Nommé Premier ministre par décret N°2020-0068/PT du 27 septembre 2020, l’ancien ministre des Affaires étrangères n’est pas un inconnu de la scène gouvernementale malienne. Mais, contrairement à Bah Ndaou le président de la Transition dont le choix a été unanimement salué, Moctar apparait, aux yeux des Maliens, comme un piètre personnage, cité dans le rapport de vérification comme une vermine en matière d’irrégularités et de contorsions dans la gestion scabreuse des fonds de l’Etat. Puis, dès sa nomination, des Maliens ont vite fait savoir qu’ils préfèrent Jean-Ives Le Dryan ministre français des Affaires étrangères ou Emmanuel Macron président de l’Hexagone à la Primature qu’à ce diplomate, certes chevronné, mais crachat de différents régimes.
Pourtant titulaire d’une licence de droit public, suivie d’une maîtrise en relations internationales et administration publique obtenues à l’université de Dakar en 1982, M. Moctar Ouane poursuivra ses études, 10 ans plus tard, à l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Paris. De 1995 à 2002, il est nommé ambassadeur et représentant permanent de la mission permanente du Mali auprès des Nations-Unies à New York. En 2004, il est appelé à assumer les fonctions de ministre des Affaires étrangères durant 7 années entre deux mandats du président ATT. Précédemment conseiller diplomatique de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) de 2014 à 2016, il a 64 ans. Monsieur Moctar Ouane, est depuis délégué général à la Paix et à la sécurité auprès de l’UEMOA.
Malgré ce cursus à faire dormir debout, les Maliens ne le porte pas vraiment au cœur. Et pour cause : Moctar Ouane était conseiller diplomatique de GMT jusqu’à mars 1991, quand plus tard, Moussa a su qu’il rendait compte à l’ambassadeur de France de tous ses entretiens avec les autres ambassadeurs jusqu’à sa chute à l’issue de laquelle la France l’a amené à Paris pour faire une formation à la Sorbonne pour 3 ans. De retour au bercail, en 1994, la France fait pression sur Alpha pour le nommer comme Ambassadeur à New York, pour des raisons stratégiques. Car en 1995, le Mali devait siéger comme membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU. Et là, comme le révèlent nos sources, M. Ouane votait systématiquement en faveur des positions françaises. Plus tard, ATT aussi, sous la pression le nomme ministre des Affaires avant que celui-ci ne se confie, en 2007, que c’était le ministre des Affaires étrangères le plus incompétent du Mali depuis l’avènement de la démocratie en 1990. Pire, c’est un agent d’espionnage au service de la France puisque, dès son retour de toutes missions (même quand c’est à Ouagadougou), il achète son billet pour toujours passer par Paris pour rendre compte avant de s’entretenir, à son retour, avec le Président du Mali. Ce comportement frise la malhonnêteté !
C’est cet homme, à qui on a fait appel, qui doit siéger à l’hôtel de la Primature face au fleuve Djoliba. Il a un passé exécrable et un avenir incertain. Les Maliens réclament du nouveau, il ne faut pas fouler notre dignité au pied, chers messieurs du CNSP. Basta ! la junte doit arrêter de se moquer du peuple malien. Nous y reviendrons sur ce cas de séquestration par Ouane quand il était à New York…
Issiaka Sidibé