Lettre ouverte à son Excellence, Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta,
Président de la République
Monsieur le Président,
Le Mouvement vert-jaune-rouge a décidé en cette période de la COP 22 d’attirer votre attention sur les énormes menaces qui pèsent sur notre environnement.
En termes d’environnement, le Mali n’est pas gâté par la nature. Mais, force est d’admettre que l’action de l’Homme malien contribue à une dégradation accélérée de notre environnement.
Malgré les avancées de la science et de la technologie, le Mali pays sahélo-Saharien est encore cramponné au bois de chauffe comme principale source d’énergie.
Au Mali du sud au nord, d’est à l’ouest, même dans les villes, la principale source d’énergie reste le bois.
Monsieur le Président,
Notre environnement devait être les prunelles de nos yeux. Mais, malheureusement, malgré le fait que le Gouvernement actuel sous la responsabilité du Premier ministre Modibo Keita, comporte en son sein quatre (4) anciens ministres de l’environnement, la problématique de l’assainissement de notre cadre de vie et de la préservation de l’environnement, semble être son dernier souci.
En Plus de Mme Keita Aïda Mbo, actuelle ministre de l’environnement et épouse de Nakouma keita, lui-même ancien ministre de l’environnement, l’on peut citer les ministres Mohamed Ag Erlaf, Tiémoko Sangaré, Abdoulaye Idrissa Maïga et Ousmane Koné, qui ont tous eu l’opportunité de diriger le ministère de l’environnement et qui sont aujourd’hui membres du Gouvernement.
Nous le disons, parce que nous estimons que les questions d’environnement devraient bénéficier d’un traitement spécial dans le gouvernement malien actuel, parce que bénéficiant du plus grand nombre de ministres. Mais, hélas, ils nous donnent l’impression qu’ils n’ont été que des ministres en charge de l’environnement, sans une véritable âme militante pour l’environnement. Si non comment comprendre cette dégradation avancée du cadre de vie des maliens ?
Et, pire. De 2012 à nos jours, en 4 ans, ce sont huit (8) cadres maliens se sont succédés à la tête du département de l’environnement. Est-ce que le Mali ait eu un nouveau ministre de l’environnement tous les 6 mois, depuis 4 ans, ne pourrait pas être l’une des causes de toutes les difficultés de conduire une politique cohérente dans ce secteur ?
Monsieur le Président,
Il est temps de prendre des mesures urgentes pour préserver le maigre couvert végétal du Mali, afin de ralentir l’avancée galopante du désert, synonyme de sécheresse.
La science et la technologie offrent de multiples solutions pour mettre le Mali à l’abri d’un drame qui se dessine. Mettez –les à la disposition de votre peuple.
Comment comprendre que le Mali, avec son soleil qui brille sur les 365 ou 366 jours de l’année, n’ait pas encore songé à faire de l’énergie solaire sa première source d’énergie ?
Comment comprendre que le Mali, pays au 2/3 désertique, continue de faire de l’usage du gaz butane un privilège réservé à une infime partie de sa population ?
Comment comprendre que dans un pays sahélien comme le Mali, de nombreuses boulangeries continuent à fonctionner grâce au bois prélevé dans nos forêts qui disparaissent jours à jours sous nos regards impuissants ?
Aucune politique de vulgarisation de l’usage du gaz butane qui pourrait aider le Mali à sauver des milliers d’hectares de forêt des brasiers de nos foyers.
La solution alternative à l’usage du bois de chauffe tarde à voir le jour au Mali et cela risque d’installer le pays dans un drame irréversible.
Monsieur le Président,
C’est un secret de polichinelles de rappeler que Bamako et les grandes villes du pays sont confrontées à la gestion quotidienne des déchets solides et liquides.
Les dépôts de transit des ordures dans les communes de Bamako, ont vite fait de devenir des dépôts définitifs.
La capacité du dépôt d’ordures de Noumoubougou dont les travaux de réalisation peinent à prendre fin depuis des années, est déjà dépassée, avant son entrée en service.
A titre d’exemple, la montagne d’ordure de Lafiabougou ne cesse de narguer les pouvoirs publics incapables d’assurer un cadre de vie assaini à leurs populations.
Ozone Mali, comme une solution tirée du chapeau d’un magicien par les autorités du District pour assainir Bamako, est aujourd’hui à bout de souffle.
Ce n’est pas exagéré de dire aujourd’hui que Bamako, la capitale du Mali croule sous le poids de ses ordures.
Et, la mauvaise solution trouvée par les spécialistes du ministère de l’environnement, c’est d’aller déposer toutes les ordures de Bamako dans la forêt classée du Mandé. Quel gâchis ? Cette forêt classée n’a-t-elle pas une fonction autre fonction plus noble que recevoir toutes les immondices de Bamako ?
Quand des protecteurs de l’environnement s’attaquent à l’environnement, cela est tout simplement révoltant.
Monsieur le Président,
Que dire du cas des déchets des liquides ? Le fleuve Niger déjà suffisamment menacé par le phénomène de l’ensablement, est malheureusement la destination première de tous les déchets liquides produits dans toutes les villes et villages, le long de son parcours.
Ce fleuve qui devait être au centre de toutes nos préoccupations, est aujourd’hui devenu le lieu de prédilection qui reçoit toutes les eaux usées de nombreuses teintureries de bazin et les offrandes de tous genres de nos illustres charlatans.
Plus que tout, le fleuve Niger souffre énormément du fait des usines qui y déversent, sans un traitement préalable, leurs eaux usées.
Aussi, c’est le lieu de rappeler que le Mali est pratiquement le seul pays où, il n’est pas rare de voir des gens vider les égouts de leur toilette dans la rue à la moindre goutte de pluie, quand ils n’y vident pas carrément leurs poubelles.
Nous pensons qu’il faille ré-instituer la police de l’hygiène publique qu’on appelait communément, le service d’hygiène, afin d’imposer le respect de certaines règles à nos concitoyens récalcitrants qui ne veulent pas comprendre que vivre en société à un minimum d’exigence.
Monsieur le Président,
Les maliens avaient applaudis en janvier 2012, l’adoption de la loi portant interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la commercialisation et de l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables.
Il est plus que nécessaire d’appliquer dans sa dernière rigueur cette loi, au regard de chiffres inquiétants.
Au Mali, on estime à 3% la part du plastique dans la composition des déchets. Mieux, sur 17.089 tonnes de plastique produites ou importées, seulement 1.355 à 1.720 tonnes sont recyclées.
En plus de porter un coût dur à l’élevage, parce que un véritable poison pour les animaux qui les avalent, les déchets plastiques occupent de façon malpropre des étendues de paysages à l’entrée et la sortie de toutes les grandes villes du pays, quand les rues et ruelles ne sont pas prises d’assaut.
Monsieur le Président,
Des dispositions urgentes doivent être prises pour la mise en œuvre de notre politique nationale de l’environnement. Nous, et vous en particulier, avons l’obligation de transmettre aux générations futures, un Mali qui garde au moins sa vocation agro-sylvo-pastorale.
Bamako, le 6 novembre 2016
Yagaré Baba Diakité
Président du Mouvement Vert-Jaune-Rouge