MISE EN ŒUVRE DE L’ACCORD D’ALGER: L’analyse de Yamoudou Keïta, enseignant-chercheur

Yamoudou Keïta

Surnommé par l’ex Premier ministre Soumana Sako d’“accord de la démission National”, le débat sur sa mise en œuvre refait surface.

Avec la mise en place de la commission de rédaction de la nouvelle constitution, un pas énorme a été franchi.

Dans une édition spéciale sur Djoliba TV News consacrée à l’accord d’Alger, le président de l’Unité de réflexion et d’action pour le Mali en France (Urdac-Mali France), Yamoudou Keïta révèle la quintessence de l’Accord, sept ans après sa signature. Pour cet enseignantchercheur, consultant sur des questions de sécurité et défense, sept ans après sa signature, certes il y a eu beaucoup d’avancée, mais rien n’a changé sur l’aspect sécuritaire. Pour lui, cela s’explique par la chute du pouvoir démocratiquement élu, le jaillissement des mouvements terroristes un peu partout.

Selon Yamoussa Keïta, il n’y a pas eu de véritable changement par rapport à la situation du Mali. “Pourtant, l’accord est là, en train d’être mis en œuvre et appliqué », s’étonne-t-il.
Selon son analyse, il fallait suivre les textes fondamentaux, à savoir la constitution. Avant de prendre quelque engagement que ce soit par rapport à la souveraineté du Mali, il fallait se référer au peuple malien, c’est-à-dire emprunter la voie du référendum. Il déplore que cela n’ait pas été fait.
Par rapport à la question de la rectification du tir par le gouvernement malien qui souhaite désormais procéder à la mise en œuvre intelligente de l’Accord, M. Keïta est sceptique. “On parle toujours de relecture, mais on n’y arrive pas. Parce que les groupes armés ne veillent pas à la relecture. Si vous écoutez leur discours, il y a beaucoup même qui menace le Mali en cas de non application intégrale ”.

Il renchérit en disant que la fin des hostilités entre l’armée malienne et la CMA est une réalité mais que “les armes ne se sont pas tuent. La CMA reste toujours armée, alors qu’elle devait être cantonnée par le processus du Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR)”. Il est convaincu que “l’application intelligente de l’Accord” est juste un jeu de mots et qu’en revanche, il est en train d’être appliqué.
“Vous savez que certains pensent que l’Accord porte les germes de la partition du Mali. L’Accord va mettre fin au Mali », fustige-til en s’adressant à son interlocuteur. Comme lui, plusieurs spécialistes voient en cet accord d’Alger un moyen de division programmée du Mali.
Beaucoup se méfie surtout de la régionalisation qui reste une priorité pour l’Accord. Et pour l’instant l’Accord semble plus arranger les ex-séparatistes que l’Etat du Mali. Pour l’heure, les travaux d’élaboration de la nouvelle constitution bat son plein.

Abdrahamane Baba Kouyaté 

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