En plus, Mara a oublié un détail de taille : l »histoire ne se répète jamais et même si elle donne l’illusion de se répéter ; ce n’est point de la même manière. Il est vrai qu’IBK a bénéficié d’une conjoncture favorable en 1994. Les démissions de Younoussi Touré et d’Abdoulaye Sékou Sow, pour incompétence manifeste, ont favorisé IBK dans un Mali aspirant à l’époque à une certaine stabilité institutionnelle et au renforcement de l’autorité de l’État. Or, non seulement, la conjoncture n’était pas favorable à Mara, n’étant pas membre du parti au pouvoir le RPM ; mieux, il avait été nommé Premier ministre suite à la démission du respectable Oumar Tatam Ly. Il est extrêmement difficile de remplacer des gens vertueux.
Les conditions de la démission de Ly
Ly est le fils de feu Ibrahim Ly, un homme de dialogue et non de compromission, qui est décédé avec honneur, sans jamais renier ses valeurs en dépit des tortures du CMLN. Vu le parcours de feu son père, Ly ne pouvait pas tout cautionner.
1- Il a voulu pour son honneur tirer au clair les affaires liées aux surfacturations des équipements militaires et de l’achat du Boeing Air IBK One. 2-Il a juré publiquement sur l’Ortm que lui Premier ministre, il n’y aurait pas réintégration des 263 radiés de la fonction publique car mal recrutés. Il a qualifié l’arrêt de la réintégration de la Cour Suprême d’inique. En désaccord avec IBK, il a préféré partir plutôt que renier son honneur et sa dignité. Merci Oumar Tatam Ly d’avoir honoré votre lignée, l’engagement de toute la vie de votre père. Les bons arbres doivent en effet produire de bons fruits pour paraphraser le Christ.
Croyant sans doute faire comme IBK, donc avoir une assise populaire en qualité de Premier ministre, puis devenir un jour président, Moussa Mara a accepté d’être Premier ministre. Lors de sa déclaration de politique générale, il fut malmené par l’opposition et ridiculisé par la majorité présidentielle notamment par un certain Diarrassouba.
Puis, lors de la motion de censure, il a défendu dans un amateurisme idiot l’idée que l’avion acquis sous ATT était sans papiers. Il a soutenu la nécessité de l’acquisition par le Mali du nouvel avion. La suite, on la connaît. Mara s’était laissé berner comme un enfant à défendre une affaire dans laquelle il ignorait visiblement tout. Piètre politique.
Sa visite à Kidal
Croyant sans doute en son étoile et en notre Armée, Mara voulut paraître pour l’homme, par qui la solution allait parvenir. Dans l’impréparation, la plus odieuse, dans l’amateurisme, le plus nauséabond, dans l’ambition personnelle, la plus abjecte, Mara fit son voyage le 17/05/2014 à Kidal. Résultats : des préfets furent assassinés. Puis, dans la rage, la colère, il a déclaré la guerre du 21/05/2014, en annonçant sur les antennes de l’Ortm l’envoi de 1500 hommes. N’est pas général De Gaulle qui le veut ! Le Mali a été humilié car Mara voulait sa popularité. Le fait qu’il a été envoyé par IBK passe pour tous en second plan.
Que tirer du bilan de Mara ?
1- Retenir qu’en politique, comme dans la vie tout court, les choses ne se passent pas toujours comme elles sont prévues. Les grands politiques sont souvent le fruit de hasards historiques.
2-Que mieux vaut rester constant et cohérent dans toutes les actions que l’on entreprenne. Les discours prêt-à-porter marchent peu.
3-Qu’il ne sert à rien de multiplier le nombre de conseillers et de cellules de communication. Seuls l’honnêteté et le parler vrai paient.
4- Qu’il faut savoir partir à temps.
Oui, Moussa Joseph Mara n’a pas démissionné comme Oumar Tatam Ly. Il a été remercié, renvoyé, si vous préférez, limogé. La petite histoire retiendra qu’il a été Premier ministre sous les yeux d’un Général Moussa Traoré vivant, revanche outre-tombe ! Pour un certain Joseph Mara d’un certain CLMN. Merci feu doyen Boubacar Keïta : «La roue de l’histoire tourne et personne ne peut l’arrêter».
Bon vent, bye-bye, Moussa Joseph Mara !
Boubacar SOW
boubacarsow@hotmail.fr
Source: Le Reporter 2015-01-13 21:45:06