Le Dr Modibo Soumaré, président de l’Upr, a soutenu que de 1992 à nos jours, la fraude électorale est devenue le talon d’Achille de toutes les élections qui ont été organisées dans notre pays. Selon lui, cela a jeté un discrédit sur les hommes politiques du pays. « Ils ressemblent aujourd’hui à des gens qui cherchent des strapontins pour s’enrichir », a-t-il déclaré. Avant d’indiquer qu’en plusieurs points le processus électoral au Mali n’est pas crédible. D’abord en ce qui concerne les inscriptions sur les listes électorales, le Dr Modibo Soumaré a indiqué que si un effort est fait pour inscrire le maximum de Maliens dès l’âge de 18 ans, il a regretté le fait qu’aucun n’effort n’est fait pour radier les personnes décédées.
Conséquence : « Le Mali est un pays où même les morts votent », a-t-il déclaré. Selon lui, il existent des familles où au moins dix morts continuent de voter, parce que des gens bien malins utilisent leurs cartes pour participer aux différentes élections. « Extrapolons cela à l’échelle nationale, vous verrez l’importance de cette fraude », a-t-il suggéré. Avant de se demander ce qu’il y a lieu de faire pour purger nos listes électorales des cas de décès. Il a aussi estimé qu’une autre faille de notre processus électoral est le système de distribution des cartes d’électeurs. Selon lui, le système actuel est budgétivore et surtout inefficace. Il a révélé que les cartes non retirées sont vendues par lot à 10 000 Fcfa.
« Des partis politiques se sont spécialisés dans la fabrication des cartes d’Identité. Pire, ils font voter des gens à qui ils remettent des bulletins déjà marqués à mettre dans les urnes à la place des bulletins du bureau de vote qu’ils doivent remettre vierge contre de l’argent », a-t-il révélé. Il a aussi dénoncé le fait que la cour constitutionnelle se soit érigée en faiseur de députés, par des annulations démesurées de voix.
Pour mettre le Mali à l’abri de graves menaces en 2012, Dr Modibo Soumaré a proposé l’élaboration dans les plus brefs délais d’un fichier électoral fiable et crédible, la distribution des cartes à domicile, l’élimination du vote par témoignages, rendre l’état civil fiable, la moralisation des dépenses publiques, choisir les chefs de bureaux de vote parmi le personnel fonctionnaire de l’Etat pour faciliter l’application des sanctions en cas de défaillance. « Les élections de 2012 deviennent une question de sécurité publique au Mali. Les Maliens ne vont pas accepter qu’on triche pour donner le pouvoir à quelqu’un qui ne devait normalement pas gagner », a-t-il conclu.
Assane Koné
Le Républicain 16/08/2011