Le Républicain : Quelle analyse faites-vous de la situation économique, sociale et politique du pays ?
Moussa Mara : On peut d’abord parler de la situation préoccupante de l’école malienne, surtout l’enseignement supérieur qui est dans un état déplorable. Les solutions envisagées n’incitent pas à l’optimisme. Les étudiants ont été mis en congé pour définir les conditions de création de plusieurs universités avec des rectorats différents, pour le mois d’octobre 2011. Et on se rend compte que le niveau de réalisation des infrastructures n’est pas satisfaisant. Je crains qu’on ne reconduise les mêmes problèmes. L’école est vraiment dans une situation difficile. Par ailleurs, aujourd’hui on peut être satisfait du coût de la vie en cette période de mois de ramadan. Les denrées de première nécessité n’ont pas connu la flambée, d’il y a deux ans ou de l’année dernière.
Des mesures ont été prises par les autorités. A cela, il faut aussi ajouter le fait que les opérateurs économiques ont pu accéder aux marchandises dans les bonnes conditions et en quantité suffisante. Sur le plan économique, dans le monde ça ne va pas et notre pays ne peut pas échapper à cette situation. Les pays qui nous aident traditionnellement commencent à rencontrer des difficultés. Les années à venir risquent d’être un peu compliquées par rapport à leur assistance. En terme économique, le pays pourra maintenir sa performance de 5% de croissance. Cela est appréciable même si ce n’est pas suffisant pour faire baisser la pauvreté. Situation à peu près acceptable sur le front social où il y a une bonne collaboration entre les autorités et les forces syndicales. Il faut une thérapie de choc pour sortir l’école malienne de cette situation.
Des difficultés sont enregistrées dans l’élaboration d’un fichier électoral. Quelle réflexion faites-vous du processus électoral ?
Traditionnellement à huit mois des élections, les questions de la loi électorale et de la CENI interviennent. La loi électorale est en train d’être relue avec la participation de tous les acteurs. Du côté de la CENI, nous assistons à un feuilleton des partis politiques qui n’arrivent pas à s’entendre sur leur représentativité. L’élaboration du ficher électoral posait beaucoup de problèmes. Mais heureusement depuis une semaine, une harmonisation des points de vue est en cours pour aller vers un fichier consensuel tiré du RACE, mais qui va faire l’objet d’un important toilettage afin qu’il soit le plus proche possible de la réalité avec le corps électoral. Il est prévu de livrer des pièces d’identité temporaires avec des photos qui vont permettre l’identification des électeurs. Il reste maintenant à déminer la façon avec laquelle le dispositif sera géré par les partis politiques et l’administration. Nous ne sommes pas confrontés à un retard insurmontable. Aujourd’hui, il y a quelques alertes, mais il n’y a pas de quoi s’alarmer véritablement par rapport la mise en œuvre du processus électoral.
Sur initiative du Président de la République, l’Assemblée nationale vient d’adopter le Projet de loi portant réforme de la constitution de 1992. Quelle est l’appréciation de votre parti par rapport à cette reforme de la constitution ?
Notre parti est dans le regroupement partis unis pour la République (PUR). C’est ce regroupement qui va se prononcer le moment opportun. Personnellement, je peux dire que cette reforme, comme toutes les autres, comporte du bon et du moins bon. Tout ce qui concerne les aspects pris en compte de nos traditions, de nos langues nationales, des droits supplémentaires aux citoyens pour les emmener à participer véritablement au jeu démocratique est une bonne chose. Mais, je reste dubitatif quand à la création de nouvelles institutions comme le Senat en lieu et place du Haut Conseil des Collectivité. Mais, les PUR, regroupement auquel appartient Yelema, est en pleine réflexion pour dégager sa position.
Moussa Mara sera-t-il candidat en 2012 ?
Là aussi, je vais vous renvoyer à notre alliance, au risque d’être taxé de quelqu’un qui pratique la langue de bois. Notre alliance a été mise en place pour désigner un seul candidat à la présidentielle de 2012. Nous sommes dix-sept partis politiques dans cette alliance. Le processus est en cours pour choisir le candidat des PUR. Ce candidat peut être Moussa Mara ou un autre. A la fin du processus, nous aurons un candidat qui sera soutenu par l’ensemble des partis membres des PUR.
Mais, qu’en est-il des informations selon lesquelles les PUR s’apprêtent à soutenir une candidature extérieure ?
Cela est hors de question. Les PUR c’est une plate forme signée par dix-sept partis politiques qui se sont engagés à choisir un candidat parmi leurs membres. Cela a été clairement exprimé. Aujourd’hui, les PUR ont ouvert des négociations avec d’autres acteurs pour les discussions des alliances politiques, des alliances électorales et des alliances de gouvernement pour travailler avec d’autres forces politiques. L’avenir est au regroupement. Et, au-delà des partis membres de notre regroupement, nous avons conscience qu’il faut aller vers d’autres regroupements qui peuvent servir d’épine dorsale à une collaboration entre les deux tours des présidentielles et en terme des législatives et en terme de Gouvernement. Mais, il y aura un candidat à l’intérieur des PUR. Aujourd’hui, les PUR ne soutiennent aucune autre candidature et ne soutiendront que le candidat qu’ils auront choisi en leur sein.
Assane Koné
Le Républicain 24/08/2011