Jamais le second tour d’une élection présidentielle française n’aura suscité autant de passions, de commentaires que celle de 2017. La raison est qu’elle oppose deux France. D’une part, celle de la « commande nationale », de la sortie de l’Union Européenne et de l’Euro, de l’anti immigration et de la fermeture des frontières, incarnée par Marine Le Pen du Front National.
Et d’autre part, la France de la mondialisation, de l’ouverture, du libéralisme assumé, qu’incarne Emmanuel Macron du mouvement En Marche. La particularité de ce second tour est qu’il se disputera entre les deux gros outsiders et en absence des deux grands partis traditionnels, Gauche et Droite, d’où le suspense. Pendant deux semaines, les deux finalistes ont rivalisé d’ardeur dans leur choc d’idées pour séduire les électeurs des candidats sortis dès le premier tour et ceux, plus nombreux, que sont les indécis.
Malgré les sondages et les appels à voter en faveur d’Emmanuel Macron, le match est loin d’être plié, rien qu’à en juger par le débat du mercredi et les thématiques développées par Marine Le Pen. Mme Le Pen a joué tout au long de sa campagne sur la fibre patriotique, avec comme slogan la « commande nationale ». Elle s’est dite défenseur des valeurs de la France libre et a dépeint son adversaire Macron comme étant le représentant « de l’oligarchie ».
Elle a promis une lutte implacable contre le terrorisme, par la reconduction dans leurs pays d’origine de tous les étrangers Fichés « S » (personnes à surveiller par la Police) et de les traduire devant les tribunaux s’ils sont français. Elle s’est, en outre, engagée devant le Peuple français à lutter contre l’immigration illégale et à le protéger contre la mondialisation sauvage. Par contre, son adversaire Macron est pour une France forte dans une Europe Unie, prospère et ouverte aux autres pays du monde défendant les mêmes valeurs républicaines.
Il a accusé son adversaire Marine Le Pen d’attiser la haine et de prôner le communautarisme, et a proposé un pacte républicain à l’ensemble des forces politiques françaises, toutes tendances confondues et qui défendent les valeurs de la République et de la Démocratie, d’où les multiples appels à voter pour lui.
Quant au débat télévisé du mercredi 03 mai, à défaut de renverser la tendance, il a permis aux protagonistes d’exposer aux Français leur vision du pays, de son économie, de sa sécurité et de ses relations internationales, et aussi d’étaler leurs divergences sur toutes les préoccupations nationales. Le dernier mot reviendra aux 47 millions d’électeurs français ce dimanche 7 mai 2017. Ils ont la lourde responsabilité de changer le cours de l’histoire de la France. Ils l’ont déjà amorcé en propulsant au second tour les deux candidats de la « nouvelle France », mais aux idées et au parcours politiques antinomiques.
Youssouf Sissoko
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