Bamako, le 06 décembre 2024.
Par Ibrahim Ikassa MAIGA
Professeur d’enseignement supérieur
Ancien Ministre de la Refondation de l’Etat
*Introduction*
La Refondation de l’Etat du Mali, ce processus d’édification du Malikura, est-elle une réalité ? Voilà un questionnement qui pointe de plus en plus, sur fond de remise en cause tendancieuse d’une réalité pourtant palpable, semant le doute dans l’esprit des observateurs et dans l’optimisme déterminé des citoyens maliens. Beaucoup de concitoyens m’y ont interpelé !
En effet, des acteurs politiques, commentateurs-animateurs ou invités-plateaux, au cours de conférence-débats ou d’émissions sur le processus de Transition, osent des déclarations péremptoires sur « l’échec de la Refondation et du Malikura », tel un vœu secret enfoui et soudain lancé à l’emporte-pièce, en clamant que « rien de positif n’a été réalisé dans ce pays depuis la chute de l’ancien régime ». Diantre ! Les faits sont pourtant têtus et la marche résolue du Peuple malien et l’action de l’Etat du Mali ont changé les configurations et réalités handicapantes préparées et imposées à nous par d’autres depuis plus de dix (10) ans, tant au niveau national qu’au niveau géopolitique sous-régional et mondial.
On oublie que c’est dans ce même pays, nous avions assisté en 2012 à la débandade de l’Etat avec la population, alors qu’aujourd’hui le Peuple a pris conscience et confiance en lui-même, a mené la lutte déterminée qui a émerveillé et inspiré le reste de l’Afrique et du monde, en vue de l’édification du Malikura dans un processus de Refondation.
On oublie que c’est dans ce même pays, nous avions assisté à la débâcle de l’Armée déstructurée par plus de deux décennies de gouvernance chaotique, de Aguel-Hoc à Tessalit, Kidal, Gao et Tombouctou, Hombori, Douentza et Nampala, alors qu’aujourd’hui l’Armée s’est rebâtie, se modernise avec les dernières technologies de pointe, et a reconquis l’intégrité du territoire national (reprise mémorable de Kidal en ce 14 novembre 2023), tout en combattant le terrorisme sponsorisé.
On oublie que c’est dans ce même pays, nous avions vécu les pires atteintes à notre souveraineté et à notre indépendance à travers une occupation militaire ourdie et organisée mettant sous coupe réglée l’Etat (ou ce qu’il en restait) et les populations, avec l’humiliation de chaque 6 avril de défilés indépendantistes piétinant le drapeau national sous l’œil bienveillant de la communauté internationale, au point que personne ne puisse imaginer que l’on puisse chasser Barkhane-Serval, Takuba, G5-Sahel, Minusma et autres affidés, et à faire résonner et rayonner la voix diplomatique du Mali partout.
On oublie que c’est dans ce même pays, la mise entre parenthèses de notre souveraineté atteignit un tel niveau de délitement que, en mai 2017, le Président français, E. Macron, fraîchement élu, vint à Gao comme il le voulut et y « convoque » le Président malien IBK pour l’y rejoindre, alors que le même Macron fut éconduit par les Autorités de Transition quand il a voulu imposer son invitation à Bamako en décembre 2021, pour prétendait-il partager le repas de Noël avec ses troupes d’occupation. Les nostalgiques du passé ont déchanté, la Françafrique est terminée au Mali !
On oublie même qu’on hésitait à demander la simple relecture de l’Accord pour la paix et la Reconciliation issu du processus d’Alger (APR), alors qu’aujourd’hui il n’existe plus, y compris le fameux et fumeux Rélévé de conclusions, qui contenaient tous les ingredients du saucissonnage et de la dislocation du Mali.
On oublie ou on fait semblant d’oublier tout cela ! C’est pourtant cela la voie choisie du Malikura, c’est cela la Refondation de l’Etat pour créer les conditions d’existence de l’Etat d’abord en tant qu’entité : un seul pouvoir politique s’exerçant sur un seul peuple sur un seul territoire ! C’est en ce moment que les services sociaux pour les Populations seront mieux réorganisés, planifiés et rétablis progressivement sur 10, 20, 30 ans, comme cela l’a été en Chine, en Corée du Sud, en Inde, en Türkiye, au Rwanda, etc. Et, personne ne viendra le faire à notre place, c’est par nous et avec nous seuls que cela se fera : par notre travail, encore notre travail et toujours notre travail !
D’ailleurs, qu’est-ce qu’on a fait de nos 60 ans « d’indépendance et de souveraineté » ? Pas grand-chose de constructif ! Beaucoup étaient pourtant là aux avant-postes, et le Mali est tombé comme vendu à l’encan aux plus offrants ! 60 ans, pour quel résultat ? Alors soit on se tait, soit on accompagne comme tous ces Femmes et Hommes, très souvent retraités, que j’ai vus à l’œuvre dans le Panel des Hautes Personnalités et la Commission d’organisation des Assises Nationales de la Refondation (ANR), dans les divers Comités d’Experts et Commissions de travail, au CINSERE-ANR, au Comité de pilotage du Dialogue Inter-Maliens, et j’en passe ! C’est cela que le Mali attend de ses fils et filles : pour se sacrifier à la tâche ou se racheter des échecs passés.
Pour revenir à la question fondamentale, la Refondation de l’Etat, qu’est-ce que c’est ?
De prime abord et pour couper court à toute supputation sur la clarté et la conviction sur cette option du Peuple malien, « la Refondation de l’État se définit comme un processus actif, participatif et inclusif de reconstruction de l’État et de la nation, caractérisé par une volonté de transformation profonde de la société et d’amélioration de la gouvernance du pays, à partir d’un contrat social de rupture, fort des instruments endogènes de maîtrise favorisant l’émergence d’une nouvelle culture citoyenne, d’institutions plus légitimes avec un leadership vertueux ».
Cette conceptualisation ne procède point d’une réflexion abstraite ou d’un intellectualisme de mode, mais elle est bien la résultante d’un engagement citoyen, patriotique et résolu et d’une vision partagée de renouveau, pour placer le Mali sur la voie de la souveraineté et de l’indépendance véritables, de la sécurité, de la paix et de la prospérité socioéconomique. Ce fut un moment inédit dans la marche de notre Nation, où les Forces vives, toutes couches sociales confondues, se sont mises ensemble, toutes conscientes de la gravité de la situation nationale, pour mener avec détermination, clairvoyance et contre vents et marées, une lutte historique pour sauver le Pays d’un risque quasi-certain de désintégration.
En effet, la persistance de la crise multidimensionnelle déclenchée depuis 2012 dans notre Pays et les dysfonctionnements criards dans la gouvernance de l’Etat couplés à l’incapacité des tenants du pouvoir d’y trouver des réponses, ont débouché en 2020 sur une lutte implacable du Peuple malien, portée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), qui a conduit à la chute du pouvoir en place, suite à l’intervention des Forces de Défense et de Sécurité, le 18 août 2020. Ces attentes furent synthétisées par la suite en 10 points et 17 mesures du M5-RFP.
A la suite du changement de régime, les forces vives de la Nation ont, à l’issue des journées de concertations nationales sur la Transition tenues en septembre 2020, exprimé le besoin de refondation de notre État, à travers la Feuille de route et la Charte de la Transition qui ont retenu comme objectifs majeurs la restauration de l’outil de défense et de sécurité, la promotion de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, et la réalisation des réformes politiques, institutionnelles, électorales et administratives.
Dans le cadre de la rectification de la trajectoire de la Transition, entamée le 24 mai 2021, les Autorités de la Transition, ont réaffirmé la volonté politique de refonder l’État du Mali à travers l’action du Ministère chargé de la Refondation de l’État, avec comme attributions (Décret N°2021-0474/PT-RM du 26 juillet 2021 fixant les attributions spécifiques des membres du Gouvernement) :
– la conduite des réformes institutionnelles et administratives relatives à la modernisation et à la consolidation de l’État de droit et de la démocratie ;
– la mobilisation des forces politiques et sociales dans le cadre de l’action gouvernementale pour la reconstruction de la Nation ;
– la promotion de la réduction du train de vie de l’État et la transparence dans la gestion des affaires publiques, la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption ;
– la proposition de mesures pour l’adaptation de l’État aux réalités socioculturelles, l’amélioration de la gouvernance et l’efficacité de l’administration publique ;
– la facilitation et le suivi des relations entre le Gouvernement et les Institutions de la République.
Pour la mise en œuvre des actions prioritaires du Gouvernement de la Transition, le Département de la Refondation de l’Etat a mené des activités s’inscrivant dans le cadre du Plan d’Action du Gouvernement, plus spécifiquement la préparation et l’organisation des Assises Nationales de la Refondation (ANR) en vue de la mise en œuvre des recommandations y formulées, suivant une méthode de mise en œuvre et un mécanisme de suivi-évaluation efficace.
Ainsi, la concrétisation du processus de Refondation, dans lequel le Mali est résolument engagé, passe par quatre (4) paramètres à savoir : une *Vision partagée portée par un leadership courageux et responsable (I),* la *Mise en œuvre cohérente des réformes globales à travers des stratégies et politiques publiques (II),* avec un *Mécanisme de suivi-évaluation interne et externe efficient (III),* le tout conduit dans un *Esprit de citoyenneté patriotique et engagée (IV).*
*I. Vision partagée portée par un leadership courageux et responsable :*
Meurtri par une des décennies les plus sombres de son histoire contemporaine, le Peuple malien a répondu à l’appel lancé par une Troïka d’organisations sociopolitiques le 30 mai 2020, pour un rassemblement historique sur les places fortes de la capitale et des villes maliennes de l’intérieur, ainsi que dans les pays de résidence des Maliens établis à l’extérieur.
Par cela, le Peuple malien a pu démontrer que quand il veut, il peut, collectivement et unitairement derrière des aspirations, des attentes et un objectif de changement de paradigmes et de renouveau de l’Etat, en réunissant les conditions d’une union sacrée de l’ensemble des couches sociales et des forces vives autour du Mali. Cela devra se concrétiser à travers les différentes étapes des ANR depuis les niveau communal, local et régional jusqu’au niveau national, en passant par les pays de résidence des Maliens établis à l’extérieur, avec l’adoption de recommandations à caractère exécutoire.
En effet, capitalisant les revendications du Peuple exprimées lors des meetings géants de 2020, les ANR ont permis d’établir un diagnostic sans complaisance de l’état de la Nation, et de proposer des solutions globales, à travers 517 recommandations à la mise en œuvre desquelles le Gouvernement s’est engagé, de façon méthodique, efficiente et sans dénaturation de la volonté des Forces vives, dans un document portant Cadre Stratégique de la Refondation de l’Etat.
Ainsi, la vision du Cadre Stratégique de la Refondation de l’Etat est : « un Mali nouveau bien gouverné, sécurisé et stable, soucieux du vivre ensemble, du développement durable et respectueux des droits de l’homme et des valeurs socio-culturelles ».
Portées par cette onction populaire et cette légitimité nationale, les Autorités de la Transition ont assumé un leadership courageux et responsable pour traduire la volonté de renouveau du Peuple, malgré les pressions, les obstacles et contraintes de tous genres imposés par la Cedeao, l’Uemoa, la France, l’Union européenne, l’Union africaine, la Minusma, le Conseil de sécurité des Nations-Unies,… à travers des relais intérieurs et extérieurs. Et quand, ces organisations et acteurs ont voulu passer leurs chevaux de Troie des Conférences des Chefs d’Etat de la Cedeao et de l’Uemoa pour nous asphyxier, le Peuple malien s’est mis « débout sur les remparts » pour les contrer, plus de quatre (4) millions de citoyens mobilisés comme un seul homme un certain vendredi 14 janvier 2022, désormais consacré « Journée de la Souveraineté retrouvée ».
Et dès lors, les Autorités de Transition se sont attelées, avec une volonté et une détermination inébranlables à la réalisation de toutes actions issues des résolutions exprimées lors des ANR, et ce, dans la suite logique de la mobilisation patriotique et de la synergie populaire entamées en mai-juin 2020.
Et, au long court, les actions les plus difficiles, les plus improbables voire inimaginables ont pu être réalisées, adoubées et accompagnées par la Population malienne qui s’y reconnaît en tous points de vue.
Ainsi, le Gouvernement de Transition conduit par le Premier ministre Dr Choguel Kokalla MAIGA, avec l’ensemble des Institutions et Organes de la Transition, sous le leadership du Président de la Transition Général d’Armée Assimi GOÏTA, s’est attelé à la réalisation méthodique, déterminée et progressive de cette vision, qui constitue le deuxième paramètre fondamental de la Refondation.
*II. Mise en œuvre cohérente des réformes globales à travers des stratégies et politiques publiques :*
Dans un environnement caractérisé par la multiplicité des priorités nationales (défense, sécurité, paix, alimentation, éducation, santé, énergie, réformes politiques et administratives, infrastructures, emplois, mines, diplomatie, etc.), l’engagement gouvernemental de mettre en œuvre les recommandations des ANR a été traduit en action à travers l’adoption du Cadre Stratégique de la Refondation de l’Etat (CSRE 2022-2031) et ses Plans d’Actions suivant le Décret N°2022-0453/PT-RM du 10 août 2022, assurant ainsi le caractère exécutoire des recommandations faites par les ANR.
L’objectif général du CSRE vise à assurer un véritable processus de refondation du Mali à travers la mise en œuvre des recommandations des Assises Nationales de la Refondation, à travers cinq (5) axes stratégiques, qui sont :
Axe stratégique n°1 : Gouvernance, Réformes politiques et institutionnelles ;
Axe stratégique n°2 : Défense, Sécurité, Paix, Réconciliation et Cohésion sociale ;
Axe stratégique n°3 : Croissance économique et Développement durable ;
Axe stratégique n°4 : Capital humain, Genre et inclusion sociale ;
Axe stratégique n°5 : Jeunesse, Sport, Culture, Artisanat, Tourisme et Construction citoyenne.
Le Cadre Stratégique de la Refondation de l’Etat est mis en œuvre, sur les cinq (5) premières années, à travers : le Plan d’Actions de la Refondation de l’Etat (PARE 2022-2026), qui regroupe les 517 recommandations sous forme d’actions ; le Plan d’Actions Prioritaires du Gouvernement de Transition (PAPGT 2022-2024), qui compte 55 actions et le Plan d’Actions Prioritaires Complémentaires du Gouvernement de Transition (PAPCGT 2022-2024), qui compte 153 actions.
Les paramètres du changement pour la Refondation du Mali sont tangibles et visibles à tous les niveaux, à travers la réalisation des activités du Plan d’Actions du CSRE 2022-2031, notamment :
Axe stratégique n°1 : Gouvernance, Réformes politiques et institutionnelles
la Refondation institutionnelle et politique, avec le passage à la 4ème République avec une nouvelle Constitution endogène, le tout fondé sur les principes constitutionnels qui gouvernent l’action publique (respect de la souveraineté, respect des choix stratégiques et de partenariats, et défense des intérêts supérieurs du Peuple) ; la valorisation des légitimités traditionnelles, des langues nationales, des forces armées et de l’Administration d’Etat ;
la Refondation du système électoral, avec la création de l’Autorité indépendante de gestion des Elections (AIGE) avec un système endogène de fichier électoral biométrique ;
la Refondation de la réorganisation administrative avec l’opérationnalisation des nouvelles régions et l’adoption de la nouvelle carte administrative du Mali ;
Axe stratégique n°2 : Défense, Sécurité, Paix, Réconciliation et Cohésion sociale
la Refondation du système de défense et de sécurité pour notre dignité et notre honneur, avec la restauration de notre système de défense et de sécurité et la reconquête de l’intégrité territoriale : matériels et équipements aéroterrestres modernes (blindés, avions de chasse, drones, radars, …), recrutements, formations, militarisation de la police et de la protection civile, recuperation des emprises Minusma, reconquête de Kidal, Aguel-Hoc, Tessalit, Tinzawaten, In-Afarak,… des sanctuaires narco-terroristes inaccessibles depuis 2012 ; Nous venons de loin !
la Refondation de notre souveraineté et de l’affirmation de la diplomatie malienne, la rupture de tous les liens politiques et militaires portant atteinte à notre indépendance : dénonciation du statut de porte-plûme et des Accords de défense (quelque chose impensable et impossible il y a quelque temps et devenu effet de mode aujourd’hui dans les anciennes colonies françaises), départ Minusma, Barkhane, Takuba, Eutm, Eucap-Sahel, G5-Sahel et Force conjointe, Médiation-Cedeao, Représentant de la Cedeao, puis Cedeao, Ambassadeur de France, Rfi, France 24, TV5, etc. N’oublions pas !
la Refondation de la paix et de la réconciliation nationale avec la fin de l’Accord issu du processus d’Alger (APR) et la réappropriation souveraine du processus du Dialogue inter-Malien pour la Paix et de Réconciliation nationale, la fin de l’Accord issu du processus d’Alger, avec son cortège d’accords et de pactes précédents: l’Accord de Tamanrasset de 1991, le Pacte national de 1992, les Accords d’Alger de 2006-2007, etc. Nous venons de très loin !
Axe stratégique n°3 : Croissance économique et Développement durable
la Refondation de la Vision endogène de l’Etat et de la Gouvernance, avec la tenue des ANR et la mise en œuvre subséquente du Plan d’actions du CSRE 2022-2031, fondée sur la responsabilité et le devoir de redevabilité des Autorités au Peuple à travers le mécanisme indépendant de suivi-évaluation (CINSERE-ANR) ;
la Refondation de la justice pénale et de la lutte contre la corruption et l’impunité (réformes judiciaires, renforcement des ressources humaines de la justice, élaboration d’une Stratégie nationale de lutte contre la corruption) ;
la Refondation de la politique économique nationale à travers la réappropriation des richesses nationales (Code minier et Contenu local, Comatex, N-Sukala, UMPP, Chemins de fer, Usines de filature, production record de coton, etc.) ;
la Refondation de la production et de la consommation des produits nationaux : commande publique, Malikura finii,…
Axe stratégique n°4 : Capital humain, Genre et inclusion sociale
la Refondation du Capital humain à travers la moralisation des examens scolaires et des concours de la Fonction publique ; l’implémentation de l’éducation aux valeurs dans les programmes et cursus d’enseignement (PNEV – Programme National d’Education aux Valeurs) ;
la Refondation du système biométrique de l’état civil (Mali Kura Biométrie) et le Projet SIGRH (Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines) pour maîtriser des effectifs et de la masse salariale des agents de la Fonction publique de l’Etat et des collectivités territoriales ;
la Refondation du dialogue social à travers la signature et la mise œuvre du Pacte de stabilité sociale et de croissance ;
Axe stratégique n°5 : Jeunesse, Sport, Culture, Artisanat, Tourisme et Construction citoyenne
la Refondation de la citoyenneté basée sur le Service National des Jeunes (nouveaux fonctionnaires et Jeunes), la revalorisation du statut des autorités et légitimités traditionnelles, l’officialisation des langues nationales ;
La Refondation des Symboliques de l’Etat à travers l’appropriation et le respect des Symboles et des autres signes distinctifs (Drapeau national, Devise nationale, Hymne national, Armoiries, Sceaux, etc.) ;
la Refondation de l’esprit du Malidenkura (Nouveau citoyen malien) avec une vision endogène, sans complexe, sans influence, qui a confiance en la gouvernance, qui a confiance en soi et qui a foi en l’Avenir du Mali.
Aujourd’hui, le Mali et les Maliens sont célébrés et respectés, les réalités maliennes sont devenues des références africaines voire mondiales : qui ignore aujourd’hui le nom «MALI», qui ne connaît pas «Assimi GOÏTA», «Choguel Kokalla MAÏGA», qui n’a pas entendu parler de «M5-RFP (M-Five)», «Refondation», «Assises Nationales de la Refondation (ANR)», «Abandon en plein vol», «Sans délai», «Je répète», mais aussi de… «l’AES».
Oui, le Mali inspire, les Peuples africains apprécient et se donnent la main : l’Alliance des Etats du Sahel est née, avec la mise en commun des politiques de Défense, de Diplomatie et de Développement au sein de la Confédération des Etats du Sahel, créée le 6 juillet 2024 entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. L’intégration africaine qui piétine depuis les années d’indépendance, peut aussi espérer par là sa Refondation, en s’en inspirant.
*III. Mécanisme de suivi-évaluation interne et externe efficient :*
Lorsque le caractère exécutoire des recommandations et résolutions issues des ANR a été énoncé, beaucoup de doutes ont été émis sur la possibilité de les appliquer aujourd’hui en d’en assurer la pérennité sur le moyen et le long termes. Cependant, tout est question de vision, de méthode, de courage et de volonté politiques, autant au niveau des tenants du pouvoir et autres sociopolitiques, que des simples citoyens, qui, il faut le rappeler, ont pris part à toutes les étapes de formulation des recommandations et définition de la vision nouvelle.
Pour assurer la concrétisation des actions issues des recommandations, le Gouvernement a institué un cadre institutionnel de pilotage du Cadre Stratégique de la Refondation de l’État, par le Décret N°2022-0516/PM-RM du 1er septembre 2022. Il est constitué du Conseil d’Orientation de la Refondation de l’État (CORE), du Comité de Pilotage stratégique de la Refondation de l’État (CPSRE) et des Comités Techniques de Coordination du Plan d’Actions de la Refondation de l’État (CTC-PARE) dotés de Points focaux, avec un mécanisme de suivi-évaluation interne du Gouvernement.
Un Comité de suivi des Plans d’Actions de la Refondation de l’État est chargé de collecter, de traiter et d’analyser les données sur la mise en œuvre des plans d’actions de la Refondation de l’État et d’élaborer les rapports de suivi à soumettre au CPSRE et au CORE.
Le mécanisme de suivi-évaluation interne du Gouvernement est organisé autour des revues périodiques de la mise en œuvre des plans d’actions du CSRE, de l’évaluation à mi-parcours, au terme des cinq (5) premières années de mise en œuvre, et de l’évaluation finale, à la fin de la dixième année.
Un des paramètres essentiels de garantie du suivi de la mise en œuvre des actions du CSRE est l’institution du Comité Indépendant de Suivi-évaluation de la Mise en œuvre des Recommandations des Assises Nationales de la Refondation (CINSERE-ANR), dispositif indépendant de suivi-évaluation créé par Décret N°2022-0242/PT-RM du 20 avril 2022.
D’ailleurs, conformément à ses missions, le CINSERE-ANR produit chaque année un rapport d’avancement et un rapport annuel sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations des ANR : d’abord en 2023 sur la première année de démarrage 2022 et de mise en œuvre du CSRE, puis en 2024 sur l’année 2023.
Dans le dernier rapport annuel 2023, les statistiques sur la mise en œuvre des recommandations des ANR contenues dans le CSRE, sont parlantes :
Actions prioritaires : Sur les 55 actions, 19 sont réalisées, soit 34,55%, 36 sont en cours de réalisation, soit 65,45%.
Actions prioritaires complémentaires : Sur les 153 actions ,14 sont réalisées, soit 9,15%, 114 sont en cours de réalisation, soit 74,51%, tandis que 25 n’ont pas encore commencé, soit 16,34%.
Il est important de souligner que cette catégorie de recommandations pour laquelle il est demandé au Gouvernement de la Transition au moins d’entamer la mise en œuvre des recommandations inscrites sont au nombre de 128 qui répondent à ce statut (14 réalisées et 114 en cours de réalisation), soit 83,66% du total.
Actions non prioritaires : En ce qui concerne les 309 actions non prioritaires pour la période de la Transition, 18 sont réalisées, soit 5,83% au 31 octobre 2023. Il est à noter que 112 actions sont en cours de réalisation, soit 36,25%.
Ces mécanismes de mise en œuvre et de suivi-évaluation visent à garantir une mise en œuvre efficace du Plan d’actions du CSRE à travers ces organes assurant la coordination, le suivi et l’évaluation des actions, et témoignent de l’engagement de transparence et de redevabilité des Autorités de Transition et de tous les autres acteurs, toute chose dans laquelle se reconnait un nouvel esprit de citoyenneté patriotique et engagée.
*IV. Esprit de citoyenneté patriotique et engagée :*
Le plus difficile dans le processus de Refondation, c’est le changement de mentalité et de comportement du citoyen, qu’il soit dirigeant institutionnel, responsable administratif, fonctionnaires, éléments de forces défense et de sécurité, usager, légitimité traditionnelle, opérateur économique, jeune, femme, parent, élève, étudiant, citadin, rural, etc. Si la Refondation de la Citoyenneté réussit, tout le reste le sera à coup sûr ; à défaut, pas de Refondation.
Dans le but de poser les jalons du Mali nouveau, il est devenu impérieux de construire le citoyen malien de type nouveau, le Malidenkura, pour donner corps au nouveau système étatique à bâtir, le Malikura. Ainsi, les Autorités de la Transition, soucieuses de réussir la mutation sociale vers l’avènement du Malikura, ont initié un Programme National d’Education aux Valeurs (PNEV) tenant compte « de la vision de la refondation centrée sur l’émergence d’un citoyen de type nouveau, respectueux de l’autorité, de l’ordre et du mérite ».
L’éducation aux valeurs consiste à former et armer le citoyen, en lui faisant acquérir une culture morale et civique pouvant lui permettre de participer efficacement à la vie sociale et économique, et de s’assumer pleinement face à ses devoirs, dans un monde en mutation. Il s’agit surtout d’élever les enfants et les adolescents à l’humanité, et en faire un nouveau modèle de citoyen, bien informé et formé, conscient des devoirs réciproques, plus respectueux de ses obligations, pétri des valeurs de civisme, de civilité́, d’intégrité, de réflexe de préservation du bien public et de redevabilité.
Le Malien de type nouveau se distinguera par sa distanciation nette des mauvaises habitudes du passé, des comportements d’ignorance et des pratiques de prédation qui ont gangrené la vie publique, entraînant des dérives comportementales graves, le dévoiement des institutions et la crise aiguë, multidimensionnelle. Mais, nous savons tous que les mauvaises habitudes et les pratiques rétrogrades sont difficiles à vaincre, et tout le challenge se situe à ce niveau.
Il faudrait donc étouffer toutes propensions à la dérive, sanctionner les réflexes et les actes de récidive, comme il se doit, afin de provoquer le changement de comportement et de mentalité, à travers une gouvernance à la fois souple et rigoureuse.
De ce fait, il est impératif de revoir notre système éducatif dans sa globalité, au-delà de l’école classique, de l’enseignement et de ses contours, dans nos diverses et riches langues nationales, à la recherche d’un équilibre social vital, où chacun compte, pour créer plus d’harmonie dans la société.
En cela, le Programme National d’Education aux Valeurs remplira sa vocation de « Socle de la Refondation de la citoyenneté » dans le Malikura.
*Conclusion*
En réponse à la crise multidimensionnelle menaçant l’existence du Mali en tant qu’Etat, République et Nation, la Transition politique en cours est la résultante d’une lutte implacable du Peuple malien engagé en 2020 pour le sursaut national tel que formulé sur les places fortes au Mali et à l’extérieur. Les Forces sociopolitiques ont convenu d’opérer la reprise en main de notre destin et d’entreprendre les réformes globales nécessaires, donc la Refondation de l’Etat.
Toutes sortes de forces étrangères avaient été déployées sans résultat, et les Maliens ont assisté, impuissants et désabusés, à la dégradation de la situation face au terrorisme. Et, paradoxalement lesdites forces étrangères et leurs sponsors posaient des obstacles aux Autorités et au Peuple maliens qui ont emprunté la voie du changement de paradigmes.
Sauf que le Peuple malien est suffisamment convaincu du choix ainsi opéré, et est prêt à braver toutes sortes de difficultés, d’obstacles et de pressions pour l’aboutissement de sa vision ardente de Refondation et de renouveau. Les suspensions, embargos sur les produits de première nécessité, fermetures de frontières, interdictions de voyage et des gels d’avoirs, n’y feront rien, tant que les Autorités de Transition tiennent à respecter et à mettre en œuvre les demandes et attentes des Maliens exprimées et confirmées dans ce sens.
Au demeurant, depuis notre avènement, le Ministère de la Refondation de l’État a élaboré ou a pris part à l’élaboration de différents documents, stratégies ou politiques de refondation, ainsi que de divers textes de réformes *(voir visuels en annexe, sans prétendre un bilan d’actions se poursuivant),* tels que :
– Le Rapport final de la Table-ronde sur les Termes de référence des Assises Nationales de la Refondation (ANR) et de l’Organe Unique de Gestion des Elections (OUGE), tenue les 2’, 25 et 26 septembre 2021 ;
– Le Rapport final des Assises Nationales de la Refondation (ANR) tenues du 11 au 30 décembre 2021 ;
– Le document de Cadre Stratégique de Refondation de l’Etat (CSRE 2022-2031), et la coordination du mécanisme de pilotage du processus de mise en œuvre dudit CSRE ;
– La relecture de la Loi électorale et la création de l’Autorité indépendante de de Gestion des Elections (AIGE) ;
– Les Rapport annuel 2022 et 2023 du Comité Indépendant de Suivi-évaluation de la Mise en œuvre des Recommandations des Assises Nationales de la Refondation (CINSERE-ANR) ;
– Le Rapport 2023 et 2024 de la célébration des éditions de la Journée de la Souveraineté retrouvée ;
– L’élaboration et la vulgarisation de la nouvelle Constitution, promulguée le 22 juillet 2023 ;
– Le Programme national d’Éducation aux Valeurs (PNEV) ;
– La Stratégie nationale de lutte contre la Corruption et son plan d’actions 2023-2027 :
– L’étude sur l’élaboration d’une stratégie nationale garantissant la dépolitisation de l’Administration ;
– L’étude sur l’élaboration d’une stratégie de rationalisation des services publics et des institutions de l’État ;
– La réalisation en cours du Système intégré de Gestion des Ressources humaines (SIGRH) de l’Etat et des Collectivités territoriales ;
– Le projet de document de Stratégie nationale de Dématérialisation des Actes et Procédures des Services publics ;
– L’élaboration des projets de textes relatifs aux Bureaux régionaux des Ressources humaines ;
– La relecture de la Loi instituant le Vérificateur Général adoptée suivant Loi n°2021-069 du 23 décembre 2021 ;
– La coordination et le suivi des Relations entre les Institutions et Organes pour Pouvoir exécutif de la Transition et les autres Institutions de la République et les Autorités administratives indépendantes, etc.
Au regard de ce qui précède, l’espoir est plus que permis, la réalisation progressive des actions de Refondation est possible, et chaque acteur doit y jouer sa partition, pour que brique par brique, pan par pan, l’édifice Malikura prenne corps.
Oui, le Mali était tombé par la faute de ses Dirigeants politiques, mais qui avaient à leurs côtés des Militaires, des Elus, des Fonctionnaires, des Magistrats, des Enseignants, des Opérateurs économiques, des Syndicalistes, des Légitimités traditionnelles, des Leaders religieux, des Acteurs de la société civile, des Femmes, des Jeunes, des Ruraux, des Artistes, des Acteurs de la presse et des médias,… Il y en a qui ont fauté par action, et d’autres par inaction ! Le mal est fait, et les mêmes Acteurs, toutes couches et catégories socioprofessionnelles confondues, doivent se donner la main pour relever et faire marcher le Mali dans la tête de peloton des Nations fortes.
En définitive, les Maliens tiennent à l’idéal d’un Mali du renouveau, d’un Mali Refondé, et rien ne leur en détournera. Et mieux, le Peuple a cultivé une telle résistance et une telle résilience, au point qu’il a pu supporter les conséquences pernicieuses d’une insécurité rampante, d’une malgouvernance, d’une récession économique, d’un cycle de délestage électrique persistant, de l’arrêt de certaines activités économiques, des pertes d’emplois et du chômage, des défaillances des systèmes judiciaire, sanitaire, éducatif ou infrastructurel, etc. La Population a compris que le redressement de cette situation résultant d’une mauvaise gouvernance sur plus de trente ans, ne se fera pas en un jour, mais progressivement.
Et pour ces raisons, le Peuple malien sera debout et vigilant pour maintenir la vision et le cap vers la Refondation véritable et empêcher tout changement de voie auquel il n’adhérerait pas.
Qu’Allah nous Inspire le meilleur pour notre Nation ! La lutte continue pour un Mali Debout et Digne ! =//=
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