rencontre avec une délégation des membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies
Réf.: V/MINUSMA/SRSG/CNAS/018-2016 du 3/03/2016
Nous avons l’honneur d’accuser réception de votre lettre d’invitation à une rencontre avec une délégation des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU dans le cadre de l’évaluation de l’état de mise en œuvre de l’Accord d’Alger.
En réponse, nous souhaitons vous rappeler que, tout en optant clairement pour un processus politique conduit dans la fermeté et avec esprit de suite par un Etat central fort, tourné vers le développement durable, capable de conduire l’inévitable effort de démocratisation de certaines communautés du Nord et s’appuyant sur un dialogue intra et intercommunautaire comme proposé par le Manifeste pour la Nation et le Manifeste de la Nation adoptés respectivement en décembre 2012 et en février 2015 par l’essentiel de la classe politique et de la société civile du Mali (documents disponibles sur notre site internet à l’adresse zou2012.com), la CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) ainsi que l’ADPS (l’Alliance des Démocrates Patriotes pour la Sortie de crise), le regroupement politique dont nous sommes membres, ont clairement et publiquement fait savoir leur rejet catégorique et sans appel de l’Accord d’Alger aux principaux motifs suivants:
1. Analyse erronée et biaisée occultant les causes profondes (racisme, survivances féodales et esclavagistes, irrédentisme sur fond de convoitise étrangère des ressources stratégiques de la zone, changement climatique, etc. etc.) de la crise récurrente dans le Septentrion malien;
2. Accord déséquilibré, contradictoire et incohérent contenant les germes de son propre échec annonciateur d’une prochaine vague de rébellion;
3. Violation de la Constitution du 12 janvier 1992 et du caractère républicain, démocratique, unitaire et laïc de l’Etat;
4. Légitimation et récompense de la rébellion armée, du jihadisme et du crime organisé dans un contexte démocratique quoiqu’imparfait;
5. Impunité pour les auteurs et complices de graves crimes de guerre, crimes contre l’humanité, violations cruelles de droits humains et violences contre les femmes et les enfants;
6. Création des conditions juridiques, politiques et diplomatiques de la partition du Mali, Etat membre de l’ONU dans des frontières internationalement reconnues, au profit d’une soit disant « Azawad » ;
7. Déstructuration et ‘’ethnicisation’’ des Forces Armées et de Sécurité, accompagnées de dispositions rendant vaine toute idée de cantonnement, a fortiori de désarmement/démobilisation des groupes armés;
8. Négation totale du principe sacrosaint d’appropriation nationale du processus de sortie de crise, notamment à travers la mise à l’écart de l’Assemblée Nationale, du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, de la classe politique et de la société civile. Dans ce contexte, il est symptomatique et peu surprenant que, bien qu’ayant été signé à Bamako, le document continue d’être officiellement et couramment appelé « Accord d’Alger» ;
9. Mise illégale sous tutelle de l’Etat malien, y compris au moyen de l’octroi au médiateur de pouvoirs exorbitant de la pratique normale de la médiation.
Par ailleurs, tout en reconnaissant l’impérieuse nécessité d’un appui militaire international aux efforts des Forces Armées et de Sécurité en vue de la libération complète des régions occupées par la nébuleuse séparatiste, jihadiste et narco criminelle, la CNAS-Faso Hèrè a, dès avril 2012, mis en garde contre le marché de dupes que nous proposerait la communauté internationale et consistant à nous débarrasser des jihadistes pour remettre en selle les séparatistes. Malheureusement, les faits subséquents ont donné raison à la CNAS-Faso Hèrè : résolutions successives du Conseil de Sécurité de l’ONU faisant une distinction irréaliste entre groupes armés « maliens » et groupes terroristes, traitement particulier réservé à Kidal par l’Opération Serval, etc. etc.
S’agissant plus particulièrement de la MINUSMA, la CNAS-Faso Hèrè et l’ADPS ont toujours dénoncé l’inadéquation de ses mandats successifs et réclamé une redéfinition du mandat de la Force Onusienne pour en faire un moyen plus robuste d’appui aux Forces Armées et de Sécurité du Mali dans la lutte pour l’éradication de toutes les forces négatives mettant à mal l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Mali ainsi que le caractère républicain, démocratique, laïc et unitaire de l’Etat malien tel que le prescrit la Constitution de janvier 1992.
La CNAS-Faso Hèrè a, en outre, fortement recommandé que la MINUSMA soit dotée d’une ‘’exit strategy’’ et s’abstienne d’entreprendre toutes actions ‘’humanitaires ou de développement’’ relevant normalement et habituellement des compétences de l’Etat malien ou des Agences et Institutions spécialisées du système des Nations Unies.
A la lumière de ce qui précède et en harmonie avec son engagement ferme pour la restauration complète et sans condition de l’intégrité territoriale et de la concorde nationale ainsi que pour la sauvegarde du caractère républicain, laïc et unitaire de l’Etat souverain et le renforcement du processus démocratique au Mali, la CNAS-Faso Hèrè n’entend prendre part à aucune activité liée à la mise en œuvre du mauvais Accord qu’est l’Accord d’Alger.
Tout en vous marquant notre disponibilité pour échanger avec vous ou toutes autres autorités de l’ONU sur les voies et moyens les plus efficaces de renforcer la stabilité, la sécurité, l’ancrage démocratique et le développement durable au Mali, dans la sous-région et en Afrique en général, nous vous prions d’accepter, Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, l’expression de notre considération distinguée.
Bamako, le 7 mars 2016