Le lendemain, samedi 17 mai, Moussa Mara arrive à Gao après Tombouctou. Son objectif était de se rendre à Kidal et sa détermination grande malgré des échanges de tirs à Kidal. Il est donc resté sur sa position. Sa délégation a été divisée en deux, car c’est l’option hélicoptère qui est entrée entre-temps en vigueur. Moussa Mara ne pouvant y aller seul, a été accompagné par le ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga et celui de la Sécurité intérieure Sada Samaké.
Mara et sa délégation arrivent à Kidal sous les tirs nourris des bandits armés contre les forces armées du Mali. Ils se dirigent vers le Camp II où se trouvent l’Opération Serval et la Minusma. À leur arrivée, Moussa Mara et sa délégation sont accueillis par le gouverneur le colonel d’aviation Adama Kamissoko et le général El Hadji Gamou. Selon nos sources, malgré les tirs et le combat en cours, Moussa Mara n’a pas renoncé à sa réunion avec l’administration dans les locaux du gouvernorat de Kidal, où tous les préfets et sous-préfets de la région étaient présents, en plus d’autres cadres.
Voulant se rendre au gouvernorat à bord de la voiture blindée de la Minusma, parce que les échanges de tirs devaient intenses entre les forces maliennes et les bandits armés, la Minusma lui refusera cette faveur. Cela n’entamera pourtant pas sa détermination à tenir sa réunion au gouvernorat avec les représentants de l’Etat malien. C’est en voulant embarquer dans une voiture de l’armée malienne, que la Minusma est revenue sur sa décision. Comme on pouvait s’y attendre, Moussa Mara a décliné cette «offre». Il ira à bord d’un véhicule de l’armée malienne escorté jusqu’au gouvernorat.
C’est après cette réunion que Moussa Mara devrait quitter Kidal. Mais, puisque les conditions météorologiques ne le permettaient pas, il a été obligé de passer la nuit à Kidal. Le Premier ministre malien a préféré rester au camp I où se trouve l’armée malienne, en boudant le camp II tenu par Serval et la Minusma. C’est au moment où le Premier ministre a demandé de rester au camp I, que les militaires maliens ont quitté le gouvernorat où ils étaient en faction en ne laissant sur place que deux éléments. C’est ainsi que les bandits armés ont pris le bâtiment avec tout son personnel et les fonctionnaires de l’Etat. Les préfets et sous-préfets, y compris.
Il faut noter que sur le terrain les 200 militaires et 80 policiers maliens ont résisté autant qu’ils peuvent aux assauts du Mnla et des terroristes. Mais ils ont constaté que l’ennemi avait des armes automatiques et professionnelles, des snipeurs, des BTR 60. Les militaires maliens étaient surpris par la provenance des balles des ennemis. Pendant que les 80 policiers maliens qui apportaient la riposte à l’ennemi, n’avaient chacun que 60 balles, et ils étaient déjà à dix minutes de combat. Pris entre deux feux, plusieurs soldats maliens ont perdu la vie. Certains d’entre eux ont été tués par des bandits qui étaient embusqués dans des domiciles. C’est face à cette situation que les militaires maliens ont décidé de replier pour venir sécuriser le Premier ministre qui avait refusé de rester au camp 2. Toute chose que le général Sada Samaké, ministre de la Sécurité intérieure, lui avait déconseillée. Mais Moussa Mara lui fera savoir qu’il passera la nuit avec les militaires maliens au camp I, à l’abri d’un hangar de fortune.
Selon nos sources, pendant tout le combat entre les bandits armés et l’armée malienne, un hélicoptère de Serval faisait des va-et-vient incessants sans jamais intervenir. Aucune force étrangère présente à Kidal n’a tenté de s’interposer entre les belligérants, quand bien même ce sont les hommes du Mnla et les éléments du Hcua qui avaient quitté leur base pour venir occuper les bâtiments de l’ANPE et des impôts à Kidal. Ils ont attaqué les positions de l’armée et de la police avec des armes lourdes et sophistiquées. Selon nos informateurs, il y a eu 10 morts, plusieurs blessés. Aucune perte chez les populations qui étaient pour la plupart terrées chez elles.
KT
Le Reporter 2014-05-21 00:47:40