Parmi les 33 ministres du gouvernement, certains n’ont pas relevé les défis ou du moins honoré leur contrat moral. Mme Diarra Raky Talla en fait partie. Comme une chauve-souris qui s’accroche à un vieux palmier, la ministre du Travail, de la Fonction publique, chargée des Relations avec les Institutions, en charge du dialogue social, n’a pas été en mesure d’étouffer les mouvements sociaux et de relancer le chantier de la rénovation de l’administration centrale, gage de toute gouvernance axée sur les résultats. Les grèves récurrentes des différents corps de la fonction publique en est une illustration parfaite.
Nommée pour instaurer le dialogue social entre les organisations syndicales et le gouvernement et relancer le chantier de la rénovation de l’administration centrale, la ministre du Travail, de la Fonction publique, chargée des Relations avec les Institutions, Mme Diarra Raky Talla, est totalement absente dans cette mission.
D’abord, dans son département, la ministre était attendue sur un sujet brûlant pour lequel son prédécesseur et camarade politique, Bocar Moussa Diarra, s’était engagé. Il s’agissait de la publication du rapport final du contrôle physique au bénéfice de l’opinion nationale et internationale.
Contrairement à d’autres pays comme la Guinée, le Bénin et la Côte d’Ivoire, qui ont publié leur rapport et informer la population du manque à gagner de l’Etat dans le paiement des fonctionnaires fictifs, Mme la ministre n’a pas informé l’opinion nationale. Faisant fi de ses missions, Mme la ministre s’est donné un nouveau rôle : être la «Garanké Mamou» du gouvernement.
Dialogue social !
L’attitude de la ministre face à certains syndicats peut être interprétée à la limite comme du mépris ou de l’incompétence avérée. En avril 2016, lorsque le Syndicat national de l’éducation de base (Syneb) et d’autres syndicats de l’éducation ont déposé leur préavis de grève, Mme Diarra Raky Talla n’a pas eu le réflexe d’inviter les syndicalistes à la table de négociation. Les enseignants, pour l’amélioration de leurs conditions de travail, ont crié à en perdre la voix sans jamais être entendus. Deux marches de protestation avaient été organisées sans succès par la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) pour inviter la ministre à se sortir de sa torpeur. La suite est connue.
N’ayant pas obtenu satisfaction, les enseignants sont revenus à la charge après la rentrée scolaire. Ces mouvements ont impacté les résultats pédagogiques du premier trimestre de l’année scolaire 2016-2017. Les inspecteurs de l’enseignement ne le démentiront pas, pour avoir signalé à plusieurs reprises le retard constaté dans le déroulement des cours.
Quid de la présente grève illimitée des magistrats ? En juillet 2016, après l’exécution d’un mot d’ordre de grève de 72h, le Premier ministre avait sollicité l’organisation de concertation avec l’ensemble des professionnels du droit pour identifier les difficultés. Ce cadre a posé les jalons d’un diagnostic institutionnel et organisationnel du secteur. Ainsi, sur plus de 50 points de revendications, on en était arrivé à 6 revendications essentielles.
Après l’élaboration de ce rapport, la ministre Raky Talla s’est désolidarisée des conclusions du dialogue social au prétexte méprisable que le cadre n’était pas légal. Alors que son collègue de la Justice, Me Mamadou Ismaël Konaté, avait eu mandat de la Primature d’organiser ces concertations. Même par solidarité gouvernementale, Racky n’a pas daigné soutenir Me Konaté. Notre ministre du Travail est restée indifférente aux cris des magistrats.
Le constat est déplorable. Après une grève de sept jours, les magistrats ont décidé de rompre totalement. Les conséquences, n’en parlons pas. Les commissariats de police et les camps de gendarmerie sont transformés en prisons. À cela s’ajoutent les chantages des éléments des brigades territoriales aux présumés accusés. La délivrance des certificats de nationalité, les jugements ne sont plus organisés et le phénomène de surpeuplement des prisons continue de plus bel. Le diagnostic est posé, mais la solution manque. La seule responsable de ce problème s’appelle Mme Diarra Raky Talla, qui n’a pas voulu échanger avec les magistrats.
En plus des magistrats, le comité syndical des services sociaux avait aussi observé un mot d’ordre de grève de plus de 120h. À en croire le secrétaire général du comité syndical, Sékou Bagayoko, la dernière rencontre de conciliation remonte à avril 2016. Tous les syndicats ne réclament que l’application des textes et conventions internationaux ratifiés par le gouvernement. Certains, profondément meurtris, en ont même fini par devenir aphones à force de crier leur détresse face à une ministre qui a étalé son incompétence.
Face à ces multiples cris de désespoir, Mme Diarra Raky Talla est restée indéfectiblement accrochée à son fauteuil comme une chauve-souris à un vieux palmier, en n’ayant strictement rien pu faire pour détendre le climat social.
A suivre …
Drissa Tiéné