Avec comme thème de débat, « le nord, le processus de paix, la situation sécuritaire, six mois après la signature de l’accord d’Alger », le parti du bélier blanc, a touché à la corde sensible des participants dont les langues se sont complètement déliés (voire interventions en pages 4 et 5).
Pour relancer le processus de paix « ensablé », le Parena propose que la conférence d’entente nationale s’ouvre au plus vite, que son objet soit élargi aux questions relatives à la paix, à la stabilité, à la réconciliation nationale, à la gouvernance et à l’indispensable refondation des institutions, à travers une révision constitutionnelle. Puis la période intérimaire pour la mise en œuvre des conclusions de la CEN. Ce sera pour le Parena un passage à la quatrième République, pour moderniser, rationaliser nos institutions et notre dispositif électoral.
Pour le président du Parena, Tiebilé Dramé, en ce mois de décembre, la situation dans notre pays n’incite pas à l’optimisme. Du 1er janvier à la fin du mois de novembre, quelques 350 personnes sont mortes au Mali. Parmi ces victimes directes de la crise malienne figurent, des Maliens mais aussi des enfants d’autrui qui ont pris le risque de venir mourir chez nous afin que nous puissions nous relever, parlant des « casques bleus, morts pour le Mali ». A la mémoire des victimes du conflit au Mali, Tiebilé Dramé a fait observer une minute de recueillement.
Les 15 mai et 20 juin derniers, après près d’une année de tractations, les parties engagées dans le dialogue inter-malien d’Alger ont signé un Accord pour la paix et la réconciliation. Destiné à restaurer la paix et la stabilité au Mali, cet accord a bénéficié d’un large soutien de la totalité de nos voisins, de l’Afrique et de la communauté internationale tout entière, selon le président du Parena.
Selon Tiebilé Dramé, six mois après, en dépit des déclarations de bonne foi et d’une dynamique bien perceptible de réconciliation (la dynamique d’Anéfis, et les nombreuses réunions organisées par le gouvernement ) le processus de paix connaît des lenteurs préoccupantes au moment où la situation sécuritaire se détériore sur tout le territoire et, conséquence de l’insécurité rampante, les dizaines de milliers de Maliens qui vivent dans les camps de réfugiés, au lieu de revenir, voient leurs nombres grossir… « Or, comme chacun le sait, le retour ou le non retour des réfugiés est une des meilleures jauges de la situation sécuritaire », indique Tiebilé Dramé.
Plus de 350 morts en 2015
« L’année 2015 a commencé avec l’attentat de Inarinkidane (Ménaka) qui a coûté la vie à Aroudeïni Ag Hamatou, maire d’Anderamboukane. De cette date à l’attaque sanglante contre un convoi de migrants entre Tabankort et Anefis, le 28 novembre, quelques 350 personnes ont perdu la vie au Mali. Une centaine d’Incidents armés ont été enregistrés. Près de la moitié de ces incidents se sont produits après la signature de l’Accord d’Alger.
« Bien que les signataires de l’Accord aient mis fin à l’état de belligérance, la Plateforme et la CMA se soient réconciliés, l’on assiste à une dégradation inquiétante de la situation sur tout le territoire due à une recrudescence des activités de groupes armés d’un autre type: ceux qui n’ont pas pris part au processus d’Alger », a fait remarquer le conférencier.
Plusieurs sources indiquent un regain d’activités d’AQMI, qui s’est signalée, fin novembre, de manière singulière durant une réunion intercommunautaire à Boujbeha, selon Tiebilé Dramé, qui sera confirmé par le témoignage d’un participant à ladite réunion du nord Sidi Ali Ould Bagna, ayant assisté à cette scène. Selon ce témoignage à partir de 10 de Tombouctou, c’est Aqmi qui règne en maître absolu, en l’absence totale de l’Etat.
Mais sait-on désormais que ce n’est pas qu’au nord seulement qu’Aqmi sévit. « L’attaque contre le Radisson a aussi mis en évidence les faiblesses de la gouvernance de la sécurité par les autorités maliennes, les faiblesses de la gouvernance tout court au Mali », a indiqué Tiebilé Dramé. Il a relevé trois moments importants dans le processus de paix entamé pendant la transition. D’abord le « le temps des hésitations, des déclarations contradictoires, des atermoiements, de la méfiance, voire de la défiance vis à vis de l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Cette étape nous a conduits à la guerre et à l’humiliation de mai 2014 », a assené le président du Parena.
Machine grippée
Puis, « l’étape d’Alger au cours de laquelle, selon tous les témoignages, notre gouvernement s’est présenté beaucoup plus en spectateur qu’en acteur du destin du pays ». Et enfin, « la période post Alger marquée par des lenteurs », dit-il. On ne sent pas notre gouvernement jouer un rôle locomoteur, d’entraînement des parties maliennes et de l’action de la communauté internationale dans la mise en œuvre de l’Accord, souligne le conférencier. « On ne sent pas que les choses sont claires pour le gouvernement… pas de vision re fondatrice, de mobilisation nationale pour re fonder la gouvernance et les institutions, donnant l’impression que le processus est quelque peu ensablé ».
Pour le Parena, s’il est appliqué, l’Accord dessinera les contours d’un autre Mali. « C’est pourquoi nous avions souhaité en vain des discussions sérieuses avec toutes les forces vives du pays avant la conclusion de l’Accord. Nous voyons aujourd’hui les conséquences de l’autisme du gouvernement. L’immobilisme dans lequel le processus baigne aujourd’hui résulte du manque de mobilisation du pays pour la mise en œuvre d’un accord capital pour la paix, la stabilité et la réconciliation nationale », poursuit le conférencier.
Les propositions du Parena
Il a rappelé la position du Parena qui considère l’accord, malgré les réserves, comme un acquis, comme « une étape de la longue quête de paix et de stabilité au Mali, qui doit être approfondie, renforcée ». C’est pourquoi le parti du bélier blanc souhaite des concertations pour une appropriation nationale de l’Accord d’Alger. « Devant les lenteurs et les difficultés actuelles, devant la dégradation de la situation sécuritaire et pour éviter un ensablement gros de dangers pour le processus de paix, nous préconisons le recours à deux dispositions pertinentes de l’Accord: la « conférence d’entente nationale (CEN) » et la « période intérimaire ».
Pour relancer le processus, le Parena propose que la conférence d’entente nationale s’ouvre au plus vite, que son objet soit élargi aux questions relatives à la paix, à la stabilité, à la réconciliation nationale, à la gouvernance et à l’indispensable re fondation des institutions. Commencera alors, au plus vite, la période intérimaire pour la mise en œuvre des conclusions de la CEN, pour le passage à la quatrième République, pour moderniser, rationaliser nos institutions et notre dispositif électoral.
« Toujours, pour donner un souffle nouveau au processus de paix, nous recommandons la tenue dans les meilleurs délais d’une rencontre Majorité- Opposition-Société civile-Mouvements signataires de l’Accord d’Alger pour préparer la CEN et dire notre détermination commune à sauver notre pays, à soulager les souffrances de notre peuple à l’intérieur comme à l’extérieur », a conclu le président du Parena, Tiebilé Dramé.
B. Daou
Source: Le 22 Septembre 14/12/2015