MISE EN ŒUVRE DE L’ACCORD POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION Selon l’Observateur Indépendant, 15,38% des actions non encore initiées

L’Observateur Indépendant a publié son troisième rapport sur l’état de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la réconciliation. Ses responsables ont partagé le contenu dudit document à la presse le vendredi 22 février 2018 au cours d’une conférence de presse tenue à l’Hôtel Sheraton de Bamako. Parmi les 78 engagements contenus dans l’Accord suivis par l’Observateur indépendant, 20 engagements sont achevés trois ans et demi après la signature de l’Accord. Près de 60% des engagements sont à une phase de mi-parcours mais pas achevés, soit 14 engagements presqu’achevés, 18 au stade intermédiaire et 14 au stade minimal. 12 engagements n’ont pas été initiés et constituent l’essentiel de grands défis.

 

S’appuyant sur des centaines de réunions avec diverses parties prenantes à Bamako et dans des villes clés du nord et du centre du pays, le rapport note la cessation durable des hostilités entre les signataires. Il souligne que, bien que plusieurs mesures préliminaires aient été accomplies, les principaux engagements de l’Accord n’ont pas été achevés, et certains restent à être inities. L’Observateur Indépendant du Centre Carter a constaté qu’un quart de l’Accord est complété. Néanmoins aucun des quatre volets thématiques essentiels de l’Accord n’est réalisé à plus de la moitié. «Il y a une nécessité urgente de transformer les mesures préparatoires en dividendes de paix tangibles pour le peuple malien» note le document.

Ces avancées, ainsi qualitativement évaluées par rapport aux objectifs essentiels de l’Accord, doivent être en outre mis en contraste avec des progrès globalement modestes. Parmi les 78 engagements dans l’Accord suivis par l’Observateur indépendant, 20 engagements sont achevés trois ans et demi après la signature de l’Accord. Près de 60% des engagements sont à une phase de mi-parcours mais pas achevés, soit : 14 engagements presqu’achevés, 18 au stade intermédiaire et 14 au stade minimal. Douze engagements n’ont pas été initiés et constituent l’essentiel de grands défis évoqués plus haut. Précisément, le rapport indique 15,38% des actions n’ont pas encore été initiées, 24,64% achevées, 17,95 presque achevées, 23,08 en intermédiaire et un autre 17,95% en minimum.

L’Observateur indépendant a constaté, dans l’ensemble, que les principales réalisations à ce jour ; telles que l’établissement de mécanismes de mise en œuvre et l’amélioration du climat de travail entre les parties maliennes ; sont des objectifs préalables plutôt due finaux.

Le Centre Carter recommande aux Parties maliennes de s’attaquer aux tâches qui sont au cœur de l’Accord. Il s’agit de créer un nouveau système politique décentralisé, notamment en déléguant des pouvoirs importants aux régions, et mettre en place les forces armées reconstituées qui intègrent de manière équitable les ex-combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme. Pour le rapport, la réalisation des objectifs fondamentaux nécessitera également l’accélération du volet du développement socio-économique et culturel dans le nord du Mali.

Le rapport du Centre Carter exprime également sa préoccupation devant les faiblesses constatées jusqu’à présent sur la réconciliation nationale, pilier essentiel de l’Accord.

Le document salue les premiers efforts du Gouvernement pour faire avancer un processus inclusif de réforme constitutionnelle. Il note également le lancement récent de « désarmement, de démobilisation et de réintégration et intégration accélère» qui représente un premier pas vers les forces de sécurité et de défense reconstituées. Pour le document, les défis les plus importants demeurent ; notamment en ce qui concerne l’extension du processus de DDR pour absorber un plus grand nombre des ex-combattants de la CMA et de la Plateforme ou, selon le cas, les réintégrer à la vie civile.

Le Centre Carter recommande un certain nombre de mesures pour faire progresser la mise en œuvre. Le rapport demande que le Gouvernement adopte des mesures urgentes pour reprendre la fourniture de services de base dans le nord et que la CMA et la Plateforme mettent fin à leurs comportements et tactiques dilatoires afin de faire des progrès significatifs dans le processus du DDR.

Face à la frustration croissante de la communauté internationale et de la population malienne en raison du faible rythme de mise en œuvre, l’Observateur Indépendant encourage en outre les dirigeants politiques à faire des gestes publics et symboliques d’un engagement fort et soutenu en faveur de l’Accord, de préférence conjointement. Enfin, le rapport souligne que la question clé pour la mise en œuvre en 2019 est de savoir à quel rythme les quelques 75% restants de l’Accord pourraient être conduits à leur terme.

Notons enfin que le Centre Carter a été désigné comme l’Observateur indépendant à la fin de 2017. Selon l’Article 63 de l’Accord de 2015, le travail de l’Observateur indépendant consiste identifier de manière impartiale les blocages dans le processus de mise en œuvre et à recommander des mesures pour améliorer la mise en œuvre. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans ses résolutions 2391 en décembre 2017 et 2423 en juin 2018, a reconnu le rôle du Centre Carter en tant qu’Observateur indépendant, mandat que ce dernier assume depuis janvier 2018.

Dieudonné Tembely