MOHAMED YOUSSOUF BATHILY, PORTE-PAROLE DU CDR « Si IBK est un délinquant en France, c’est un patriote convaincu au Mali »

MOHAMED YOUSSOUF BATHILY

Lors de la signature de paix pour la paix et la réconciliation au Mali, le 15 mai dernier à Bamako, l’Union européenne et le Conseil de sécurité des Nations unies ont émis le souhait d’une possible réouverture des négociations avec la Coordination des mouvements de l’Azawad sur le document issu du processus d’Alger. Pour le Collectif des républicains, « c’est une volteface des partenaires ».

A la faveur d’un point de presse tenu mercredi dernier au Carrefour des jeunes, le mouvement a exprimé son opposition à toute négociation mettant en cause le caractère équilibré du document.

« Le respect des engagements est très important dans le processus. Nous sommes aujourd’hui dans l’embarras lorsque la France fait pression sur le gouvernement pour qu’il revienne sur la table. Or, c’est la même France qui a demandé à toutes les parties de signer un accord le plutôt possible », s’est insurgé le porte-parole du Collectif, Mohamed Youssouf Bathily.

« Le Collectif pour la défense de la République, composé les Sofas de la République, le Réseau handicap et développement, la Nouvelle force africaine, le Syndicat national des transporteurs, le Syndicat national des ouvriers industriels et les républicains, est plus que jamais dans un combat de mise en œuvre de l’accord. Il a inscrit à l’ordre du jour la question de cet accord dans sa campagne pour la préservation de l’intégrité du territoire, de l’exercice plein et absolu de la souveraineté sur toute l’étendue du territoire national et le respect de la volonté du peuple. C’est pourquoi nous exigeons le retour de l’armée malienne à Kidal… », a-t-il affirmé.

S’agissant de l’article de Mediapart, il a été on ne peut plus formel : « Merci Mediapart d’avoir contribué à l’unité du peuple derrière ses autorités pour la défense de la République. Plus rien ne nous divisera autour des questions essentielles ». « Au nom de la souveraineté, la France devait avoir un peu de respect au Mali. Si IBK n’avait pas craché ses vérités, Mediapart n’allait pas diffuser ses informations dites révélations », a-t-il dit.

Vers le boycott des produits français

Le Collectif pour la défense de la République ne compte pas rester dans une dynamique de passivité. « Si la France persiste dans son néocolonialisme, le CDR ne sera pas complice de ses manœuvres. Nous allons répondre à ses agissements selon nos plans d’actions. En plus des marches de protestations et conférence de presse, nous allons lancer bientôt une grande campagne de boycott des produits français », a-t-il annoncé.

Pour le porte-parole du CDR, cette campagne est une manière, pour le Collectif, de manifester son soutien au gouvernement et à l’armée malienne. L’action appelant à boycotter les produits français sera inscrite dans la durée et visera à changer la mentalité des Maliens à se manifester contre tout pays qui serait soupçonné de ne pas défendre les intérêts du Mali dans la résolution de la crise du Nord.

« Nous ne sommes pas là en train de faire la politique, mais défendre le gouvernement contre les ennemis du pays. Il s’agit tout simplement de dénoncer le soutien de la France aux apatrides de CMA. Il faut que les Maliens qui travaillent dans les entreprises concernées comprennent que cette action n’est pas contre leurs intérêts, mais c’est une question de patriotisme », a déclaré M. Bathily.

Le CDR à l’école de Martin Luther King

La stratégie de boycott adoptée par le Collectif pour la défense de la République s’inspire de celle initiée par le Mahatma Gandhi ou Martin Luther King. Mahatma Gandhi, après l’évaluation des rapports de force entre son pays et son ancien colonisateur, l’Angleterre, a prôné la tactique du boycott des produits anglais comme réplique et moyens de pression. Au bout de 2 mois, l’Angleterre a renoncé à sa prétention de mainmise sur les richesses indiennes et accordera l’indépendance à l’Inde.

A la suite de l’inculpation et de la condamnation de la dame noire Rosa Park pour avoir refusé de céder sa place dans le bus à un jeune Blanc, comme l’exigeait la loi ségrégationniste au sud des Etats-Unis d’Amérique, Martin Luther King, a poussé la communauté noire américaine à boycotter les bus en guise de réaction à la décision de justice et en signe de protestation contre la loi ségrégationniste dans les transports, restaurants, cinéma…

Ce boycott a provoqué un séisme économique et obligera Washington à octroyer les droits civiques aux Noirs, dont celui du vote. Conscient de ses atouts, le Collectif pour la défense de la République va lancer un appel au boycott des produits français pour protester contre ce qu’il appelle le soutien de la France agresseurs de la nation malienne.

BréhimaSogoba

Source: L’Indicateur Du Renouveau 29/05/2015