Moussa Keita, ancien membre du CTSP, acteur du mouvement démocratique et président fondateur de l’AJDP vient de dénoncer le système de gouvernance au Mali. En renouvelant ses sincères remerciements à son ancien collègue du CTSP, à savoir ATT, le président de l’AJDP a soutenu qu’il ne saura passer sous silence les faiblesses et les carences notoires du système à travers l’incapacité de certains qui l’animent. Cependant, il a reconnu des bienfaits et constaté que des grands chantiers ont été réalisés à travers l’ensemble du pays. Moussa Keita a déclaré que le Mali est caractérisé aujourd’hui par la mauvaise gouvernance à travers un système corrompu et népotique dont les conséquences sociales s’expliquent par la partition du pays.
Pour lui, les corrompus, qui ont accumulé de l’argent mal acquis sur le dos des populations, ont créé un Mali des pauvres et un Mali des riches. Cet état de fait est animé par une justice à deux vitesses : une justice des pauvres et une justice des riches, consacrant l’impunité pour les riches et la prison pour les pauvres. Le président de l’AJDP a aussi dénoncé la privatisation de l’école malienne qui, selon lui, a été faite sans tenir compte des réalités maliennes. Selon Moussa Keita, l’Etat s’est désengagé de la formation des citoyens en démissionnant de ses missions régaliennes : salaires insuffisants, étudiants mal formés, administrateurs incompétents, magistrats corrompus, médecins tueurs. Concernant l’emploi des jeunes, il dira que la demande sociale reste forte et l’emploi demeure tributaire du système de corruption dont le pauvre est toujours victime.
L’ex-président de l’AJDP a signalé également que, malgré l’existence des structures de contrôle, les rapports sont jetés à la poubelle et si ce n’est sur intervention des institutions internationales, aucun ministre n’est inquiété au Mali pour vol. Ce sont les menus fretins qui sont interpellés et humiliés pour des fautes commises par d’autres, a-t-il indiqué. Pour lui, les carences du système judiciaire sont criardes : les prisons sont pleines à craquer et les audiences souvent reportées.
Tout cela, a-t-il dit, est encouragé par l’absence de véritable opposition dont le statut est minutieusement classé dans les tiroirs. Concernant la cherté de la vie, Moussa Keita a affirmé qu’on la considère comme une fatalité. « Les mêmes revendications de 1990 sont d’actualité », a dit Moussa Keïta. Enfin, il a interpellé les Maliens par rapport aux choix qu’ils seront amenés à faire en 2012 lors des élections générales. Il a invité les uns et les autres à confier l’avenir du pays à un homme capable de lutter contre la corruption, de faire changer les mentalités, d’accroître la production et la productivité, de créer des emplois, de réussir un bon équilibre entre le coût des denrées et les salaires, bref capable d’améliorer les conditions de vie des Maliens
Fakara Fainké.
Le Républicain 16/05/2011