Le Mali est-il au bord du précipice ? En tous cas, la situation politico-sécuritaire s’est encore fortement détériorée ces jours-ci. En témoigne, la tension qui s’est ravivée au nord avec les affrontements violents entre la CMA et le GATIA. Au sud aussi, les positions demeurent toujours tranchées entre les camps du Oui et du Non autour du projet de révision constitutionnelle. Aujourd’hui, il y a bien lieu d’avoir de sérieuses inquiétudes. Le pire est que tout cela se déroule dans une indifférence totale des plus hautes autorités du pays qui donnent l’impression d’être préoccupées par autres choses que le sort de la patrie. Sinon, comment comprendre qu’elles qualifient une telle situation d’ « insécurité résiduelle » pour mener coûte que coûte leur projet alors que l’Administration est absente dans plus de 2/3 du pays. Pour rappel, Kidal échappe totalement au contrôle de l’Etat ; les régions de Gao, de Tombouctou, de Mopti, de Ménaka et de Taoudénit sont à la merci des terroristes qui y sèment tous les jours, panique, consternation et mort. Sont-elles déconnectées de la réalité du pays, ou ont-elles un agenda qui fait peu de cas de la préservation de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale ? En effet, ne voyant aucune lueur d’espoir pour les populations de ces zones, les partis politiques de l’opposition, de nombreuses associations de la société civile, des syndicats et même certains leaders religieux ont décidé de s’opposer à ce projet pour éviter la partition de fait de notre pays. Ils ont réussi à mener, à ce jour, trois grandes actions à savoir une mémorable marche le 17 juin, un meeting grandiose le 1er juillet et la saisine de la Cour constitutionnelle aux fins d’annuler le fameux projet. Face à ces démonstrations de force et prenant prétexte de la saisine de la Cour, le Gouvernement a semblé aller vers l’apaisement, en renonçant à la Date du 9 juillet pour la tenue du referendum. Mais, il a suffi des injonctions du Président Macron, pour qu’IBK souffle le chaud. L’arrêt de la Cour, qui tranche en faveur de la tenue du référendum tout en demandant une seconde lecture du projet de constitution, a relancé le débat et ravivé la tension. Les deux camps ont tous décidé de se lancer dans la campagne de séduction de l’électorat. Des associations pour le Oui sont créées et le parti présidentiel montre ses muscles et multiplie les déclarations viriles, avec un grand renfort médiatique et des moyens substantiels de l’Etat pour ratisser large à Bamako comme à l’intérieur du pays. Pour sa part, le camp du Non reste requinqué par les deux grandes manifestations que bon nombre d’observateurs ont qualifié d’historique. Il projette de récidiver, d’où son appel à une grande marche synchronisée avec les régions et certaines capitales occidentales. La tension monte chaque jour d’un cran, pendant que les positions se figent. La constitution, symbole du consensus nationale divise aujourd’hui les Maliens.