Mot de la semaine : Armée

Les Forces Armées du Mali auront 56 ans demain vendredi 20 Janvier 2017. Que des chemins parcourus, que de victoires engrangées sur les théâtres d’opérations au Mali, en Afrique et même dans le reste du monde. Mais que de péchés mignons commis en s’invitant dans la gestion quotidienne de l’Etat et en se substituant aux hommes politiques pour gouverner la cité.

La grande muette qui a fait notre fierté sous la houlette du général Abdoulaye Soumaré, l’un de ses pères fondateurs, est tombée deux fois très bas par la faute de certains éléments qui ont agi en son nom. D’abord un certain 19 novembre 1968, une junte d’officiers et de sous-officiers avec à sa tête le lieutenant Moussa Traoré, mettra fin au rêve malien en pleine construction pendant 8 ans auparavant. Rêve d’un pays débout, digne et fier, totalement indépendant de la France avec sa monnaie et son armée.

Rêve enfin de retrouver sa dignité et son honneur bafoués plus d’un demi-siècle de colonisation. Moussa Traoré, Kissima Doukara, Tiécoro Bagayoko, Missa Koné, Charles Samba Sissoko pour ne citer que les plus tonitruants, à la solde de la France mettront un coup d’arrêt au processus de démocratisation et de décolonisation des mentalités en s’emparant d’un exercice du pouvoir auquel ils n’étaient pas préparés faisant du Mali un Etat sans vision pendant plus de deux décennies.

Il aura fallu un soulèvement populaire maté à la Bismarck par le fer et dans le sang, pour venir à bout des 23 ans de bavures, d’ostracisme et d’incivisme insolent couplé à une dictature militaire et de règlement de comptes sans précédent. La victoire du Peuple n’aura été possible que grâce à la frange républicaine de l’Armée qui décida courageusement de mettre fin à la boucherie et de remettre le pouvoir aux civils. Cet acte de l’Armée que d’aucuns qualifièrent de coup d’Etat, n’était en réalité que le parachèvement du combat démocratique de tout un peuple contre ses gouvernants.

Cependant, malgré les excuses officielles de l’Armée à son peuple, en dépit de l’engagement pris par elle lors de la Conférence Nationale Souveraine, malgré la condamnation en des termes très clairs du coup d’Etat dans la Constitution du 25 Février 1992, une autre junte conduite cette fois-ci par un capitaine inconnu, Amadou Haya Sanogo, perpétra le coup d’Etat de trop, sans nul doute le plus stupide au monde, un 22 mars 2012 à moins de deux mois de la fin officielle du mandat du Président démocratiquement élu.

Ces deux coups d’Etat à savoir, celui du 19 novembre 1968 et du 22 mars 2012 ont été les deux grosses taches noires qui ont assombri la splendide image de l’Armée malienne qui jouissait jadis d’une estime et d’un respect, mêlés à de la crainte de tous ses voisins à cause de sa vaillance, de son professionnalisme et de son sens élevé de la patrie. Sur les théâtres d’opération, en dehors du territoire malien, les militaires maliens avaient fait preuve de discipline et de professionnalisme. Mais 56 ans après sa création, les valeurs qui ont fait sa gloire, doivent renaitre des cendres fumantes de ses errements pour qu’elle devienne à nouveau une armée républicaine, capable de défendre et de sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali contre tous ces groupes venus d’ailleurs pour sonner le glas à notre unité.

En somme, l’Armée malienne connue sous la nouvelle appellation des FAMA, devrai mettre ce 56ième anniversaire à profit pour faire sa profonde introspection afin d’extirper de ses rangs toutes ces mauvaises graines qui souillent à répétition son image. Elle doit faire son bilan de 56 ans après l’indépendance en examinant sans complaisance son parcours et en proposant aux gouvernants et aux décideurs politiques un plan d’amélioration des conditions de vie et de travail pour que l’armée devienne plus professionnelle et une Armée Républicaine et de développement.