français de la Défense, le dimanche passé, soit un jour après la mort du 16e soldat français sur le sol malien depuis 2013.
L’insécurité chronique et le terrorisme font des victimes civiles et militaires pratiquement chaque jour sur l’ensemble du territoire malgré la signature, le 20 juin 2015, de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu des pourparlers d’Alger entre les groupes armés et le gouvernement malien.
Madiassa Kaba Diakité
Accueil Actualité presse écrite Le Républicain Multiplication des attaques Le Mali sous le diktat des terroristes