Qu’est ce que la FAO?
La FAO, de l’acronyme anglais de Food and Agriculture Organisation of the United Nations, est l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Elle joue le rôle de chef de file dans les efforts internationaux de lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde.
La FAO, dont le siège est à Rome, avec des Bureaux dans les différentes régions du monde, est au service à la fois des pays développés et des pays en développement. C’est également une tribune neutre, au sein de laquelle tous les pays se réunissent sur un pied d’égalité pour négocier des accords, conventions et normes et débattre de politiques et stratégies en lien avec l’alimentation et l’agriculture, incluant l’élevage, la pêche, les forêts.
La FAO est également une source de savoir et d’informations sur ces domaines. Elle aide les pays en développement et les pays en transition à moderniser et à améliorer les pratiques agricoles, forestières et halieutiques, pour garantir une bonne alimentation et une bonne nutrition pour tous.
Depuis sa création, en 1945, elle a consacré une attention particulière au développement des zones rurales, où vivent plus ou moins 70% des populations affectées par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans les pays en voie de développement.
La FAO dispose d’une représentation permanente au Mali depuis 1979. Elle a fourni une assistance à l’ensemble du secteur de l’alimentation et de l’agriculture, ce qui comprend un appui aux principales politiques et stratégies, au développement technique et au renforcement des capacités. A la suite des crises alimentaires et des troubles intérieurs – aggravés par des catastrophes climatiques – les activités récemment menées en coopération ont été axées sur les secours d’urgence et l’aide au relèvement.
Nos interventions visent à assurer la sécurité alimentaire et à rendre les moyens d’existence ruraux plus résilients, en transformant l’agriculture en un secteur productif de l’économie malienne.
La 35ème édition de la JMA a été célébrée cette année sous le thème «Protection sociale et agriculture: Briser le cercle vicieux de la pauvreté rurale». Pourquoi ce choix?
Malgré des progrès importants, nous sommes toujours confrontés au problème de la faim et de la pauvreté – même en période d’abondance. Certes, la croissance économique, en particulier dans l’agriculture, a été essentielle pour faire baisser les taux de pauvreté et de la faim. Mais cela ne suffit pas, parce que, trop souvent, cette croissance n’est pas inclusive.
Le Mali n’échappe pas à cette réalité. Conscients de ce fait, de nombreux pays en développement ont mis en place des mesures de protection sociale – offrant régulièrement aux populations un soutien financier ou en nature, ou l’accès aux programmes d’entraide – étant convaincus que ce sont les premières actions nécessaires pour lutter contre la pauvreté et la faim.
Maintes études ont montré que les programmes de protection sociale ont réussi à réduire la faim et la pauvreté. Rien qu’en 2013, ces mesures ont permis à quelque 150 millions de personnes de sortir de l’extrême pauvreté.
La plupart des populations en situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle sont des familles rurales, dont les repas quotidiens et les moyens de subsistance dépendent de l’agriculture. Pour ces petits exploitants familiaux et travailleurs ruraux, c’est souvent une question de survie immédiate.
Ils n’ont d’autres choix que des approches à faible rendement en matière de génération de revenus, avec peu d’investissement dans l’éducation et la santé de leurs enfants et sont souvent contraints d’adopter des stratégies d’adaptation négatives, telles que la vente de leurs actifs, la mise au travail des enfants ou la réduction de la consommation alimentaire, pour réduire les dépenses.
Ils sont pris au piège des stratégies de survie et la pauvreté et la faim deviennent leur seules issues. Nous pouvons changer cela, car nous savons aujourd’hui que des transferts d’argent aux ménages pauvres, ne serait-ce que de petites sommes, peuvent, lorsqu’ils sont réguliers et prévisibles, servir d’assurance contre ces risques, qui ont tendance à les dissuader de poursuivre des activités plus rentables, ou qui les conduisent à adopter des stratégies négatives de réduction des risques.
La protection sociale permet aux ménages pauvres et vulnérables de faire des prévisions à long terme, leur offrant l’espoir et la capacité de planifier pour l’avenir. Les preuves existent qui montrent que la protection sociale augmente à la fois les activités agricoles et non agricoles, en renforçant les moyens de subsistance et en améliorant les revenus.
La protection sociale favorise également davantage d’investissements dans l’éducation et la santé des enfants et réduit le travail de ceux-ci. Elle augmente le pouvoir d’achat des pauvres et est aussi un moyen pour les collectivités d’avoir accès à plus d’infrastructures et à d’autres ressources – par exemple, des systèmes d’irrigation construits dans le cadre des activités argent contre travail.
La plupart des pauvres vivant dans les zones rurales et dépendant toujours de l’agriculture, l’idée de conjuguer protection sociale et programmes de développement agricole est indiscutable. Tout ceci explique le choix du thème de la Journée mondiale de l’alimentation 2015.
Quels sont les objectifs et missions de la FAO et sa vision?
Tout d’abord, les objectifs visés par la FAO sont ceux que ses Membres lui ont fixés et découlent de la vision et du mandat de l’Organisation. La vision de la FAO est celle d’un monde libéré de la faim et de la malnutrition, dans lequel l’alimentation et l’agriculture contribuent à améliorer le niveau de vie des populations, notamment des plus pauvres, et cela de manière durable, en termes économiques, sociaux et environnementaux.
La FAO entend en cela contribuer aux trois Objectifs mondiaux des Membres:
– Réduire le nombre absolu de personnes souffrant de la faim et bâtir progressivement un monde offrant à tous la possibilité de disposer à tout moment d’une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active;
– Eliminer la pauvreté et favoriser le progrès social et économique pour tous, en augmentant la production alimentaire, en favorisant le développement rural et en pérennisant les moyens d’existence;
– Gérer et utiliser de manière durable les ressources naturelles, y compris la terre, l’eau, l’air, le climat et les ressources génétiques, au profit des générations présentes et futures.
Pour y parvenir, la FAO poursuit les 5 Objectifs stratégiques suivants:
1. Contribuer à l’élimination de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition
2. Intensifier et améliorer de manière durable l’apport de biens et de services issus de l’agriculture, de la foresterie et des pêches
3. Réduire la pauvreté rurale
4. Permettre des systèmes agricoles et alimentaires plus ouverts et plus efficaces aux niveaux local, national et international
5. Améliorer la résilience des moyens d’existence face à des menaces ou en situation de crise.
La FAO a-t-elle atteint ses objectifs dans le monde en général et au Mali en particulier?
Même si ces objectifs n’ont pas été atteints à 100%, de gros efforts ont été consentis et des résultats positifs ont été enregistrés dans cette voie. En tant que communauté mondiale, nous avons fait de réels progrès dans la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde au cours des dernières décennies.
La plupart des pays suivis par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture – 72 sur 129 – dont le Mali, ont atteint la cible des Objectifs du Millénaire pour le développement consistant à réduire de moitié la prévalence de la sous-alimentation dans leurs populations à l’horizon 2015.
Parallèlement, la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans les régions en développement a aussi considérablement baissé – de 43% en 1990 à 17% cette année.
Le Mali a compté parmi les pays invités lors de la Conférence Générale de la FAO, en Juin dernier à Rome, pour recevoir des mains du Directeur Général de la FAO le prix qui lui a été décerné. Le Président de la République, SE Ibrahim Boubacar Keita, et le Ministre du Développement Rural, ainsi que d’autres personnalités, étaient présents à Rome à cette occasion.
Quelles sont les difficultés auxquelles la FAO est confrontée aujourd’hui dans la réalisation de ses objectifs?
Elles sont de natures diverses, sans être insurmontables. La principale difficulté réside dans la faible volonté politique qui prévaut encore dans le monde au niveau des hautes autorités pour s’engager résolument dans l’élimination de la faim et de la pauvreté.
Cela se traduit par la faiblesse des ressources affectées au développement de l’Agriculture et de l’Alimentation et à la lutte contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté. La FAO a elle-même connu, ces 20 dernières années, une véritable cure d’austérité au regard des ressources qui lui étaient affectées par ses Membres.
A côté de cette situation, on note, entre autres, des facteurs comme l’instabilité des prix des marchés internationaux, les changements climatiques, les conflits et crises divers travers le monde.
Combien de personnes souffrent de sous-alimentation dans le monde aujourd’hui?
La sous-alimentation est l’état, se prolongeant au moins un an, durant lequel une personne ne parvient pas à se procurer assez de nourriture pour satisfaire les besoins énergétiques alimentaires quotidiens. La FAO définit la faim comme un synonyme de sous-alimentation chronique.
Au plan mondial, environ 800 millions de personnes souffrent toujours de la faim chronique et près d’un milliard de personnes restent prises au piège de la pauvreté extrême.
La FAO a-t-elle les moyens de sa politique?
Comme déjà souligné plus haut, les moyens dont dispose la FAO sont étroitement liés aux ressources que ses Membres mettent à sa disposition. D’importantes ressources sont mobilisées à cet effet, mais des efforts tout aussi importants restent encore à fournir.
Pour conclure, je répondrais que la FAO met à disposition des pays membres son expertise et son savoir-faire à travers le monde, mais qu’elle doit redoubler d’efforts pour mobiliser davantage des moyens pour mener à bien sa politique d’élimination à 100 % de la faim dans le monde.
Propos recueillis par Adama Bamba
Source: Le 22 Septembre 04/11/2015