Cette fois-ci, le gouvernement n’a pas été atteint d’autisme au point de ne pas entendre le cri de détresse d’une partie de la classe politique et de la société civile. Il aurait accepté la demande de report des législatives, formulée par l’Opposition. Ce report, même s’il n’est pas officiellement la résultante de la pression menée par les opposants, serait un pas de géant vers la décrispation de la délétère situation politique. Il devrait également ouvrir la voie du dialogue entre toutes les parties prenantes du jeu politique malien afin de trouver une issue heureuse à la querelle byzantine consécutive à l’élection présidentielle. Cette élection, qui a donné lieu à des contestations et des manifestations, a divisé la classe politique en deux camps qui se regardent en chiens de faïence, entrainant la paralysie des activités socio-économiques.
Le gouvernement justifierait ce report par deux raisons : l’opérationnalisation des nouvelles régions et la grève des magistrats qui empêche les candidats de se procurer de deux précieux sésames indispensables pour candidater, que sont le casier judiciaire et le certificat de nationalité. D’autres raisons sont liées à la non-pacification du centre et du nord permettant la tenue des élections sur toute l’étendue du territoire.
Le report serait, également, dû à la pression de l’Opposition qui devient de plus en plus intenable, surtout avec la création d’un nouveau front, dénommé le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD). Un Front qui menace d’utiliser tous les moyens juridiques et politiques pour empêcher la tenue des législatives. Une autre raison, qui serait d’ailleurs la plus plausible, pourrait être une véritable crise de trésorerie. Les caisses de l’Etat sont vides et le gouvernement fait face à une montée du mercure social due aux revendications socioprofessionnelles et politiques. Alors, pour ne pas ajouter une crise à une autre, le gouvernement aurait jugé opportun de reporter le scrutin afin de donner une nouvelle chance au dialogue pour résoudra la crise sociopolitique.
En somme, au Mali, il y a certainement un manque de leadership affirmé et de dialogue véritable entre les acteurs du jeu politique. La résolution de la grave crise qui sévit au Mali depuis 2012, malgré son aspect multidimensionnel, n’est pas au-dessus du peuple malien qui a une grande capacité de résilience.
Youssouf Sissoko