La place est devenue le symbole du soulèvement qui a poussé l’ancien président Hosni Moubarak à la démission en février 2011. Les autorités avaient renforcé le dispositif de sécurité dans les rues du Caire et aux abords des principaux édifices publics dans la crainte de violences. L’annonce des résultats, reportée de plusieurs jours en raison des nombreux recours déposés par les candidats, est intervenue dans un climat de tension, Mohammed Morsi et son rival ayant tous deux revendiqué la victoire.
Mohammed Morsi, 60 ans, est un ingénieur de formation, notamment diplômé de l’Université de Californie du Sud, qui a été plusieurs fois député sous le régime Moubarak. Il avait dû remplacer au pied levé Khaïrat al-Chater, le stratège et No2 de la confrérie, dont la candidature à la présidentielle avait été invalidée. Il a défendu sans originalité la plateforme des Frères musulmans: lutter contre la corruption des institutions, placer l’Etat sous le signe de l’Islam. Se présentant également comme le seul candidat à pouvoir prévenir le retour de l’ancien régime, il était arrivé en tête du premier tour des 23 et 24 mai, mais de peu, avec près de 25% des suffrages, soit 5,6 millions de voix. Son adversaire, Ahmed Shafiq, avait créé la surprise en se classant deuxième avec près de 24% des suffrages, soit 5,3 millions de voix. Ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air, puis ministre de l’Aviation civile, il avait été le dernier Premier ministre du raïs Hosni Moubarak.
Désigné à ce poste le 28 janvier dernier, il avait été limogé le 3 mars par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la démission de Moubarak, alors que de grandes manifestations continuaient d’agiter la place Tahrir au Caire. Agé de 70 ans, M. Shafiq, présenté par l’opposition comme un homme de l’armée, avait bâti sa campagne électorale autour d’une image d’homme fort soucieux de stabiliser le pays, promettant de rétablir rapidement la loi et l’ordre et mettant en garde contre des Frères musulmans soupçonnés de vouloir établir des règles religieuses trop strictes. Après le premier tour, il avait tenté d’enlever l’étiquette de candidat de l’ancien régime en vantant la « glorieuse révolution » égyptienne.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis la chute de l’ex-président Hosni Moubarak a réaffirmé la semaine dernière son engagement à transmettre le pouvoir d’ici le 30 juin, comme prévu, au président élu. Mais le CSFA a rendu public le 17 juin, juste après la fermeture des bureaux de vote, une déclaration constitutionnelle par intérim limitant les pouvoirs du futur chef de l’Etat. Les militaires ont déjà repris le pouvoir législatif après la dissolution le 14 juin du Parlement par le Conseil suprême constitutionnel, qui a entraîné la disparition de l’Assemblée constituante. Principale force politique du pays, les Frères musulmans se sont retrouvés ainsi sans représentation parlementaire, eux qui avaient obtenu près de la moitié des sièges de députés. La confrérie islamiste, avec d’autres responsables de l’opposition, a dénoncé « un coup d’Etat contre le processus (de transition) démocratique ».
AP mw/sb (AP / 24.06.2012 16h54)