Mme Sy Kadiatou Sow, ancienne ministre, membre de la Comode

« Si la conférence d’entente nationale n’est pas inclusive, nous nous lèverons contre sa tenue »
Lors de son discours du nouvel an, le 31 décembre passé, Ibrahim Boubacar Keïta, le président de la République du Mali, a indiqué que la Conférence d’entente nationale, une disposition de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, se tiendra en mars 2017. Un jour avant, le 30 décembre, Mme Sy Kadiatou Sow, ancienne ministre du Mali et membre de la Comode mettait en garde le pouvoir : « si la conférence d’entente nationale n’est pas inclusive, nous nous lèverons contre sa tenue ».

A l’occasion de la commémoration du 26ème anniversaire de la marche unitaire du 30 décembre 1990, la Coordination malienne des organisations démocratiques (Comode) a organisé le vendredi 30 décembre 2016 à la Pyramide du Souvenir, une conférence de presse pour faire l’état des lieux de la situation actuelle du Mali. Cette conférence de presse était animée par le secrétaire général de la Comode, Mohamed Touré, en présence du président de la Comode, Ali Nouhoum Diallo, des autres membres de la Comode, dont Mme Sy Kadiatou Sow, des acteurs du mouvement démocratique au Mali comme Tiébilé Dramé et bien d’autres personnalités.

Dans sa déclaration, le conférencier a dénoncé les maux qui minent le pays dont la corruption. Avant d’exiger la présence de l’Etat dans la région de Kidal. Quant à l’ancienne ministre et ancienne gouverneur du district de Bamako, Mme Sy Kadiatou Sow dite Salama, elle a fait savoir que « depuis l’ère 1991, les Maliens n’ont été aussi désespérés et désemparés que sous ce régime. Si ce régime écoutait la population, il changerait de fusil d’épaule. La situation que le président Ibrahim Boubacar Keïta a hérité n’était pas favorable mais il doit mieux faire », a-t-elle dit. Selon elle, le Mali est de fait divisé car la situation de Kidal n’est pas claire.

Pour elle, la Minusma doit exécuter correctement son mandat car certains points ne sont pas en train d’être appliqués. A l’en croire, l’argent public est entrain d’être dilapidé pour des futilités. Elle a souhaité une large concertation nationale, regroupant la société civile, les mouvements signataires de l’accord, la classe politique, le gouvernement malien etc., pour trouver une solution aux maux qui assaillent le pays.

« Si la conférence d’entente nationale n’est pas inclusive, nous nous lèverons contre sa tenue », a-t-elle prévenue
La Comode salue les efforts de préservation des acquis démocratiques du 26 mars 1991 effectués par les patriotes et les démocrates sincères, mais s’interroge sur l’évolution de l’état de la nation qui n’augure pas de perspectives rassurantes pour les Maliens. Sur le plan institutionnel et politique, la coordination dirigée par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Pr Ali N Diallo, indique que depuis la signature de l’accord, aucun acte concret et visible n’a été entrepris dans le sens du retour de la paix dans notre pays. « Que de réunions interminables du Comité de suivi sans issues et sans aucun intérêt pour le peuple Malien qui souffre au quotidien le martyr de ce conflit. Le Comité de suivi de l’accord est à sa treizième session mais reste toujours bloqué. La question des autorités intérimaires apparait comme une décision politique non partagée. Le risque de partition de notre pays tant souhaitée par des irrédentistes dépatriés demeure très élevé.

L’administration publique, encore peu déconcentrée et peu crédible aux yeux des populations tarde à élaborer de stratégies d’anticipation, afin de relever les vrais défis auxquels les populations sont confrontées. A titre d’exemple concret : près de 13 000 fonctionnaires fictifs sont découverts par le contrôle physique des fonctionnaires selon un rapport présente par le ministre en charge de la fonction publique en 2016 ; nonobstant ce dossier reste a ce jour sans suite judiciaire et administrative. L’impunité est- elle devenue la règle de gestion normale de l’administration publique ? », S’interroge le conférencier Mohamed Touré. Selon lui, le front social est en constante ébullition, des grèves de syndicats sont courants dans tous les secteurs de la vie socio-économique. Les conséquences néfastes sur les populations sont incalculables. Sur le plan économique, il a fait savoir que la mauvaise gestion des deniers publics augmente considérablement. « La sécurité n’est pas encore au rendez-vous et le Drapeau National ne flotte toujours pas à Kidal.

Les attaques terroristes et des narcotrafiquants ne fléchissent point. Elles se caractérisent par des actes de violence sur les voies nationales, les hôtels, les camps militaires, les prisons… se soldant très souvent par des morts d’hommes (militaires et civiles) et plusieurs dégâts matériels. Ni la conférence nationale d’entente, ni la Commission Vérité, Justice et Réconciliation Nationale, ni le retour des refugies Maliens ne semblent donner espoir que la victoire de la paix sera à portée de main », a martelé Mohamed Touré. Face à ces dangers qui planent sur le Mali, la Comode en appelle à la responsabilité et l’esprit patriotique de toutes et de tous pour l’organisation d’une conférence d’entente nationale inclusive qui réunit en plus des parties signataires de l’accord toutes les forces politiques et organisations de la société civile du Mali. La Comode exige la libération totale de Kidal et son retour dans un Mali uni, pluriel, laïc et démocratique. Enfin, la Coordination s’engage résolument pour le renforcement de la bonne gouvernance dans un Mali juste et équitable.
Aguibou Sogodogo
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