Un membre des forces irakiennes tire avec une arme anti-aérienne lors de l’offensive pour reprendre la vieille ville de Mossoul aux jihadistes de l’EI, le 19 juin 2017 / © AFP / AHMAD AL-RUBAYE
Les troupes irakiennes poursuivent une difficile bataille pour reprendre la Vieille ville de Mossoul, dans laquelle elles sont entrées lundi, appelant les civils à rester à l’abri et les jihadistes à se rendre.
Les forces de l’armée, du contre-terrorisme (CTS) et de la police fédérale sont parvenues à pénétrer de quelques mètres dans la Vieille ville au prix de combats acharnés avec les combattants de l’organisation Etat islamique (EI) qui « opposent une résistance farouche », a indiqué à l’AFP le général irakien Maan al-Saadi.
« C’est la bataille la plus dangereuse en raison de la configuration de la Vieille ville et de l’importante densité de population », a-t-il ajouté.
Quelque 100.000 civils y sont « retenus comme boucliers humains » par les jihadistes, a indiqué l’ONU, alors que des ONG ont exprimé leurs craintes face aux risques encourus par les habitants assiégés et manquant de tout.
Face aux explosions et aux tirs incessants, le capitaine Ahmed Jassem du CTS se met à l’abri à la lisière de la Vieille ville.
« Nous ne pouvons faire entrer nos véhicules dans les rues étroites mais (les jihadistes) ne peuvent pas non plus nous lancer des voitures piégées. Ils peuvent recourir aux motos piégées et à des bombes artisanales placées sur des jouets téléguidées », dit-il.
Huit mois après le début de l’offensive pour reprendre Mossoul, deuxième ville d’Irak, les forces gouvernementales soutenues par la coalition internationale conduite par les Etats-Unis ont lancé dimanche l’assaut final contre la Vieille ville pour chasser les jihadistes de leur dernier grand fief urbain en Irak.
Une reprise de ce secteur permettrait aux troupes de contrôler la totalité de la métropole septentrionale tombée en juin 2014 aux mains de l’EI.
Trois journalistes français qui accompagnaient les forces spéciales ont été blessés lors de l’explosion d’une mine, et leur « fixeur » kurde a été tué, a annoncé lundi France Télévisions, qui groupe les chaînes de télévision publiques françaises.
France Télévisions a annoncé mardi que l’un de ces trois journalistes français, Stephan Villeneuve, était décédé des suites de ses blessures.
– ‘Se rendre ou mourir’ –
Dimanche soir, des hélicoptères irakiens ont largué quelque 500.000 tracts au dessus de Mossoul, annonçant aux habitants « l’encerclement de toutes parts de la Vieille ville et le début de l’assaut à partir de toutes les directions ».
« Restez à l’écart des endroits publics et profitez de toute occasion pour venir vers les forces irakiennes pour éviter d’être utilisés comme boucliers humains », est-il écrit.
Déployés près de la grande mosquée sur la partie est de Mossoul contrôlée par le pouvoir, face à la Vieille ville, des véhicules Humvee ont lancé des appels via haut-parleurs.
« Les forces irakiennes sont sur le point de mettre fin à vos souffrances. L’est et l’ouest de Mossoul seront bientôt de nouveau réunis », dit le message à l’adresse des habitants encerclés.
Aux jihadistes, le message donne le choix de « se rendre ou de mourir ».
Selon le général Saadi, un commandant du CTS, les troupes ont pris « des positions dans le quartier Farouq. Les jihadistes ont bloqué toutes les entrées de la Vieille ville, posé des engins explosifs et piégé des maisons ».
« La présence d’un grand nombre de civils limite fortement notre recours à l’artillerie et notre possibilité de faire appel à l’aviation », a-t-il dit.
– ‘Trop tard’ –
A quelques centaines de mètres de la ligne de front, des habitants sont assis devant leur maison ou se retrouvent devant des magasins ouverts au milieu des ruines.
Avec le soutien crucial de la coalition internationale, les forces irakiennes ont lancé le 17 octobre 2016 l’offensive pour la reprise de Mossoul. Après avoir reconquis fin janvier la partie orientale, elles ont lancé en février la bataille pour reprendre l’ouest dont elles contrôlent actuellement 90%, selon l’armée.
L’ONG International Rescue Committee a averti que les civils allaient « vivre des moments terrifiants ». Save The Children s’inquiète du sort de quelque 50.000 enfants qui n’ont nulle part où se cacher ou s’échapper et n’ont plus d’eau ni de nourriture ».
« Nous recevons des dizaines de nouveaux patients tous les jours. Pour un grand nombre d’entre eux, il était tout simplement trop tard, ils sont morts en arrivant ici », témoigne Julia Schürch, médecin auprès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) déployée à Mossoul-Ouest.
Aucun bilan global de pertes civiles dans l’offensive n’a pu être obtenu, même si certaines sources ont évoqué des centaines de morts.
Malgré ses reculs sur le terrain –l’EI est également la cible d’une offensive majeure dans son fief de Raqa en Syrie–, l’organisation extrémiste parvient néanmoins à frapper en menant des attentats meurtriers à travers le monde.
(©AFP / 20 juin 2017 07h59)