Iyad Ag Ali a dû entendre siffler ses oreilles depuis quelques jours. Et c’est une douce caresse pour le chef jihadiste que plus d’un pendrait allègrement à un croc de boucher par ces temps. Y compris, le Premier ministre français, auteur d’une déclaration de guerre contre le fauteur de paix, signant ainsi un des rares moments-phares d’une visite sahélienne aux mobiles officiels fragiles. Iyad Ag Ali mérite une levée de boucliers. Il lui est reproché d’être le chef de la rébellion qui a secoué le Nord malien dans les années 1990. Ensuite, il a été accusé d’être le cerveau de la dissidence d’Ag Bahanga tout comme le marionnettiste derrière le sanguinaire Abdelkrim.
Depuis 2003 où il a joué un rôle officiel dans la libération des occidentaux alors détenus par El Para, il passait pour l’un des animateurs de l’horrible industrie du rapt qui avait sanctuarisé le Nord du Mali. Plus récemment, il a été indexé pour les hécatombes d’Aguel Hock et de Konna ainsi que les nombreuses attaques revendiquées par Ansardine à Nara, Kidal, Tombouctou et dans le Sud du pays. Négocier avec lui pour que soient rembarrés des fusils qui font un carnage chez nos compatriotes civils ou militaires comme dans les forces internationales ?
Hors de question, pour les chancelleries et les décideurs locaux. En même temps, les forces de l’Onu et du Mali tombent à Kidal, Tombouctou, Gao, avec une régularité inquiétante depuis six mois. Comme si Iyad Ag Ali et les autres chefs de Khatibat (Belmoktar, Abouhamam, sans parler des jihadistes peul) étaient en train de reprendre du poil de la bête au nez et à la barbe de ceux qui ont vocation à les éliminer. Qui ravitaille l’ennemi public numéro un qu’est Iyad ? Personne. Où se cache t-il ? Nul ne le sait. Qui peut le plus facilement aider à le débusquer. Personne. Il se métastase et menace de déstabiliser les régions de Mopti et de Ségou ? Oui, mais hors de question de prendre langue avec des jihadistes qui, c’est paradoxal mais évident, sont plus populaires au Nord que la Cma et le Mnla !
Adam Thiam