Maintenir le prix du kilo du sucre à 600 Fcfa, c’est le défi du gouvernement pour le mois de carême qui s’installera dans quelques jours. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement, à travers le département de l’Industrie, des investissements et du commerce, multiplie des initiatives dont les visites aux usines de sucre de Dougabougou et se Séribala, mais aussi des exonérations d’importations. Ce n’est pas une première et d’habitude les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Alors place au doute et à un risque certain de pénurie du sucre ou alors de hausse des prix de ce produit incontournable.
De façon générale, les prix des produits de première nécessité comme le lait, le sucre, les céréales, l’huile prennent l’ascenseur pendant le mois de carême. Cela est sans doute dû à une forte demande, mais aussi à l’inobservation de certaines normes en matière de régulation des marchés. Pour répondre à l’attente des populations pendant cette période, le gouvernement a prévu des exonérations sur 60.000 tonnes de riz.
Déjà des voix s’élèvent dans le milieu des opérateurs économiques pour crier à une injustice dans la répartition desdites exonérations, au manque de transparence et au favoritisme. Aux opérateurs qui bénéficient habituellement de ce type de faveur accordé par l’Etat comme Bakoré Sylla, Modibo Kéita, Amadou Djigué, « le gouvernement a adjoint deux ou trois autres opérateurs cette année, mais cela ne s’est pas passé dans la transparence », se lamentent certains qui reprochent au ministre Niamato Bâ de ne rien faire pour mettre fin au monopole de fait qu’elle a trouvé en place, alors qu’elle avait été annoncée comme une dame de fer qui allait bousculer des habitudes.
Conséquences, disent-ils, les mêmes causes vont provoquer les mêmes effets, « il y aura pénurie ou dans une moindre mesure la hausse non maîtrisée des prix, car ces opérateurs ne sacrifieront pas leurs « habitudes », de créer une « crise artificielle » et de « vendre plus cher ». Ils gagnent et ce sont les populations, des musulmans qui vont souffrir de cette « pratique anti-islamique » pendant le carême. Quand au sucre, le gouvernement mettra l’accent principalement sur la production nationale de sucre par Sukala- Sa qui est cédée aux opérateurs du secteur comme GGB, GDCM, SODIMA, SMA, SOMAYAF, Djigué SA.
Les autres qui opèrent dans ce secteur doivent payer 50 000 Fcfa, la tonne à l’importation. La visite du ministre de l’Industrie, des investissements et du commerce, Mme Sangaré Niamato Ba, des 11 et 12 juillet, dans la région la région de Ségou, nous informe sur la disponibilité de 10 800 tonnes de sucre local stockées dans les magasins de Sukala Sa. Ce sucre sera mis sur le marché dans la perspective du mois de carême et devra couter 600 FCFA au lieu du prix actuel qui est de 650 FCFA. Cette mesure vise à traduire dans la réalité la volonté du président de la République qui a instruit au gouvernement de prendre les mesures pour assurer l’approvisionnement correct du marché et de veiller à ce que les prix soient compatibles avec les revenus des Maliens. En application de cette mesure, le gouvernement a donné instruction à la Direction générale de Sukala -Sa de stocker pour le mois de carême 10 800 tonnes de sucre, sur les 36 000 produits par la société.
Ainsi, la visite du ministre de l’Industrie, des investissements et du commerce à Ségou visait à constater de visu l’effectivité de ce stock. La délégation ministérielle s’est rendue dans les deux usines de Sukala Sa, à Siribala et à Dougabougou en zone Office du Niger en compagnie de la Directrice générale de Sukala – Sa, Mme Lu Xing Fen et son adjoint Mahamane Traoré. La société sucrière emploie 1 200 travailleurs permanents, des milliers de saisonniers et a réalisé, en 2010, un chiffre d’affaires de 15 milliards de FCFA. Selon les prévisions du gouvernement, ce sucre doit être réparti sur l’ensemble du territoire national à raison de 1000 tonnes par région. Ces 10 800 tonnes viendront s’ajouter au sucre disponible sur le marché ce qui devra normalement couvrir le besoin du mois de carême, sachant que la consommation moyenne de sucre par mois en temps normal est de 12 000 tonnes. Cette année, les opérateurs sauront-ils faire mentir les pronostics ? Rien n’est moins sûr.
B. Daou
Le Républicain 15/07/2011