Visiblement, cette pratique en cette période de Ramadan n’est pas un phénomène que la société malienne est prête à abandonner. Le repas spécial dans l’esprit de toutes les femmes mariées est une épreuve de visibilité dans la grande famille africaine. C’est une pratique inspirée de la tradition mais qui est devenu un fardeau pour les belles filles.
Au-delà d’une pratique qui avait comme objectif originel l’entre-aide entre musulmans durant le mois de ramadan, elle est aujourd’hui devenue une obligation chez la bru à l’endroit de sa belle famille. « Il n’existe pas de belle fille qui, à l’approche du mois de ramadan, ne s’échine à rassembler de quoi honorer sa belle famille », informe Kadi, mariée depuis plus de cinq ans. Pour cette dame, ne pas honorer cet engagement, ou plutôt ce devoir, serait synonyme d’indifférence de cette dernière vis-à-vis de la famille de l’élu de son cœur. Sur la liste, Il faut noter la maman, la sœur, le père et parfois même les parents des amis proches du mari… Aussi, même l’argent en liquide est de plus en plus accepté dans cette tradition qui prend petit à petit de l’ampleur. «L’année passée, j’avais dépensé 50.000 mille francs pour le repas de ma belle famille. J’ai une coépouse qui est issue d’une famille riche mais qui, pourtant, offre un repas assez sobre.
Mais, pour ce qui me concerne, mon intégration chez mes beaux-parents est passée par les succulents repas et autres cadeaux que j’offre à ma belle mère », confie une dame. Si j’ai les faveurs de ma belle mère, c’est parce que je ne lésine pas sur la somme à dépenser. Finalement, ma coépouse qui jouait à la toubab faisait toujours semblant d’ignorer mes gestes de bienfaisance envers ma belle famille. Mais quand mon mari a fini par apprécier mes largesses envers ses proches, ma coépouse, conseillée par sa mère, a voulu revenir en arrière et faire comme moi. Mais c’était trop tard » se glorifie notre interlocutrice qui se dit contente d’avoir ainsi « chassé » de façon indirecte sa coépouse. Selon M. Y, ce phénomène est perçu comme une ‘obligation sociale’.
Cette dame, âgée de 45 ans, explique : « Moi, je le fais à ma façon. A chaque début du mois de Ramadan, je donne à mes belles-sœurs dix mille francs chacune. Et pour ma belle-maman, je prépare un bon méchoui ensuite je l’amène chez elle. Certes, il y a la conjoncture, mais il s’agit d’une réalité qu’il faut toujours prendre en considération, au risque d’être mal vu. Pour d’autres, par contre, c’est tout simplement pour faire plaisir à leurs belles-familles afin de bénéficier d’une aura auprès de celles-ci à la grande satisfaction de l’époux ». Fonctionnaire, Sadio estime que ce repas ne doit pas constituer une priorité, vu la crise que le pays traverse. « J’ai d’autres choses à faire que de donner le repas à la belle famille », assène-t-elle sans détours.
Les époux contribuent principalement à la réalisation de ce repas spécial. Selon Yaya, il débourse gros chaque année. Le repas cadeau de cette famille est offert dès la première semaine du mois sacré. «Mes parents sont habitués à recevoir mes plats. Je lutte pour maintenir la tradition que j’ai instaurée», commente sa femme qui estime qu’on doit toujours préparer ce repas selon ses moyens.
Mais le mois de ramadan n’étant pas le seul mois de l’année tâchons de ne pas faire des folies que l’on pourrait regretter amèrement.
Adiaratou Sangaré
Le 22 Septembre 21/08/2011