Comme à l’accoutumée, le Haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) Pierre Buyoya, était face à la presse, le mardi 12 avril, dans les locaux de sa Mission à l’ACI 2000 pour brosser l’évolution de la situation politique et sécuritaire au Mali et au Sahel.
Selon lui, la situation politique est dominée par la mise en application de l’accord issu du processus d’Alger. Six mois après la signature de cet accord, des évolutions fort appréciables ont été constatées. Mais force est de constater aussi que la mise en application de cet accord a subi de la lenteur. Il est constaté des avancées réelles surtout avec la création des conditions propices dans la mise en application de l’accord où les parties signataires se sont rapprochées.
S’y ajoutent le vote de la loi portant sur la mise en place des autorités intérimaires, la nomination d’un gouverneur à Taoudéni et à Ménaka qui sont devenus des régions, la construction des sites de cantonnement, la création des commissions d’intégration. Mais il faut surtout opérationnaliser la mise en place des autorités intérimaires, de plaider le conférencier. S’agissant de la situation au Sahel, elle a été inquiétante mais s’avère globalement encourageante, a laissé entendre le Chef de la MISAHEL.
Au plan sécuritaire, le constat est là ; mais amer. Malgré les immenses espoirs suscités sur ce plan par le rapprochement et la cessation des hostilités entre les mouvements signataires de l’accord, notamment entre Plateforme et la Coordination des Mouvements de l’Azawad, de graves menaces se sont accrues au Mali. La date du 20 novembre 2015 restera pour les habitants de Bamako une date inoubliable avec l’attaque de l’Hôtel Radisson Blu. Elle a fait 21 morts y compris les 2 terroristes qui ont été neutralisés. Le 21 mars 2016, les terroristes ont récidivé en attaquant l’Hôtel Nord-Sud. Il faut aussi noter que le Front de libération du Macina, Ançar Dine et Al Qaïda au Maghreb islamique ont intensifié leurs attaques et campagnes d’intimidation contre les installations et les convois de la Minusma, contre les symboles de l’Etat et les FAMA, à en croire toujours Pierre Buyoya.
Il a, par ailleurs, ajouté que, au mois de novembre 2016, une mission d’évaluation a séjourné dans notre pays pour mieux accompagner les résultats. Une autre mission concernant le renforcement de la lutte anti-terroriste est présente au Mali. La MISAHEL a suivi et est en train de suivre les efforts qu’on fournit au niveau de la sécurité, a-t-il confié.
Au niveau du Sahel, l’UA, à travers la MISAHEL, a assisté à une série d’élections au Burkina Faso, au Niger. Dans ce dernier pays, les élections ont été marquées par des contestations. La MISAHEL a pu maitriser la situation dans ces différents pays. Elle a joué aussi un rôle prépondérant dans les conflits en Libye, où actuellement, la situation est en train d’évoluer. Quant au Tchad, les élections se sont déroulées dans le calme avec l’accompagnement de l’UA à travers la MISAHEL. S’agissant aussi du Nigeria, des efforts ont été fournis pour acculer Boko Haram.
Malgré tous les efforts déployés, des défis restent à relever au niveau de l’éducation et de la santé.
Concernant l’éducation, beaucoup d’élèves ne bénéficient pas encore des cours ; la pléthore est constatée aussi dans certaines classes ; le déficit d’enseignants se pose avec acuité.
Quant à la santé, beaucoup n’ont pas accès aux soins. MISAHEL a initié dans la région de Gao un projet de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes. MISAHEL détient aussi à son actif deux actions majeures ; à savoir la coordination des stratégies au Sahel avec les Nations Unies. Elle suit également des questions de développement dans le cadre de la mise en application de l’accord.
La MISAHEL encourage le Gouvernement du Mali dans la poursuite de mesures concrètes de lutte contre la pauvreté en vue de créer des emplois pour les jeunes et conduire à la baisse des prix des produits alimentaires dans un environnement sécurisé, a expliqué le Chef de la MISAHEL. Elle demande également au Gouvernement du Mali de prioriser la question de sécurité.
Adama Bamba
Source: Le 22 Septembre 14/04/2016