L’Hôtel de l’Amitié de Bamako a abrité hier, lundi 17 juin 2019, une rencontre de haut niveau du Comité de Suivi de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Les participants de cette rencontre ont, à travers un communiqué de presse, exprimé leur « préoccupation quant à la persistance des difficultés et des lenteurs dans la mise en œuvre de certaines dispositions essentielles de l’Accord et prennent note de l’élaboration annoncée par le Gouvernement d’une nouvelle feuille de route consensuelle devant permettre d’en accélérer la mise en œuvre tout en encourageant les Parties à respecter les engagements contenus ».
Cette rencontre de haut niveau du Comité de suivi de l’accord (CSA) a enregistré la présence de plusieurs personnalités. On notait la présence du ministre malien des affaires étrangères, Tiébilé Dramé, son homologue de la cohésion sociale, Lassine Bouaré, de l’intégration africaine, Me Baber Gano, du représentant du président de la République, Mamadou Diagouraga, des responsables de la Plateforme comme Me Harouna Toureh, de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) comme Brahim Ould Sidatt, du président du CSA, Ahmed Boutache, du chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, des diplomates accrédités au Mali. Un invité de marque a pris part à la rencontre. Il s’agit du ministre des affaires étrangères de l’Algérie, Sabri BOUKADOUM. Plusieurs points étaient inscrits à l’ordre du jour de cette rencontre dont l’évaluation de la mise en œuvre de la feuille de route du 22 mars 2018. Dans ses mots de bienvenue, le ministre des affaires étrangères du Mali, Tiébilé Dramé a souhaité la bienvenue à la délégation Algérienne et Nigérienne. Avant d’ajouter que depuis février dernier, d’importants événements sont survenus au Mali. Selon lui, le consensus est important pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. « Depuis la dernière session du comité de suivi de l’accord, la situation a été marquée par une dégradation au plan de la sécurité. Une situation sécuritaire complexe qu’il faudra avoir le courage de regarder en face notamment au centre de notre pays où les violences intercommunautaires ont entrainé la mort de trop nombreux citoyens maliens. La dernière violence survenue dans la commune rurale de sangha a laissé plus de 30 morts. Avant, il y a eu Ogossagou le 23 mars. Nous avons urgence au sein de ce comité de suivi de l’accord à rechercher les moyens d’accélérer la cadence, parce que nous ne devons pas perdre de vue que ce qui se passe au centre du Mali est intimement lié à la situation au nord. Nous n’oublions pas que ce sont les mêmes groupes qui ont occupé les régions nord du pays, qui ont dominé une partie du centre, qui ont recruté les populations locales pour leur idéologie violente », a déploré le diplomate malien. A ses dires, il devrait y avoir une vision d’ensemble de cette crise malienne et trouver la raison à accélérer la mise en œuvre de l’accord. Pour lui, tous les acteurs maliens doivent jouer leur partition dans la mise en œuvre de l’accord. Selon Tiébilé Dramé, il est important que les dispositions de l’accord relatives à l’exercice de la souveraineté du Mali sur l’ensemble de son territoire soient appliquées par tous. « Que les dispositions de l’accord relatives au respect de l’intégrité territoriale du Mali, à l’unité nationale du Mali, à la forme laïque et républicaine de l’Etat soient appliquées et le corolaire de ces dispositions est le respect des symboles de l’Etat, le drapeau national et le chant du Mali », a-t-il souligné. Et d’ajouter qu’il est important que tous les signataires de l’accord, le gouvernement comme les mouvements jouent leur partition avec un engagement sincère avec détermination. « Devant ce comité de suivi de l’accord, au nom du président de la République du Mali, du gouvernement, je dis solennellement que le Mali souhaite que le drapeau malien soit respecté partout sur le territoire national, que le drapeau malien flotte sur l’ensemble du territoire malien y compris à Kidal, que les manquements que nous avons constatés ces dernières années soient un mauvais souvenir d’autant que nous voulons tous aller vers une révision constitutionnelle consensuelle. Nous devons veiller tous ensemble que les obstacles à cette révision constitutionnelle consensuelle soient levés. Et ils seront levés quant les attributs de la souveraineté du Mali seront exercés sur l’ensemble du territoire malien », a martelé Tiébilé Dramé. Enfin, il a souhaité l’engagement de tous les acteurs afin que le Mali retrouve son unité et que la réconciliation nationale soit faite.
L’Algérie offre plus de 65 millions de FCFA au CSA
A sa suite, le ministre des affaires étrangères de l’Algérie, Sabri BOUKADOUM a fait savoir que le processus de mise en œuvre de l’accord est irréversible. Il a mis l’accent sur le retard dans la mise en œuvre de l’accord, mais, selon lui, l’important est de ne pas renoncer. Par ailleurs, il dira que la situation sécuritaire est préoccupante. « C’est le lieu ici de rappeler l’engagement de mon pays à l’égard du Mali, pays voisin, frère et ami est et restera franc. Pour illustrer cet engagement, je voudrais annoncer une nouvelle contribution de l’Algérie au titre du CSA pour un montant symbolique de 100 000 Euros (Ndlr, plus de 65 600 000 FCFA) », a-t-il dit. A l’issue de la rencontre, un communiqué de presse a été rendu public. Dans ce communiqué, les participants condamnent vigoureusement les actes de violence abjects au Centre du Mali. Les participants expriment leur préoccupation quant à la persistance des difficultés et des lenteurs dans la mise en œuvre de certaines dispositions essentielles de l’Accord et prennent note de l’élaboration annoncée par le Gouvernement d’une nouvelle feuille de route consensuelle devant permettre d’en accélérer la mise en œuvre tout en encourageant les Parties à respecter les engagements contenus. Ils encouragent la communauté internationale à poursuivre son appui politique, technique et financier à la mise en œuvre de l’Accord en particulier pour la réalisation des programmes de développement envisagés dans les régions du Nord du Mali de manière à permettre aux populations bénéficiaires de commencer à profiter des dividendes de la paix. Dans une interview accordée à la presse, Fahad Ag Almahmoud de la Plateforme a fait savoir qu’une nouvelle feuille de route pour la mise en œuvre de l’accord est en discussion. Quant à Moussa Ag Attaher de la CMA, il a rappelé que la CMA a signé dans l’accord qu’elle reconnait l’intégrité territoriale du pays, le caractère laïc de l’Etat.
Aguibou Sogodogo
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