Véritable coup de tonnerre à l’ADEMA, quand le lundi 28 mai 2018, le Comité exécutif, CE, a décidé d’exclure Dramane Dembélé de toutes les structures du parti pour acte d’indiscipline après s’être auto-investi candidat du parti de l’Abeille à la présidentielle. Le communiqué le sanctionnant a été lu par la présentatrice du journal de 20 heures et était signé du Président de l’ADEMA, Tiémoko Sangaré. Par cet acte, le premier responsable du parti de l’Abeille semble ouvrir la boite de pandore et nul ne saurait mesurer les conséquences de cette décision sur l’avenir immédiat du parti. Comment en est-on arrivé à cette extrémité surtout pour un parti qui a connu beaucoup de soubresauts ? Les faits remontent à la dernière conférence extraordinaire du 19 mai 2018 qui avait un seul point à l’ordre du jour à savoir départager les deux positions, celle du soutien dès le premier tour à IBK ou la mise en œuvre de l’une des recommandations de la 15ème conférence nationale, relative à la désignation d’un candidat à l’interne pour la présidentielle de 2018. Après plus de huit heures de débats, il n y a pas eu de compromis. Alors, l’un des principes de la démocratie étant la dictature de la majorité, il était tout à fait indiqué de soumettre les deux positions au suffrage des délégués dûment mandatés. A la surprise de beaucoup de participants, le président de l’ADEMA aurait opposé un niet catégorique au vote et décida de procéder par acclamation pour adopter la décision du soutien à IBK. Face à une décision qui s’apparenterait à un coup de force, le militant ne serait-il pas en droit de désobéir ? Car la décision de soutenir IBK dès le premier tour violerait les principes élémentaires de la démocratie. De l’avis de beaucoup d’observateurs, la décision d’exclure Dramane Dembélé est inopportune, injuste, illégitime, illégale, car s’il y a violation des textes, elle a été commise par ceux qui ont sanctionné Dramane Dembélé et non le contraire. Il est certain que l’exclu répondra.
Alors, c’est une véritable bataille politico-juridique qui serait enclenchée entre les deux camps. Ce combat, dont nul ne pourra prédire les conséquences, approfondirait non seulement la crise au sein du parti, mais aussi et surtout désemparerait les militants. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que d’autres militants ou structures de l’ADEMA connaitront le même sort que Dramane Dembélé, parce qu’ils ne respecteront jamais une décision qu’ils ont jugée anti-statutaire. Dans ce combat dont l’issue est incertaine, c’est désormais une course de vitesse entre les deux camps rivaux pour faire adhérer la base de l’ADEMA à leur désidérata. De source bien informée, en plus de Dramane Dembélé et de Kalfa Sanogo, il y aurait un autre groupe composé des caciques de l’ADEMA, qui s’organise pour constituer un quatrième front et serait acquis à la cause de l’opposition. Aujourd’hui, nombreux sont les observateurs de la scène politique qui pensent que la tendance de l’ADEMA qui soutient IBK est une coquille vide.
Finalement, le Président de l’ADEMA, en apposant sa signature sur la décision d’exclusion de Dramane Dembélé de toutes les structures, semble ouvrir une crise qui pourrait être gravissime pour l’avenir du parti.
Youssouf Sissoko